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    Zéphyr Zoldyck
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  • Sam 20 Jan - 23:46
    - Tu es sûr, Owen ?
    - Ouais. Je veux dire, oui, m’sire. C’est une bonne petite. Ca fait plus d’un mois que je l’observe, et elle m’a tout l’air de valoir le déplacement.
    - Et qu’est-ce que tu peux me dire d’elle ?
    L’espion haussa les épaules alors qu'il lui avait été demandé de parler d'une jeune hybride, du nom de Rachelle Virsce.
    - Elle a eu une sale vie. Ces républicains… Ce Stromboli… Le gobelin eut une moue méprisante et sembla à deux doigts de cracher par terre. Il l’a achetée pour qu’elle soit une bête de foire. Une bête de son cirque. Une attraction. Celle qui survivrait au lion. Pour son maître, il importait peu qu’elle fût blessée et qu’elle souffrît – bien qu’il fallait naturellement la guérir avant le prochain spectacle. Elle n’était qu’un pion dans les mains de cette ordure. Alors elle a fui. Selon notre enquête – et selon l’espion qui est allé la voir à l’hospice – elle s’est échappée et elle est devenue une citoyenne reikoise. La petite souris s’est totalement dévouée à la nation. Par exemple, lors d’une attaque au Colisée il y a quelques années, elle a sauvé quelques vies et d’autres civils en situation périlleuse. Plus encore, elle s’est illustrée durant la guerre des Titans. Elle a sauvé son escouade. Mais cela a eu un prix…
    Le maître-espion plongea ses pupilles dans celle du grand guerrier vert et une expression un peu condescendante apparut sur ses traits.
    - Tu n’es pas sans savoir que les handicaps des uns et des autres m’importent peu.
    - Ca, je sais, m’ssire. Je sais par exemple que vous avez pris sous votre aile une jeune femme sourde et que c’est vous qui l’avez poussée à maîtriser la télépathie et à lire sur les lèvres. Vous êtes passés par chez elle avant d’aller en voyage dans le désert, non ?
    - C’est juste. Mais on parlait de Rachelle, Owen.
    - Ah, oui, pardon ! Donc, euh, qu’est-ce que je disais. Oui, cela a eu un prix. Et c’était une sale contrepartie, c’est moi qui vous le dis.
    - Elle a su sauver son escadron.
    - Ouais, mais elle a perdu la vue. Vous imaginez, si moi, je perdais la vue ? Je ne saurais même plus manier une arme et encore moins manier de l’arg… Le maître-espion ramène son regard son interlocuteur, et celui-ci comprend qu’il a encore dévié de son sujet. Alors il toussote et fait comme si de rien n’était. Donc elle est devenue aveugle. Et là, ben. Ca a été la déchéance, vous voyez ? Elle a reçu des rentes de la Couronne évidemment. Mais la petite s’est laissée aller. Jusqu’à ce qu’elle se fasse reprendre par Stromboli.
    - L’espion qui l’a interrogée m’a parlé d’un holmgang.
    - C’est juste. Techniquement, les plus puristes diraient que… Non, ouais, vous avez raison, on s’en moque.
    - Qu’est-ce qu’elle a fait après ça ?
    - Il semble qu’elle ait eu un électrochoc. Je ne sais pas trop bien pourquoi. Mais elle a changé. Elle s’est remise à l’entrainement, déjà. Et ensuite, elle a commencé à venir trouver nos informateurs, en donnant des informations totalement avérées évidemment. Qui sait, peut-être que l’espion qu’elle a vu lui a fait de l’effet.
    - Elle te paraît donc fiable.
    - Ouais. C’est moi qui me suis occupé de son cas – sous une autre apparence évidemment. Et puisqu’en enquêtant quand même sur elle, on a découvert qu’elle était au fond du trou, et bah. Je vous avoue qu’elle m’a fait pitié, boss. On a plus au moins la même taille. Si vous lui proposez de rejoindre nos rangs, je lui proposerais bien quelques entrainements.

    Zéphyr ne répondit pas à sa dernière déclaration et ce fut donc le gobelin qui reprit lui-même la parole.

    - Depuis qu’on lui a parlée à l’hospice, elle fait vraiment patte blanche et n’a commis aucun impair. Son seul défaut, c’est sa vue et elle n’en est pas responsable. J’pense que ça peut être une brave fille, qui aurait beaucoup de bonnes choses à donner à l’Empire.
    - Dis-moi où elle habite exactement.
    Le visage du petit être vert s’illumina, et il n’hésita pas une seconde à donner les informations demandées. Le maître-espion resta un instant pensif, puis il se leva de sa chaise en agrippant une cape qui le protégerait du vent à l’extérieur.
    - Puisqu’elle semble être une informatrice régulière, tu guetteras son arrivée. Tu lui diras de se présenter à la pièce Le Chant de Sable d’Or. Evidemment, tu lui offriras une place dans les gradins réservés aux nobles et tu privatiseras la loge. Histoire d’être tranquille. Dis-lui qu’elle sera fixée sur son sort à ce moment-là. Et que, au vu de sa bonne volonté, l’Oreille la rencontrera.
    Si le gobelin avait d’abord été enthousiaste, son expression s’était un peu troublée en attendant les propos de son chef.
    - C’est que, messire… Le théâtre… Ce n’est pas là où elle a eu les souvenirs les plus heureux...
    - C’est au théâtre que sa vie a commencé, le coupa gentiment Zéphyr. C’est également dans un théâtre qu’elle verra sa vie renouvelée. Un silence. En tout cas si elle a le courage de saisir cette opportunité.

    ***

    Le Chant de Sable d’Or avait trouvé un certain succès auprès de la populace. D’une part parce que cela faisait écho à un événement qui avait chamboulé la nation entière. D’autre part parce que cela mettait en avant de vaillants reikois qui luttaient contre l’infamie des Titans et de leurs sombres Enfants. La pièce, tournée en tragédie épique, avait pour vocation d’éveiller chez les plus jeunes une fierté nationale. Les nobles, qui regrettaient « amèrement de ne pas avoir été là ce jour maudit », avaient également apprécié les valeurs traditionnelles qui se reflétaient dans la pièce. Enfin, pour le bas-peuple, c’était un moyen comme un autre de divertissement, un moyen de leur montrer aussi qu’en cas d’invasion, l’Empire n’hésiterait pas à réagir pour soutenir les siens. Comme la propagande faisait bien son effet, la curiosité des gens de toute classe avait été éveillée, de sorte que le spectacle avait eu un succès retentissant dans les grandes villes du Reike. Pour cette rencontre, Zéphyr avait réservé une petite loge de quelques sièges réservée aux riches et – connaissant la condition de Rachelle – il avait pris des dispositions pour qu’elle soit guidée jusqu’à sa place. En territoire connu, elle aurait pu se déplacer seule. En territoire inconnu, il n’en allait pas de même et l’idée n’était pas de l’humilier, ni de la mettre mal à l’aise. Une fois qu’elle se présenterait à l’accueil, la souris retrouverait donc une vieille connaissance : l’espion qui l’avait interrogée à l’hospice et avec qui le courant s’était bien passé la guiderait jusqu’à la loge. Une délicatesse qui ne devrait pas la gêner.

    Le théâtre, aussi, avait l’avantage de dépendre essentiellement de l’ouïe. Bien qu’elle ne verrait ni les acteurs, ni les décors, l’hybride n’aurait pas à se tracasser pour suivre l’histoire – en espérant naturellement qu’elle n’était déjà pas allée la voir.

    Quoi qu’il en soit, une fois installée et une fois qu’elle aura échangé avec l’espion, ce dernier s’effacera en voyant l’Oreille arriver. Arrivant sous sa vraie apparence, le maître-espion s’installera aux côtés de Rachelle, et bien au courant qu’elle percevra son arrivée, l’homme prendra aussitôt les devants avec un ton courtois et poli.

    - Bien le bonjour Rachelle. J’espère que tout s’est bien passé pour arriver jusqu’ici ?

    Une entrée en douceur. Mais ils avaient le temps de discuter. Et la pièce de Sable d’Or pourrait leur offrir bien des sujets de conversation pour traiter de sa potentielle reconversion.
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    Rachelle Virsce
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  • Sam 27 Jan - 4:02
    Le chant du renouveau


    —Tu sors encore aujourd’hui ? Pour le travail ? Ou pour revoir-

    —Pour le travail, coupa Rachelle en enfilant sa longue cape usée.Je ne serais pas de retour avant tard alors achète toi quelque chose à manger en ville.

    La souris se tourna un moment vers June, l’enfant qu’elle avait récupéré lors de la crise Elkaeïenne.
    —Si tu savais à quel point il est facile de récupérer des informations, tant que l’on sait tendre l’oreille. Les tavernes regorgent d’ivrognes d’insouciant qui pensent pouvoir pervertir notre nation avec leurs manigances. (Son poing se referma d’une certaine colère. Depuis les derniers événements, un feu ardent de revanche brûlait en elle.)

    —Certes…, répondit l’enfant en grimaçant. Essaye quand même de ne pas te faire attraper comme la dernière fois. Tu as déjoué la mort de peu et j’ai du m’occuper de tout dans la maisonnée à cause de tes blessures.

    —Quelle sollicitude, rétorqua la souris d’un ton las. Heureusement qu’il y a des gens comme toi pour veiller sur moi. Mais je te ferai remarquer que si tu as quelque chose dans ton assiette et un toit, c’est grâce à moi.

    —Ouais ouais… bah fais quand même attention.
    La petite s’approcha un moment et voulut lui tapoter le bras en signe d’affection avant de s’arrêter à mi-chemin, encore trop fière et revancharde vis-à-vis de ce que le Reike avait fait à sa famille.

    Aveugle, mais pas sourde, l’hybride posa sa main velue sur les cheveux de l’ancienne noble pour lui ébouriffer les cheveux ce qui fit râler de nouveau la petite qui s’écarta d’un pas arrière.
    La cohabitation était encore difficile, mais il était évident que June s’ouvrait peu à peu à la souris. Un jour peut-être serait-elle capable de lui pardonner de n’avoir ni pu ni même voulu secourir sa famille. Sans doute les choses auraient été plus simples si la reikoise de cœur n’était pas si inapte avec les enfants.

    Après un court moment durant lequel un silence gênant s’installa, Rachelle attrapa sa lance qu’elle attacha dans son dos et ouvrit la porte.

    —A ce soir.

    Et sur ces mots, la souris quitta le domicile.
    Aujourd’hui, elle avait rendez-vous au théâtre pour y confier de nouvelles informations recueillies durant sa prospection de la semaine. Bien sûr, Rachelle avait tout de même un certain arrière goût amer dans le fond de la gorge. Elle avait le sentiment que ce n’était pas assez. Elle voulait faire plus. Elle devait faire plus. Pour le Reike car c’était bien là, la seule et unique chose qui comptait plus que tout à ses yeux.
    Ainsi, tel un sentiment de manque maladif, elle avait commencé à écumer les tavernes de la partie basse de la ville, à la recherche du moindre criminel ou traître à la nation. Et pour en avoir débusqué quelques-uns, elle avait dû se faire une violence rare afin de ne pas les châtier elle-même. N’étant plus dans l’armée, il n’était pas de son devoir de punir ces pourritures. Elle donnait les informations, car tel était son rôle, sans s’avancer davantage.
    Toutefois, ce n’était pas l’envie qui lui manquait.

    [...]

    Passant les portes du théâtre, la souris vint s’appuyer contre une colonne dans le hall, croisant les bras patiemment.
    Lorsqu’une employée du théâtre vint lui demander la raison de sa présence et si elle pouvait lui venir en aide, Rachelle lui indiqua qu’elle attendait quelqu’un en réponse à quoi, l’employée lui proposa d’attendre dans la salle d’attente.

    —Ce ne sera pas nécessaire mademoiselle, se fit entendre une voix reconnaissable. —Mademoiselle Virsce, je vous attendais justement. Marchons un peu.

    Rachelle emboîta le pas de l’espion avec qui elle avait pu interagir quelquefois. Bien sûr, elle était loin de se douter qu’il ne s’agissait pas là de sa véritable apparence.

    —Votre matinée a été bonne ? demanda Rachelle d’un ton faussement léger. Ayant appris au fil de leurs interactions l’importance de ne pas attirer l’attention. Après tout, si elle était capable d’entendre quelques juteuses informations venant des traîtres à la nation, ces chiens pouvaient très bien en faire de même. Les murs avaient des oreilles et il n’était jamais de bon ton de relâcher sa vigilance.

    —Parfaitement, le marché d’Ikusa regorge de merveilles de bon matin, je vous montrerai la dernière trouvaille dont j’ai fait l’acquisition. Vous verrez, c’était une véritable affaire, le genre d’opportunité que l’on a qu’une fois dans une vie.

    La souris marqua une pause dans sa marche. Bien qu’encore apprentie dans l’art du double langage, elle comprenait le véritable discours de l’espion. (Ce dernier allait justement doucement sur les sous-entendu pour ne pas totalement perdre la souris.)
    Quoi qu’il en fût, Rachelle comprit que cette rencontre serait bien particulière et tentant de cacher une excitation naissante, elle fît mine de se gratter le front. Ils ne discuteraient pas simplement de quelques informations, quelque chose de plus grand se profilait à l’horizon.

    —Le chant de Sable d’or, ça vous parle ?

    —Vous faites allusion aux événements de la ville éponyme ? Comment ne pourrais-je pas en être au courant ? Le Reike entier a entendu les louanges des héros qui ont repoussé la menace de ces faux dieux. (La souris serra silencieusement le poing. Elle aurait dû être présente parmis ces héros. Mais à la place, elle était devenue cette loque aveugle incapable de se battre.) Le nom de ces héros est connu de tous et le Reike leur est redevable.
    Pourtant, elle ne put s’empêcher de faire transpirer une certaine jalousie de ses propos. Ses rêves de gloire n'étaient, de toute évidence, pas encore totalement éteints.

    —Excellent, excellent. Nous allons en voir la pièce justement. Enfin, voir, écouter, vous saisissez l’idée héhé.

    Devant l’absence de réponse de la souris, il continua :
    —Honnêtement, c’est l’une des plus belles pièces de la décennie. Les républicains font même le déplacement pour la voir. Et pourtant, ils s’y connaissent en art.

    —Le jour où les républicains s’y connaîtront en autre chose qu’en arnaque ou déshonneur, les ombragons voleront, laissa échapper Rachelle qui de toute évidence ne les portait toujours pas dans son cœur. Qu’ils continuent de nous dénigrer ouvertement tout en nous jalousant en secret. Notre nation n’a que faire de lâches égoïstes.

    —Vous n’y allez pas de main morte, répondit l’espion non sans un sourire. Quoi qu’il en soit, mon amie, je nous ai dégoté des places pour cette fameuse pièce. En première loge je vous prie.

    Il attrapa le bras de l’hybride avant de montrer ses tickets au personnel et quelques minutes de marche plus tard, les voilà installés au sein d’une loge que peu de gens pouvaient se payer. Décidément, ce n’était pas un jour comme les autres.
    Une fois la porte refermée derrière eux, l’espion prit un air nettement plus sérieux.

    —Bien. Enfin un peu de calme.

    —Qu’est ce que signifie tout ceci ? questionna l’hybride en tendant l’oreille, n’aimant pas se retrouver dans un lieu inconnu. Vous ne m’avez pas fait venir ici pour une pièce de théâtre ?

    —Mais c’est qu’elle est maligne avec ça, ironisa l’espion non sans un sourire. Il y a quelqu’un qui veut te voir. Disons que c’est pour te remercier de tes bons et loyaux services, entre autres. Il t’expliquera certainement mieux que moi et puis, je ne veux pas lui ôter les mots de la bouche.

    —De qui s’agit-il ? De votre supérieur ? C’est bien aimable de sa part.

    —Oui comme tu dis. (Il se pencha pour continuer dans un murmure inaudible.) Mais je ne t’ai jamais dit qui était mon supérieur. Aujourd’hui, c’est l’Oreille de notre nation qui se tiendra à tes côtés.

    Il se redressa avec un sourire malicieux et commença à s’en aller devant une Rachelle complètement abasourdie.

    —A-attendez ! l’appela t-elle alors. C-comment ça ? Quand vous dites… vous parlez de…

    La situation beaucoup trop amusante à ses yeux, l’espion se contenta d’un simple :
    —Je vous souhaite une excellente pièce à tous les deux. Oh bien sûr, inutile de vous le préciser, mais si notre ami commun fait un tel déplacement pour vous, vous feriez mieux de ne pas décevoir ses attentes futures. A la prochaine !

    Il sortit alors en refermant la porte derrière lui, laissant Rachelle seule, se sentant s’enfoncer peu à peu dans son siège sous le poids de la rencontre qui ne tarderait pas à arriver.
    Tout d’abord, elle commença à douter. Transpirant à grosses gouttes. Allait-elle être punie pour son méfait de jadis ? Lorsqu’elle avait bravé les ordres d’Afosios en secret pour sauver cette enfant condamnée à mort ? Était-il seulement possible que l’Oreille vienne en personne pour une personne aussi insignifiante qu’elle ? Était-ce une blague de son ami espion ?

    Elle n’eut guère le temps de se pencher trop longtemps sur ses questions car bien vite, la porte grinça et une démarche aérienne entra dans la pièce. Rachelle comprit tout de suite que même s’il ne s’agissait pas de l’Oreille, elle avait face à elle une pointe du Reike. La démarche de ce dernier était pratiquement silencieuse, même pour l’hybride qui pourtant avait des sens auditifs plus élevés que la moyenne. Il semblait glisser sur le sol sans mal et Rachelle comprit alors, en l’entendant s’asseoir, que si cet homme l’avait voulu morte, elle le serait déjà. Devant elle se tenait un homme terrifiant. Un véritable espion.

    Encore bouleversée par son impossibilité à déterminer exactement ce que faisait de ses mains l’homme, et l’idée qu’il s’agisse de la fameuse tête des services d’espionnage, Rachelle balbutia un peu, ne sortant aucun dialogue compréhensible.

    Elle se pinça finalement la main pour se forcer à se concentrer.
    —Bonjour monsieur, commença l’hybride, remarquant qu’elle ne connaissait pas son nom. C’était perturbant d’avoir devant soi quelqu’un dont on ne connaissait rien et qui de son côté pouvait potentiellement tout connaître de sa vie.
    Notre ami commun a été très agréable comme toujours. Bien que… (Elle se tût un instant avant de trouver le courage de continuer.) Êtes vous réellement  la personne qu’il prétendait que vous étiez ? L’honneur est immense. Je ne sais pas comment réagir, c’est très soudain.

    En contrebas, la pièce s’ouvrait sur les serviteurs du mal qui préparaient leur assaut sur Sable d’Or. L’emphase était placée sur leur ignominie sans nom et la folie de ceux qui osaient suivre les cultes divinistes.

    —Dois-je m’agenouiller ? questionna alors Rachelle qui était encore totalement perdue.

    De toute évidence, cette journée seraient encore plus importante qu’elle ne l’avait imaginé.

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  • Lun 19 Fév - 15:47
    Bien loin d’imaginer, ou même de se préoccuper de l’inquiétude de la souris suite à son entrevue avec son ami-espion, Zéphyr entre la loge qu’il a réservée pour dialoguer avec la dénommée Rachelle. C’est une hybride qui a certes eu quelques déboires de son vivant – et pas des moindres avec ça – mais jamais la demoiselle n’a véritablement cherché à agir contre le Reike ou ses citoyens. S’il en est, la femme au pelage gris a toujours essayé d’en conserver les valeurs malgré ses différentes épreuves, et c’est bien sa résilience qui est une qualité qui intéresse le maître-espion. Oh, il n’y a pas que ça bien sûr : le fait qu’elle ne soit pas connue aux yeux et au su de tous, ainsi que son obéissance aux ordres reçus sont autant d’éléments qui ont joué en sa faveur. Sans cela, peut-être que les faveurs de l’Oreille ne lui auraient peut-être pas été accordées, et peut-être qu’une seconde chance ne lui aurait pas été proposées non plus. Mais le guerrier se plaît en partie à se tourner vers quelques « rebus » de la société guerrière pour en faire des subalternes fidèles, qui retrouvent un sens à leur vie. Ces êtres que personne ne voit, ou ne souhaite voir, il en fait des individus fiers qui cherchent à protéger les leurs. Si d’aucuns trouveraient ça inutiles, le bretteur se moque bien des ont-dits, tout comme Alasker se moque bien de ce que l’on murmure sur les Dévoreurs. Et c’est la raison pour laquelle il vient s’asseoir près de la souris dans une démarche agile et silencieuse, ses pas étant notamment étouffés par le tapis pourpre qui recouvre leur loge privée.

    Le théâtre est encore calme, bien que la séance va bientôt débuter. Pour autant, Zéphyr perçoit la respiration un peu agitée de Rachelle et le voltigeur devine assez facilement quel doit être son trac. Son subordonné a bien dû lui dire qui il était, et se retrouver sans prévenir devant l’Oreille doit avoir quelque chose d’intimidant. Au moins est-elle polie, puisqu’elle lui répond en lui attribuant même le titre de « monsieur », et la demoiselle ne tarde pas à commenter son entrevue avec son vieil ami espion. Mais, sans surprise, la souris veut en savoir plus, et notamment confirmer qui il est. Une expression indulgente passe dans les yeux de Zéphyr, mais quand son interlocutrice enchaine et lui demande même si elle doit s’agenouiller, un léger rire s’échappe de ses lèvres. Suffisamment discret pour n’être entendu que par elle, et en même temps suffisant clair pour montrer qu’en ce moment, il n’est pas à cheval à l’étiquette.

    — Seules leurs Majestés méritent votre génuflexion, Rachelle, fait-il avec un ton un peu taquin, et en même temps un peu sérieux pour bien montrer qu’il ne se moque pas d’elle. Je ne vous demanderai pas de vous agenouiller devant moi, reprend-il plus posément, car même si cela traduirait votre respect à mon égard – ou sa peur, c’était possible aussi – je ne suis pas là pour recevoir des honneurs. Plutôt, je préfère parler de vous et de votre avenir. Mais vous avez posé une question et elle mérite d’obtenir une réponse.

    Zépyr ramène son regard vers la pièce en contrebas. Désormais, la scène a changé, et un messager accourt fébrilement à Ikusa. Bientôt, la Griffe ainsi que les renforts courageux des citoyens reikois sera présenté au public venu savourer le spectacle.

    — Je suis bien celui que vous pensez. Mais je ne vous en veux pas d’être prise de court. Habituellement, je reste dans l’ombre et j’agis via des intermédiaires. Qui s’attendrait à ce que je fasse le déplacement moi-même, d’ailleurs ? Personne ne se l’imagine et je laisse la populace croire de telles choses. Cependant, si j’agis beaucoup grâce à des personnes de confiance, d’autre part, je suis loin d’être un bureaucrate qui reste sagement en arrière-ligne.

    La preuve, il avait même participé à Sable d’Or, quand on y pensait.

    — Ainsi, quand je vois le parcours de certains individus, elles suscitent parfois mon intérêt et je peux de temps à autres faire le déplacement si j’ai des retours positifs. En êtes-vous surprise ? Vous imaginiez peut-être le maître-espion agir autrement.

    Peut-être s’imaginait-elle autrement ce rôle, finalement. D’ailleurs, son successeur agirait peut-être différemment un jour. Chaque Oreille pouvait agir plus ou moins comme elle le désirait. Tant qu’elle remplissait son devoir, peu importait la façon dont elle approchait le peuple ou comment elle se cachait aux yeux et au su de tous.

    — Mais revenons à vous. J’ai beaucoup entendu de choses sur votre compte, Rachelle, et je ne vais vous mentir, on m’a fait un résumé de votre parcours. Cela étant dit, je serais curieux de savoir comment vous vous considérez vous-mêmes avant d’aller plus loin. Moi, je peux dire que vous êtes une hybride, que vous avez vaillamment combattu contre les fanatiques des Titans, en perdant même votre escouade, et je pourrais encore parler de votre ravisseur et bourreau. Mais plus que retracer votre histoire, que nous connaissons tous les deux, je serais intéressé de savoir comment vous vous percevez vous.

    Tout en parlant, Zéphyr a tourné la tête vers son interlocutrice. Pour elle qui utilise ses sens afin de percevoir le monde, cela doit être un supplice de rester sagement assise à l'écouter, dans cette loge qu'elle ne connaît pas et où elle n'a d'ailleurs aucun repère. Supplice accentué par la pression d'avoir un membre de la Main à ses côtés. Alors le maître-espion se permet de faire une petite précision.

    — Répondez sans aucune peur. Quel que soit le résultat de notre entrevue, vous sortirez de ce théâtre en vie. Je ne suis pas là pour vous piéger, mais possiblement pour vous donner l’occasion de servir le Reike, d’une autre manière que vous l’avez fait jusqu’à présent.
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  • Ven 1 Mar - 3:42
    Le chant du renouveau


    Debout, l’hybride patientait. Tendue avec la gorge sèche, l’idée de ne pas savoir comment réagir lui était insupportable. Habituellement plus ou moins maîtresse de ses émotions, la souris avait en horreur la moindre surprise la mettant face à une situation inconnue ou auquelle cette dernière n’était pas préparée. Et se retrouver face à un membre de la main du jour au lendemain, celui qui était à la tête de tout le service d’espionnage reikois était de toute évidence une de ces situations que nul Homme ne pouvait prévoir.
    Rachelle tenta de rationaliser. Bien qu’elle ne fût pas une femme de lettres ou particulièrement érudite, elle n’était pas naïve pour autant. Si le Reike avait décidé de se séparer d’elle suite à ses écarts, l’Oreille ne se serait pas déplacé en personne pour la faire taire. Elle n’était pas suffisamment importante pour que ce soit le cas. Le risque qu’il vienne la questionner quant à la crise Elkaeïenne miroita tout de même quelques instants au sein de son esprit.

    Par chance, la souris à la vue volée n’eut pas à se questionner bien longtemps car l’homme qui lui faisait face se décida à briser le silence. Son ton amusé surprit légèrement l’ancienne soldate qui souleva un sourcil avant d’y joindre un début de sourire naissant sous son museau.

    —Tant mieux, avoua-t-elle. Je n’apprécie guère plier le genou. A mes yeux, la seule posture qu’un reikois doit porter est celle d’une fierté éclatante, tenant debout sur ses deux jambes. (Elle marqua une courte pause. Inclinant brièvement la tête en remerciement et respect.) Je comprends néanmoins l’importance de telles règles. Notre nation ne serait pas si puissante sans une hiérarchie forte. Heureusement, mes supérieurs ont toujours été de ceux à me tendre la main pour que je me tienne fièrement à leurs côté malgré ma faible condition d’hybride. Lorsque j’ai rejoint le Reike il y a des années, l’instructeur a prononcé des mots qui continuent de résonner en moi à ce jour. “Votre langue n’a rien à faire sur mes bottes soldate, tenez vous droite en tant que fière membre de notre nation.” Depuis ce jour, j’ai fait tout mon possible pour servir avec honneur. Portant le doux espoir de pouvoir me tenir un jour, de part mes actes, en tant qu’égale à ces hommes et femmes qui m’ont tendu cette main. C’est pour ça que je vous remercie. Vous n’êtiez pas obligé de me permettre de me tenir debout devant vous. Vous aviez déjà mon respect et ma loyauté, à présent vous avez également ma sympathie.

    Elle se posa de nouveau sur son siège. Tous ses sens portés vers cet individu bien singulier. L’oreille. Un nom qui laissait le peuple rêveur. Nul ne savait réellement de qui il s’agissait où même s’il existait réellement. Beaucoup l’imaginaient implacable, ténébreux, à l’image de son travail. Et bien que la souris ne s’était jamais réellement posé la question, entendre le ton chaleureux de ce l’avait pour le moins déstabilisée.
    Ainsi, elle ne put s’empêcher d’afficher un sourire franc lorsqu’il expliqua son raisonnement. Il était malin et de toute évidence n’avait pas volé son poste.

    —La confiance est une denrée rare de nos jours, laissa-t-elle échapper. N’avez vous jamais craint que quelqu’un ne dévoile votre secret ? Même au sein de votre cercle le plus proche ? (Il s’agissait d’une question rhétorique. Rachelle se doutait bien qu’il ne serait pas présent face à elle autrement.) Les gens suivent plus facilement ceux qui marchent à leurs côtés que ceux qui se cachent derrière des bureaux. C’est sans doute pour ça que notre nation n’est pas un nid à vipères comme la République. Maintenant que vous me mettez face aux faits, je me rends compte à quel point penser qu’il en serait autrement est ridicule. Les espions, les soldats, les mages ou même le peuple. En définitif nous servons tous l’empire des sables. Lutter pour les nôtres, c’est dans notre sang. Je ne vois pas un membre de la main se terrer dans un coin pendant que d’autres risquent leurs vies pour lui. Merci de m’avoir éclairci à ce sujet. Quant à votre identité, n’ayez crainte, je ne risque pas de vous reconnaître au premier coup d'œil. Donc vous ne prenez pas tant de risque que cela en venant à ma rencontre.

    Sans forcément insister sur son trait d’humour, gardant son ton habituel, il était aisé de se rendre compte que bien qu’elle tentait de se moquer de sa condition, cette dernière lui pesait tout de même.
    Il n’était pourtant pas l’heure de s'apitoyer sur son sort. Pas devant l’Oreille. Elle serra donc les poings, laissant ses griffes s’enfoncer lentement dans ses mains.

    L’homme continua son discours, lui posant une étrange question. Désirant savoir comment elle se voyait. Prise de court, la souris resta silencieuse un long moment, ne trouvant aucun mot.

    —C’est une question difficile, monsieur. En temps normal, je laisse aux autres le soin de me juger. Mais j’aime à penser que je suis une bonne reikoise. Du moins j’essaye de l’être. (Elle attrapa sa lance en matériaux spéciaux, véritable œuvre d’art de forge qui avait certainement coûté une certaine somme, pour la présenter à la tête des espions.) Après la guerre, alors que je me remettais de mes blessures, sur le banc tandis que mes camarades continuaient le combat, ceux qui avaient survécu aux affrontements sont venus à moi. Ils se sont cotisés pour m’offrir cette arme. Vous trouverez sur le tissu attaché plusieurs inscriptions à l’encre. Il s’agit des noms de chaque personne présente au sein de mon escouade. Qu’ils aient survécu ou qu’ils aient trépassés. De sorte à ce qu’ils m’accompagnent jusqu’à la fin de mon périple sur le Sekai. Un bien étrange cadeau pour une guerrière incapable de la manier avec efficacité. Il s’agit à la fois de mon bien le plus cher, mais aussi d’une de mes plus grandes hontes. Je suis incapable de leur faire honneur en maniant leur offrande à son juste potentiel. Je n’ai pas pour habitude de me livrer ainsi à autrui, mais j’estime que si vous avez fait l’effort de faire le voyage pour quelqu’un d’autant inapte que moi, je vous dois bien ça. (Elle rangea de nouveau sa lance à ses côtés.) Je me vois comme une personne qui est partie avec toutes les mauvaises cartes en main. Mes rêves étaient grands et à chaque fois, la réalité m’a rattrapé. Sur les bancs de l’école, les autres élèves du drakstrang me prenaient de haut. Et à raison. Pas une seule fois je n’ai remporté le moindre match d’entraînement. Pourtant, je m’entrainais trois fois plus que quiconque, je me relevais encore et encore, jusqu’à ce que mon corps me supplie d’arrêter et ne s’effondre. Mais la réalité, c’est que je suis une hybride. Et qu’en tant que telle, je resterai à jamais en dessous des héros qui font briller notre armée. Et non content d’avoir fait de moi une hybride, mon géniteur n’a pas choisi un animal terrifiant ou dont la force ferait pâlir de peur autrui. Non, ce malade mental s’est fait plaisir avec une souris. Voilà la vérité, je me vois comme une vermine. Un monstre difforme qui ne pourra jamais tenir tête aux dangers qui menacent la nation qui m’a pourtant ouvert les bras et tout offert ! Je suis faible ! D’ici quelques années je serais déjà bonne pour la tombe ! Chaque seconde qui s’écoule est un pas de plus vers le destin terrifiant qui nous attend tous. Dans mon cas, il arrivera bien avant le reste d’entre nous. Quel âge avez-vous monsieur ? La trentaine ? Vous avez encore du temps devant vous. Le temps de profiter de cette vie, d'œuvrer pour le bien du Reike. Vous avez déjà réussi votre vie. Vous vous êtes hissé à la tête de tout un pan de notre nation. Et pourtant, vous avez encore tant à accomplir. Dans mon cas, combien de temps me reste-il avant de rencontrer ma fin ? Vingt ans ? Trente ans tout au plus si j’ai le luxe de vivre vieille ? Tout ça parce que je suis née dans ce corps détestable ! (Elle frappa du poing l’accoudoir de son siège. Du sang coulait de ses mains, faute à ses griffes. Rachelle les essuya sur sa tunique rouge avant de soupirer longuement. Retrouvant progressivement un certain calme apathique. C’était la première fois qu’elle se livrait véritablement à quelqu’un. La première fois qu’elle exposait ses véritables peurs.) Laissez moi vous raconter une courte histoire. Elle ne sera pas longue, je vous le promet.

    La souris resta silencieuse de nouveau quelques instants, coupée par le discours triomphant de l’acteur qui incarnait la Griffe en contrebas.
    Puis elle reprit :

    —C’est l’histoire d’une petite souris. Enchaînée au sein d’un nid de vipères. Un jour, elle parvient à s’en extraire. Le soleil lui ouvre alors ses bras, lui promettant que sur ses terres, elle sera comme quiconque. Et il ne mentait pas. Elle avait les mêmes droits, les mêmes possibilités que quiconque. Elle avait la liberté de se hisser vers la gloire. De devenir quelqu’un. Alors, la souris, rêveuse, se mit à espérer naïvement. S’il lui suffisait de produire des efforts, alors elle en ferait bien plus que quiconque. Si les autres habitants des terres ensoleillées travaillaient une heure, elle en travaillerait deux. La souris commença à crier sur les toits qu’elle se hisserait au sommet. Qu’elle vouerait sa vie à la nation du soleil pour la remercier de lui avoir offert ces possibilités. Qu’elle était bonne, désintéressée, qu’elle ne vivait que et uniquement pour sa nation. Evidemment, il y avait de cela. Le rongeur portait vraiment en lui un amour sincère pour la nation ensoleillée et souhaitait lui prouver cet amour. Mais ce n’était pas tout. Les jours s’écoulaient, et la souris était au courant de l’injustice dont sa vie faisait preuve. Elle n’avait pas le temps de se reposer car là où les habitants du pays du Soleil avaient devant eux un long fleuve à parcourir, la souris n’avait qu’un maigre ruisseau. Alors, elle s’est promise. Promise de devenir l’étoile qui brillerait le plus intensément au sein de sa nation avant de finir par s’éteindre avant toutes les autres. Mais une fois encore, la réalité la rattrapa. Sa condition physique ne serait jamais celle d’un véritable guerrier, et bien qu’elle s’entrainait plus que les autres, ces derniers gagnaient en force tout comme elle. Très souvent plus rapidement qu’elle. Et alors que ses espoirs étaient déjà au plus bas, une guerre se déclencha. La souris prit fièrement les armes contre les envahisseurs et une ultime fois, la réalité la rattrapa. Elle n’était pas de ses héros qui changeaient la face du monde, on ne chanterait pas ses louanges. Elle fût traînée dans la boue et le sang et dû laisser à ses compagