Je suis une éminente figure dans mon domaine, et il m'appartient seule de prodiguer ce type de soins. Il n'y a nulle présomption dans cette affirmation, car j’ai pleinement conscience que mon savoir-faire, d’une rare singularité, apportera un bien-être inestimable à nombre de personnes. Le fait que mon projet soit jeune est l'unique raison pour laquelle je ne suis pas encore une célébrité. Comme si elle allait se démonter parce que cet illustre male voulait la remettre à sa place.
Avec hauteur, elle affichait elle aussi une assurance indéfectible. Les échecs la tourmentaient profondément, et c'est pourquoi elle était déterminée à démontrer au sénateur l'excellence de sa maîtrise. Azalea se concentrait sur son objectif : satisfaire Monsieur, qui n'avait pas encore été présenté. Bien que le moindre détail puisse l’irriter, elle attribua son agacement à la pression récente qu’il subissait. Aurait-elle réagi ainsi en dehors du cadre professionnel ? Peu probable. Elle ne se laisserait pas distraire par son comportement marqué ; sa confiance demeurerait inébranlable.

Elle avait fait face à ce genre d'attitude un milliers de fois. Il ne lui manquait pas encore de respect. Il voulait juste montrer qu'il avait raison. Soit. Elle lui laisserait ce plaisir si ça détendait les rides du lion de monsieur.  Sa tristesse sur ce qu'il lui restait de matériel était feinte, mais elle n'en tenait à rigueur. Azalea esquissa un sourire en coin avant de commencer à fouiller dans son matériel.

Des arcs marquaient sa peau, place où aurait dû se trouver des ailes. Les tatouages étaient nombreux, avaient-ils des significations singulières pour le scenateur ? Voir une telle figure de si près n'avait rien d'anodin et elle connaissait sa chance.

Comme vous le souhaitez. Je vous garantis que vous saurez rapidement distinguer la vérité, car mon travail parlera de lui-même. Vous jugerez par les résultats si ce sont bien des mains divines que vous avez sollicitées. Après ces mots délicatement posés, Azalea ne parla que pour solliciter le confort de son patient.

Ses doigts se posèrent délicatement à la base du cou du sénateur, traçant des cercles précis tout en appliquant une pression calculée sur les points douloureux. Elle commença par explorer les muscles tendus du cou, remontant puis redescendant lentement, laissant derrière elle un sillon rosé sur cette peau à la fois marquée par le temps et dotée d’une certaine élégance. À travers la chair fatiguée, elle percevait la charge mentale pesant sur lui, chaque tension révélant des années d'efforts et de stress accumulés. L’huile parfumée emplissait l’espace d’une odeur envoûtante, facilitant le glissement de ses doigts, qui, à certains moments, semblaient scintiller lorsqu’elle rencontrait un nœud de tension.

Sa magie de soin agissait subtilement, enveloppant les muscles noués sans provoquer la moindre douleur. Elle dénouait chaque blocage en profondeur, relâchant la pression de façon méthodique. Le sénateur portait en lui une densité de tensions si alarmante que son corps paraissait presque pétrifié. Bien qu’elle ne fût encore qu’au niveau de son cou, elle savait que d’autres zones nécessiteraient autant de soin, notamment sa colonne vertébrale, bloquée par des années de postures inconfortables.

Descendant doucement vers les épaules et les omoplates, elle changea de technique, utilisant ses coudes et ses poings pour appliquer une pression plus intense sur les muscles sous-jacents. Ses mouvements formaient de larges arcs, alternant entre des appuis profonds et des caresses plus légères, laissant sa magie se diffuser avec précision là où le corps en avait le plus besoin. Chaque nœud musculaire, chaque fibre contractée témoignait d’un homme trop souvent figé, sans doute assis des heures, penché sur des documents ou absorbé par de longs discours, immobilisant son dos et bloquant la libre circulation de ses énergies vitales.

Le sénateur, à bout de souffle, commençait à se relâcher. Ses politiciens autour de Soren Goldheart, autrefois attentifs, n’existaient plus dans son champ de conscience. Elle était entièrement absorbée par sa tâche, ses prunelles orangées rivées sur son œuvre. Elle se savait observée par un monde exigeant, celui de la haute sphère d’où elle venait, mais cela ne faisait que renforcer sa détermination à prouver l’étendue de son talent.

Le souffle plus calme du sénateur lui indiqua qu’il s'était assoupi, emporté par le soulagement progressif que ses mains divines apportaient à son corps meurtri. Sans un mot, elle poursuivit son travail, ses mains descendirent plus bas, explorant d'autres parties de son dos, déterminée à défaire chaque entrave à son bien-être.

Alors qu'elle continuait son œuvre, ses mains glissant avec maîtrise le long de la colonne vertébrale du sénateur, elle ressentait chaque tension se libérer sous ses doigts. Ses coudes exerçaient une pression ferme mais mesurée, dénouant les muscles contractés par des années de postures rigides et de stress accumulé. Le corps endormi du sénateur se relâchait peu à peu sous l’influence conjuguée de ses mains expertes et de la magie curative qui s’insinuait dans chaque fibre.

Azalea descendit vers le bas de son dos, là où elle percevait des blocages particulièrement tenaces. Son poing enserra un point de tension juste au-dessus des hanches, et elle fit pression doucement mais fermement, sentant la résistance céder sous la vague d’apaisement. Un souffle presque imperceptible échappa du sénateur, signe que son corps répondait, même dans l'inconscience, au soulagement que lui procurait ce soin.
Une heure longue s'écoula, alors qu'elle effectuait un dernier passage dans le sens inverse pour vérifier que toutes les tensions étaient déliés. La magie créait des courants électriques légers, venant courir sur le corps comme pour donner une dernière décharge de rappel, aspirant ce qu'il restait de noeud. Evidemment, elle était parfaitement consciente que le travail à faire sur Soren serait plus complexe. On ne retirait pas des noeuds aussi ancien en deux heures. D'un murmure doux et délicat, elle vint souffler à ses oreilles :

Très cher, votre massage est terminé. Réveillez vous Mr Goldheart..
Cette voix profonde était d'une grande sensualité. La belle était une autre personne lorsqu'il s'agissait d'exercer son métier. Elle aurait tellement aimé avoir accès à ses appartements, que tout ne se soit pas effondré sur un chateau de carte. Le lieu qu'elle avait créé amenait une deuxième dimension... Alors qu'elle venait faire courir un dernier courant électrique orangé innocent sur son dos, la piqûre allait peut être réveiller le politicien... Qu'allait-il en penser ?

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