Invité
Invité
Pour les servantes d’Acalypha, la journée s’étirait sans fin. Elles se hâtaient, se croisant dans une danse frénétique après chaque convocation dans son vaste manoir de Lyberty. L’heure venait de préparer son bain luxueux, suivie d’interminables séances pour démêler, parfumer sa chevelure argentée, qui cascadait telle une rivière étincelante. Et comme si leur labeur ne suffisait pas, elles étaient contraintes de l’accompagner dans ses déambulations, veillant à ce que cette toison ne frôle jamais le sol. Elle aurait pu choisir de les orner de bijoux délicats, munis de petites ailes capables de retenir cette masse soyeuse. Cependant, elle préférait de loin cette tradition, obligeant ses servantes à porter cette charge, une manière d’affirmer son statut, imposant sa présence majestueuse à chaque interlocuteur.
Ce rituel s’est réitéré quatre fois au cours de la journée. Qui donc aurait l’usage de se plonger dans quatre bains quotidiens ? Pour Acalypha, le contact rapproché avec les humains équivalait à une souillure. Ainsi pensait-elle, cette noble elfe au faste inégalé, persuadée que seule l’eau pure pouvait laver l’entache de leur existence.
Naturellement, lorsqu’ils se présentaient devant elle, elle endossait son rôle avec brio : celui d’une femme engagée pour la paix entre les peuples, fervente promotrice de l’amour et de l’amitié. Acalypha savait se montrer généreuse, éloquente, captivante. À chaque visite, les convives, qui franchissaient le seuil de sa demeure, étaient accueillis avec une chaleur exceptionnelle. Jamais ils ne repartaient les mains vides, toujours gratifiés d’un présent de sa part, témoignage de sa magnanimité.
À l’approche du crépuscule, une ultime rencontre se profilait, celle avec Athénaïs de Noirvitrail. Loin d’être une commerçante quelconque ou une autre noble de la République, elle incarnait la commandante de la huitième division militaire, mais surtout une héroïne médaillée à maintes reprises. Sa stature imposait un intérêt stratégique pour Acalypha : tisser des liens d’amitié avec elle n’était pas seulement souhaitable, mais s’inscrivait dans une démarche de calcul et de diplomatie, où l’hypocrisie se mêlait à la nécessité.
dès lors, Acalypha ordonna, avec l’autorité qu’elle affectionnait, la préparation d’un festin exceptionnel. Les mets les plus raffinés, accompagnés de vins au bouquet préservé, devaient être servis. Chaque détail de la demeure se trouvait enjoint, chaque élément minutieusement placé.
Acalypha se devait de personnifier la perfection. Ainsi, elle se draperait dans l’ultime chef-d’œuvre de la mode, une robe sculptée exclusivement pour cet événement. Cette parure, véritable trésor de la filature récente, avait été façonnée pour exalter son allure. Faite d’un cortège comparable à un voile d’étoiles, elle épousait ses formes avec grâce. Lorsqu’elle se mouvait, le tissu ondoyait telle une cascade, déployant autour d’elle une mélodie fluide et apaisante, semblable au murmure d’une rivière, elle enveloppait l’espace d’une harmonie délicate.
Avec une douceur empreinte d’un accent suave, typique de Melorn, la plus jeune des servantes s’approcha pour informer sa maîtresse de l’arrivée imminente de son invitée, elle assurait par la même occasion que tout était prêt pour lui offrir un accueil digne de ce nom.
« Introduisez-la, » commanda Acalypha, sa voix tissait l’air d’une autorité veloutée. « Et, pour mon prochain bain, écartez le savon de groseille et lilas… Son parfum m’importune. »
Son ordre se répandit avec élégance, marquant l’instant de son attente raffinée. La demeure s’éveilla, s’activant pour orchestrer la réception et les préparatifs avec la minutie d’une chorégraphie parfaitement réglée.
Ce rituel s’est réitéré quatre fois au cours de la journée. Qui donc aurait l’usage de se plonger dans quatre bains quotidiens ? Pour Acalypha, le contact rapproché avec les humains équivalait à une souillure. Ainsi pensait-elle, cette noble elfe au faste inégalé, persuadée que seule l’eau pure pouvait laver l’entache de leur existence.
Naturellement, lorsqu’ils se présentaient devant elle, elle endossait son rôle avec brio : celui d’une femme engagée pour la paix entre les peuples, fervente promotrice de l’amour et de l’amitié. Acalypha savait se montrer généreuse, éloquente, captivante. À chaque visite, les convives, qui franchissaient le seuil de sa demeure, étaient accueillis avec une chaleur exceptionnelle. Jamais ils ne repartaient les mains vides, toujours gratifiés d’un présent de sa part, témoignage de sa magnanimité.
À l’approche du crépuscule, une ultime rencontre se profilait, celle avec Athénaïs de Noirvitrail. Loin d’être une commerçante quelconque ou une autre noble de la République, elle incarnait la commandante de la huitième division militaire, mais surtout une héroïne médaillée à maintes reprises. Sa stature imposait un intérêt stratégique pour Acalypha : tisser des liens d’amitié avec elle n’était pas seulement souhaitable, mais s’inscrivait dans une démarche de calcul et de diplomatie, où l’hypocrisie se mêlait à la nécessité.
dès lors, Acalypha ordonna, avec l’autorité qu’elle affectionnait, la préparation d’un festin exceptionnel. Les mets les plus raffinés, accompagnés de vins au bouquet préservé, devaient être servis. Chaque détail de la demeure se trouvait enjoint, chaque élément minutieusement placé.
Acalypha se devait de personnifier la perfection. Ainsi, elle se draperait dans l’ultime chef-d’œuvre de la mode, une robe sculptée exclusivement pour cet événement. Cette parure, véritable trésor de la filature récente, avait été façonnée pour exalter son allure. Faite d’un cortège comparable à un voile d’étoiles, elle épousait ses formes avec grâce. Lorsqu’elle se mouvait, le tissu ondoyait telle une cascade, déployant autour d’elle une mélodie fluide et apaisante, semblable au murmure d’une rivière, elle enveloppait l’espace d’une harmonie délicate.
Avec une douceur empreinte d’un accent suave, typique de Melorn, la plus jeune des servantes s’approcha pour informer sa maîtresse de l’arrivée imminente de son invitée, elle assurait par la même occasion que tout était prêt pour lui offrir un accueil digne de ce nom.
« Introduisez-la, » commanda Acalypha, sa voix tissait l’air d’une autorité veloutée. « Et, pour mon prochain bain, écartez le savon de groseille et lilas… Son parfum m’importune. »
Son ordre se répandit avec élégance, marquant l’instant de son attente raffinée. La demeure s’éveilla, s’activant pour orchestrer la réception et les préparatifs avec la minutie d’une chorégraphie parfaitement réglée.
Citoyen de La République
Athénaïs de Noirvitrail
Messages : 240
crédits : 387
crédits : 387
Tissages croisés
Feat. Acalypha la Soyeuse
Mademoiselle Athénaïs de Noirvitrail, Lieutenante de la Huitième Légion et Façonneuse Assermentée de la République était de ces femmes à qui l’on demandait régulièrement l’impossible. Discuter avec les elfes en faisait partie. La différence de longévité entre la race humaine et le peuple elfique faisait qu’il était particulièrement difficile pour les humains d’obtenir quoi que ce soit des elfes de Melorn, tant ceux-ci disposaient du temps nécessaire pour mener leurs affaires. Là où des générations d’humains tentaient de bâtir des relations, un seul elfe pouvait disposer de la patience et de la hauteur de vue nécessaire pour se positionner sans aucune difficulté.
Mais cette hauteur de vue se couplait régulièrement à une attitude hautaine et à une incapacité à agir dans la vitesse et à prendre des initiatives. Les elfes ayant le temps, ils ne disposaient pas de l’empressement et de l’insatiable avidité des jeunes races. Là où un elfe pouvait cultiver pendant des siècles ses acquis, les humains, eux, recherchaient le frisson de l’immédiat. Il en résultait que la patience des elfes avait considérablement joué en leur défaveur. Incapables de tenir la dragée haute à des humains de plus en plus capables et avides, ils s’étaient retrouvés isolés et ne vivaient plus que de leur gloire passée.
Les elfes étaient devenus des êtres amers et capricieux. Et la présence de l’Empire du Reike à leurs portes n’avait rien fait pour améliorer leur humeur.
Exactement ce que la République escomptait utiliser … Mais les elfes se montraient très … capricieux dans leurs interactions avec les humains. Se faire inviter dans la demeure d’un aristocrate elfique était une rareté et nombreux étaient ceux qui se seraient jetés d’un pont pour avoir cet honneur tant il se disait que leurs réceptions étaient somptueuses et raffinées. Quelle ne fut donc pas la surprise de la Lieutenante de la Huitième Légion quand elle reçut cette invitation parfumée l’enjoignant à se rendre séance tenante dans le domaine de dame Acalypha Enid An Gleanna, l’ambassadrice de Melorn …
Acalypha la Soyeuse …
Athénaïs de Noirvitrail n’avait pas fait attendre son hôte, se présentant à la porte de son ambassade au crépuscule. La jeune femme portait les couleurs de sa Maison : le blanc, le bleu azur et l’or. Vêtue d’une tenue empruntant aussi bien aux traditions républicaines qu’à celles de sa famille, Athénaïs avait réussi à discipliner ses cheveux et à y attacher suffisamment de broches pour maintenir son épaisse tignasse tranquille. Arborant des bijoux dorés, la jeune femme se déplaçait avec grâce dans ses talons, le tissu bleu de sa robe frôlant à peine le sol tandis que son sac en tissu brodé d’or pendait à sa ceinture le long de sa cuisse. Il émanait d’elle une odeur de sable chaud et d’encens froid … la marque de fabrique de sa tisserande préférée.
La jeune femme ne tarda pas à être introduite auprès de l’ambassadrice. Tandis que la servante déclinait d’un ton monocorde ses titres, Athénaïs observait avec déférence l’ambassadrice. Celle-ci avait mis les petits plats dans les grands, cherchant à impressionner la lieutenante avec une tenue des plus splendides qui mettait en valeur ses formes elfiques. Tout semblait avoir été savamment orchestré, des parfums aux couleurs en passant par le son délicat d’une harpe placée hors du champ de vue d’Athénaïs. Il émanait de l’ambassadrice une aura de sublime.
La présentation faite, elle salua poliment l’ambassadrice en s’inclinant.
« Votre Excellence. Je vous remercie pour cette invitation. Celle-ci honore la République et ma Maison. Que puis-je faire pour vous être agréable ? »
CENDRESMais cette hauteur de vue se couplait régulièrement à une attitude hautaine et à une incapacité à agir dans la vitesse et à prendre des initiatives. Les elfes ayant le temps, ils ne disposaient pas de l’empressement et de l’insatiable avidité des jeunes races. Là où un elfe pouvait cultiver pendant des siècles ses acquis, les humains, eux, recherchaient le frisson de l’immédiat. Il en résultait que la patience des elfes avait considérablement joué en leur défaveur. Incapables de tenir la dragée haute à des humains de plus en plus capables et avides, ils s’étaient retrouvés isolés et ne vivaient plus que de leur gloire passée.
Les elfes étaient devenus des êtres amers et capricieux. Et la présence de l’Empire du Reike à leurs portes n’avait rien fait pour améliorer leur humeur.
Exactement ce que la République escomptait utiliser … Mais les elfes se montraient très … capricieux dans leurs interactions avec les humains. Se faire inviter dans la demeure d’un aristocrate elfique était une rareté et nombreux étaient ceux qui se seraient jetés d’un pont pour avoir cet honneur tant il se disait que leurs réceptions étaient somptueuses et raffinées. Quelle ne fut donc pas la surprise de la Lieutenante de la Huitième Légion quand elle reçut cette invitation parfumée l’enjoignant à se rendre séance tenante dans le domaine de dame Acalypha Enid An Gleanna, l’ambassadrice de Melorn …
Acalypha la Soyeuse …
Athénaïs de Noirvitrail n’avait pas fait attendre son hôte, se présentant à la porte de son ambassade au crépuscule. La jeune femme portait les couleurs de sa Maison : le blanc, le bleu azur et l’or. Vêtue d’une tenue empruntant aussi bien aux traditions républicaines qu’à celles de sa famille, Athénaïs avait réussi à discipliner ses cheveux et à y attacher suffisamment de broches pour maintenir son épaisse tignasse tranquille. Arborant des bijoux dorés, la jeune femme se déplaçait avec grâce dans ses talons, le tissu bleu de sa robe frôlant à peine le sol tandis que son sac en tissu brodé d’or pendait à sa ceinture le long de sa cuisse. Il émanait d’elle une odeur de sable chaud et d’encens froid … la marque de fabrique de sa tisserande préférée.
La jeune femme ne tarda pas à être introduite auprès de l’ambassadrice. Tandis que la servante déclinait d’un ton monocorde ses titres, Athénaïs observait avec déférence l’ambassadrice. Celle-ci avait mis les petits plats dans les grands, cherchant à impressionner la lieutenante avec une tenue des plus splendides qui mettait en valeur ses formes elfiques. Tout semblait avoir été savamment orchestré, des parfums aux couleurs en passant par le son délicat d’une harpe placée hors du champ de vue d’Athénaïs. Il émanait de l’ambassadrice une aura de sublime.
La présentation faite, elle salua poliment l’ambassadrice en s’inclinant.
« Votre Excellence. Je vous remercie pour cette invitation. Celle-ci honore la République et ma Maison. Que puis-je faire pour vous être agréable ? »
Invité
Invité
Tissage croisés En franchissant le seuil de l’ambassade, le monde d’origine s’évanouit, se dissolvant comme un sombre cauchemar dont on s’éveille en sursaut. Nous voilà arrachés à Liberty, propulsés à travers l’épopée des elfes, héritiers d’un raffinement ancestral. L’entrée d’Athénaïs dans ce sanctuaire fit éclore une symphonie délicate qui excitait l’aura mystique des lieux. Ici, quelques servantes, effleuraient les cordes de leurs harpes, tissaient des mélodies somptueuses, tandis que d’autres, en harmonie, élevaient leurs voix dans un elfique des premiers âges, il y résonnait un écho du temps glorieux de l’Empire. Pour l’oreille égarée, l’air n’était qu’une caresse apaisante, un baume préservant la pureté de l’âme et dissipait les soucis comme des ombres au lever du jour. Néanmoins, pour ceux dotés d’une sagesse profonde, nourris par une instruction savante, la chanson se transformait en un chant funèbre empreint de tristesse… Elle résonnait du déclin d’Azshary, entrelaçant dans ses harmonies la saga de son existence et capturait l’essence de sa beauté et de son aura inoubliables. Azshary, matriarche vénérée des hauts elfes, dont la perte avait creusé un abîme d’absence au sein de ses biens nés. Sur l’échine d’un vaste escalier, paré d’un tapis d’écarlate, Acalypha descendait, évoquant la fluidité d’une cascade lumineuse. Elle se révélait comme la quintessence d’une étoile nocturne, un joyau céleste voguant sous les voûtes éternelles. Sa robe, un fleuve de tissu, serpentait le long des marches, murmurant des secrets dans un chuchotis cristallin, vibrant d’allégresse. À sa suite, deux gardiennes de son aura, privilégiées parmi toutes, dédiaient leurs gestes à la vénération de sa chevelure abyssale, un voile d'halo et d’argent de quatre mètres, symbole de l’héritage traditionnel des An-Gleana. Ainsi, Acalypha laissait éclore sur ses lèvres un sourire, noué d’affection et de douceur, épanoui par l’acceptation d’Athénaïs de son invitation. Cette joie, un lumignon dans l’ombre des obligations d’Athénaïs au sein de la République, rayonnait. Enveloppée des couleurs de sa maison, la commandante baignait de l’essence même des Noirvitrail. Ces spectres du désert qui, en cet instant solennels, veillaient sur elle, drapant leurs espoirs sur les épaules d’une descendante digne des légendes et récits de leur reine. Cependant, dans ce tableau presque féérique, une dissonance surgit, troublant l’harmonie du chant des dames de compagnie. Le verbe du peuple résonna dans l’enceinte de la résidence. Les mains qui ornaient la chevelure d’Acalypha marquèrent un temps, esquissant une ombre de grimace, tandis qu’Acalypha, imperturbable, dirigeait un sourire. L’une des deux servantes, délaissant sa tâche au profit de sa comparse, s’approcha de l’ambassadrice qui, d’un geste empreint de la plus fine délicatesse, effleura son front. Instantanément, les yeux de la servante se révulsèrent, un frémissement désarticulé la parcourant, témoignant de l’emprise nouvelle sur son être. Guidée par la volonté d’Acalypha, elle se tourna vers l’invitée, lui répondant dans la langue commune. - Je vous en prie, un accueil aussi soigné n’aurait été négligé de votre part. prononça Acalypha par le truchement de son intermédiaire, elle, elle restait muette. Prenez conscience qu’en ce moment crépusculaire, votre invitation n’émane pas de vos fonctions officielles, mais vous est adressée comme à une âme dont les histoires s’entremêleraient avec les miennes. C’est également un moyen plus fluide, souvent plus fructueux, d’orienter la diplomatie vers des terrains plus féconds. Sans qu'une invitation verbale ne fût formulée, la servante possédée tendit la main à la femme, l'engageant à emboîter le pas à Acalypha dans l'itinéraire qu'elle lui promettait. Ensemble, elles franchirent les couloirs de l'ambassade, un lieu dont on pouvait s'émerveiller de voir comment Acalypha l'avait imprégné de son narcissisme, le transformant en un écrin qui reflétait sa propre splendeur. Partout, des peintures la représentaient, des statues à son effigie s'élevaient, et les armoiries des An-Gleanna ornaient les murs. Bien que d'autres érudits de Melorn auraient pu y trouver matière à critique, pour l'ambassadrice, vivre ainsi était un choix délibéré, une expression de sa personnalité au sein même de ce bastion officiel. - Trouvez-vous grâce à vos yeux dans cette décoration ? L'ambassadrice précédente affichait un goût pour le luxe et le raffinement, à mon sens, fort discutable... J'ai donc insufflé une touche personnelle à l'ensemble. La tapisserie, les rideaux, tout provient directement de mes ateliers de couture à Melorn, sans parler du mobilier... Pour tout dire, tout ce que vos yeux embrassent ici... Je me refuse à laisser s'évanouir le souvenir de notre magnifique cité. Elles avancèrent, flânant dans le corridor, jusqu'à ce que des baies vitrées s'ouvrent sur un panorama à couper le souffle : Liberty, avec ses habitations étincelantes. Là, haut dans le ciel, la Dame Blanche, entourée de ses filles, formait de merveilleuses constellations... Difficile de dire qui, d'Acalypha ou de ce spectacle céleste, brillait le plus. Elles parvinrent enfin dans un vaste salon, habituellement réservé à l'accueil des dignitaires de la république, désormais vide. Au centre trônait un canapé, flanqué de deux fauteuils, ainsi qu'une petite table élégamment dressée, sur laquelle reposaient, déjà disposés, des fruits dans un saladier et du vin. "Je vous en prie, installez-vous," déclara la servante, les yeux encore absents, tandis qu'elle invitait, par un geste empreint de respect, la commandante à prendre place. |
Citoyen de La République
Athénaïs de Noirvitrail
Messages : 240
crédits : 387
crédits : 387
Tissages croisés
Feat. Acalypha la Soyeuse
Le décorum … cette spécialité proprement elfique. A défaut d’innovation, c’était encore le domaine dans lequel pouvaient se complaire les elfes.
Il n’y avait pas à dire, Acalypha la Soyeuse savait se mettre en scène. Sa scénographie forçait le respect et pourtant, il ne s’agissait là que du paraître, de la poudre aux yeux, des chimères. Les sens d’Athénaïs étaient agréablement caressés, suffisamment pour lui décrocher un sourire, mais il ne fallait pas s’y tromper : il ne s’agissait de la part de l’elfe que d’une mise en scène, visant à impressionner son auditoire. Si Chrysabelle en aurait été ravie, Eulalie ou Théodora auraient très largement froncé les sourcils face à une telle débauche de moyens.
La commandante resta campée sur ses deux appuis, contemplant d’un air poli le spectacle auquel s’adonnait l’ambassadrice. Celle-ci se mit alors à parler par l’intermédiaire d’une de ses servantes. Ainsi, l’ambassadrice ne daignait pas faire usage de sa propre salive pour parler le commun républicain. Empruntant le corps d’une de ses servantes, elle s’assura que le corps de la jeune républicaine ne puisse la toucher : seule la servante servirait d’intermédiaire à ce simulacre de conversation.
Les entrailles d’Athénaïs se serrèrent. Tout, dans ce comportement, suintait le mépris le plus crasseux et le plus vil. Il ne fallait pas être grand clerc pour saisir le changement immédiat d’ambiance et la perversité de l’affaire. Était-ce donc Cela que Melorn envoyait à la République pour améliorer leurs relations ? Même le Porte-Parole Qrupp, tout rusé qu’il était, était un bien meilleur hôte ! La chose fut entendue alors que l’invitée et son hôte traversaient les grandes galeries de l’ambassade, toutes parées de sculptures et de tableaux à la gloire de la Soyeuse. Certaines reproductions étaient tellement fidèles qu’Athénaïs se demandait si l’une d’entre elle n’allait pas se mettre à bouger.
Tant de narcissisme condensé dans un seul et même endroit faisait froid dans le dos. Il fallait un ego surdimensionné pour pouvoir supporter sa propre image affichée sur tous les murs de sa demeure. La jeune femme repensa instinctivement aux enseignements du Shierak. Un tel narcissisme éloignait de la sérénité et empêchait les âmes de se voir telles qu’elles étaient réellement. Parwan aurait largement réprouvé un tel comportement … et la connaissant, elle ne se serait pas privée de le faire remarquer à l’ambassadrice.
Le vaste salon d’apparat donnait une vue saisissante sur la cime des toits de Liberty. L’éclairage urbain, coloré, donnait à la nuit un air enchanté. Des vues comme celles-ci étaient rares et précieuses. De tout ce qu’elle avait pu voir de l’ambassade jusqu’à présent, c’était bien la seule chose qui ne parlait pas de l’ambassadrice. Cette vue lui réchauffait le cœur.
La jeune femme fut conviée à prendre place et s’installa sur l’un des fauteuils. Elle observa religieusement l’elfe et non sa servante. Athénaïs avait savamment évité de répondre aux questions jusqu’à présent, se contentant d’un hochement de tête poli.
« Votre Excellence. Puis-je savoir pourquoi vous m’avez faite quérir ? »
CENDRESIl n’y avait pas à dire, Acalypha la Soyeuse savait se mettre en scène. Sa scénographie forçait le respect et pourtant, il ne s’agissait là que du paraître, de la poudre aux yeux, des chimères. Les sens d’Athénaïs étaient agréablement caressés, suffisamment pour lui décrocher un sourire, mais il ne fallait pas s’y tromper : il ne s’agissait de la part de l’elfe que d’une mise en scène, visant à impressionner son auditoire. Si Chrysabelle en aurait été ravie, Eulalie ou Théodora auraient très largement froncé les sourcils face à une telle débauche de moyens.
La commandante resta campée sur ses deux appuis, contemplant d’un air poli le spectacle auquel s’adonnait l’ambassadrice. Celle-ci se mit alors à parler par l’intermédiaire d’une de ses servantes. Ainsi, l’ambassadrice ne daignait pas faire usage de sa propre salive pour parler le commun républicain. Empruntant le corps d’une de ses servantes, elle s’assura que le corps de la jeune républicaine ne puisse la toucher : seule la servante servirait d’intermédiaire à ce simulacre de conversation.
Les entrailles d’Athénaïs se serrèrent. Tout, dans ce comportement, suintait le mépris le plus crasseux et le plus vil. Il ne fallait pas être grand clerc pour saisir le changement immédiat d’ambiance et la perversité de l’affaire. Était-ce donc Cela que Melorn envoyait à la République pour améliorer leurs relations ? Même le Porte-Parole Qrupp, tout rusé qu’il était, était un bien meilleur hôte ! La chose fut entendue alors que l’invitée et son hôte traversaient les grandes galeries de l’ambassade, toutes parées de sculptures et de tableaux à la gloire de la Soyeuse. Certaines reproductions étaient tellement fidèles qu’Athénaïs se demandait si l’une d’entre elle n’allait pas se mettre à bouger.
Tant de narcissisme condensé dans un seul et même endroit faisait froid dans le dos. Il fallait un ego surdimensionné pour pouvoir supporter sa propre image affichée sur tous les murs de sa demeure. La jeune femme repensa instinctivement aux enseignements du Shierak. Un tel narcissisme éloignait de la sérénité et empêchait les âmes de se voir telles qu’elles étaient réellement. Parwan aurait largement réprouvé un tel comportement … et la connaissant, elle ne se serait pas privée de le faire remarquer à l’ambassadrice.
Le vaste salon d’apparat donnait une vue saisissante sur la cime des toits de Liberty. L’éclairage urbain, coloré, donnait à la nuit un air enchanté. Des vues comme celles-ci étaient rares et précieuses. De tout ce qu’elle avait pu voir de l’ambassade jusqu’à présent, c’était bien la seule chose qui ne parlait pas de l’ambassadrice. Cette vue lui réchauffait le cœur.
La jeune femme fut conviée à prendre place et s’installa sur l’un des fauteuils. Elle observa religieusement l’elfe et non sa servante. Athénaïs avait savamment évité de répondre aux questions jusqu’à présent, se contentant d’un hochement de tête poli.
« Votre Excellence. Puis-je savoir pourquoi vous m’avez faite quérir ? »
Invité
Invité
Tissage croisés Acalypha, élégante, demeurait assise, les jambes soigneusement croisées, une posture empreinte d’une noblesse désinvolte. Son regard, fixé sur Athénaïs, trahissait une curiosité teintée d’amusement ; un sourire espiègle, subtil et finement dessiné, ornait ses lèvres. Autour d’elles, l’air vibrait d’une tension presque palpable, tandis qu’une servante, sous son contrôle invisible, mais ferme, s’affairait avec une précision millimétrée à verser du vin dans un verre cristallin qu’elle avançait ensuite à Athénaïs avec une révérence mesurée. La pièce, baignée dans une ambiance à la fois intime et solennelle, était éclairée par le scintillement doré des chandeliers, leurs flammes dansant au rythme d’un silence majestueux. À travers une entrouverture entre les rideaux, un rayon de lune s’invitait avec audace pour dessiner sur le sol un fin spectre lumineux qui ajoutait une dimension sereine. Elle leva lentement le bord de son verre à ses lèvres jusqu’à laisser le vin s’écouler en son sein, tout en maintenant son regard intense et ininterrompu sur sa convive. Ce n’est qu’après avoir savouré le nectar avec une élégance mesurée qu’elle décida enfin de rompre le silence, sa voix s’élevant doucement dans l’air. « Laisse-nous, » intima-t-elle d’un chant qui portait la mélodie elfique, semblable à un murmure, tandis que sa suivante se détachait du lien psychique. Avec une révérence profonde, marquée d’une grâce inouïe, celle-ci s’éclipsa, abandonnant les deux femmes à leur solitude partagée. Dans un effort qui frôlait le surhumain, tandis qu’elles se tenaient isolées, Acalypha prit la parole pour s’exprimer dans le langage propre au commandant. Les circonstances actuelles au cœur de Melorn n’admettaient aucune perte d’heure supplémentaire. Témoin du conseil assemblé par Lyssandre, elle observa le début de dissensions. Des voix, autrefois unies, s’élevaient désormais, remettant en question, après tant d’années, leur relation avec le Reïke. — Notre alliance avec la République n’a jamais atteint des sommets d’exception, principalement car nos liens avec le Reïke… se tissent depuis bien trop longtemps. Articula-t-elle, sa voix s’éteignit dans une pause calculée, invitant ainsi sa compagne à plonger dans une réflexion profonde. Notre certitude quant aux rapports qui nous concilient s’estompe pour laisser place à des interrogations sur ce que nous y gagnons et, plus préoccupant encore, sur ce que nous avons déjà perdu. Les terres sacrées de notre ancien Empire se voient peu à peu dévorées, tandis que le Reïke étend sa présence sur le nord sans le moindre partage. Nos enfants tombent au champ d’honneur dans le tumulte de leurs affrontements. À cet instant, nous engageons des pourparlers avec l’ambassadrice du Reïke à Melorn. Il est indéniable que nous sommes dépourvus de moyens de pression décisifs pour orienter les négociations en notre faveur… C’est la raison pour laquelle j’ai pris l’initiative sans l’accord du conseil de m’adresser directement à vous, ainsi qu’à l’ensemble des personnes qui se sont rassemblées ici aujourd’hui. Je suis résolue à sauvegarder l’ultime rempart du monde elfique en Sekaï. Permettez-moi donc de vous interroger… Qu’est-ce qui distingue réellement la République du Reïke ? Votre regard se porte-t-il au-delà des frontières de vos terres, conscient des événements qui s’y déroulent ? |
Citoyen de La République
Athénaïs de Noirvitrail
Messages : 240
crédits : 387
crédits : 387
Tissages croisés
Feat. Acalypha la Soyeuse
La commandante plissa les yeux. L’ambassadrice venait enfin de relâcher son emprise sur la pauvre jeune femme et de s’exprimer en commun. Il y avait cependant une telle lassitude dans sa voix qu’elle se demandait pourquoi - par les Astres - avait-elle pris la peine de faire un tel effort. Athénaïs inclina la tête sur le côté et sourit poliment. Oh, bien entendu, les relations avec la cité-Etat n’avaient jamais été très poussées. Les elfes étaient jusqu’alors piégés dans une doctrine isolationniste peu encline à la discussion. Il n’était pas étonnant que les relations en soient au point mort.
« Votre cité est en négociations avec le Reike ? Sur quels sujets je vous prie ? » déclara-t-elle d’un ton doux.
L’introduction réalisée par l’ambassadrice en disait à la fois trop, et pas assez. Trop sur l’état de la situation politique de la cité de Melorn, trop peu sur le contenu-même des négociations avec le Reike. Qu’y avait-il à négocier pour que l’Empire se sente obligé d’envoyer un ambassadeur frapper à la porte de Melorn ? Après tout, le Reike n’était pas réputé pour ses talents diplomatiques. Une bonne hache et un bon sabre étaient des arguments suffisants pour ses dirigeants et jusqu’à présent, cela avait été une stratégie payante. Pourquoi diable changer d’approche ? Le Reike ne se risquerait pas à négocier diplomatiquement sans une excellente raison, car ce n’était pas son point fort …
« Intéressant … vous souhaitez donc que nous vous offrions un moyen de pression dans vos négociations avec le Reike ? Que pourrions-nous vous offrir ? Que souhaitez-vous de nous ? »
La jeune femme se massa la main droite, visiblement soucieuse. Il n’était pas du ressort de la Grande Armée Républicaine de mettre en place des ponts diplomatiques avec les elfes. C’était le travail du Porte-Parole et de ses sbires. Mais Qrupp, tout intelligent qu’il était, n’avait pas des yeux partout et Athénaïs savait se montrer à la hauteur quand une occasion se présentait. Mais cela soulevait bien des questions.
Elle laissa glisser sa main sur le bois de la table. L’important était d’amener l’ambassadrice sur son terrain. Doucement, simplement. Les gens se laissaient souvent emporter dans leurs discours sans s’en rendre compte.
« Comme vous le savez certainement, la République est généreuse avec ses amis, mais notre générosité s’accompagne d’une certaine forme de … compensation. »
Comme à son habitude, Athénaïs répondait aux questions par d’autres questions. Il ne lui appartenait pas de divulguer à son interlocutrice les objectifs politiques de la République dans les prochaines années.
CENDRES« Votre cité est en négociations avec le Reike ? Sur quels sujets je vous prie ? » déclara-t-elle d’un ton doux.
L’introduction réalisée par l’ambassadrice en disait à la fois trop, et pas assez. Trop sur l’état de la situation politique de la cité de Melorn, trop peu sur le contenu-même des négociations avec le Reike. Qu’y avait-il à négocier pour que l’Empire se sente obligé d’envoyer un ambassadeur frapper à la porte de Melorn ? Après tout, le Reike n’était pas réputé pour ses talents diplomatiques. Une bonne hache et un bon sabre étaient des arguments suffisants pour ses dirigeants et jusqu’à présent, cela avait été une stratégie payante. Pourquoi diable changer d’approche ? Le Reike ne se risquerait pas à négocier diplomatiquement sans une excellente raison, car ce n’était pas son point fort …
« Intéressant … vous souhaitez donc que nous vous offrions un moyen de pression dans vos négociations avec le Reike ? Que pourrions-nous vous offrir ? Que souhaitez-vous de nous ? »
La jeune femme se massa la main droite, visiblement soucieuse. Il n’était pas du ressort de la Grande Armée Républicaine de mettre en place des ponts diplomatiques avec les elfes. C’était le travail du Porte-Parole et de ses sbires. Mais Qrupp, tout intelligent qu’il était, n’avait pas des yeux partout et Athénaïs savait se montrer à la hauteur quand une occasion se présentait. Mais cela soulevait bien des questions.
Elle laissa glisser sa main sur le bois de la table. L’important était d’amener l’ambassadrice sur son terrain. Doucement, simplement. Les gens se laissaient souvent emporter dans leurs discours sans s’en rendre compte.
« Comme vous le savez certainement, la République est généreuse avec ses amis, mais notre générosité s’accompagne d’une certaine forme de … compensation. »
Comme à son habitude, Athénaïs répondait aux questions par d’autres questions. Il ne lui appartenait pas de divulguer à son interlocutrice les objectifs politiques de la République dans les prochaines années.
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum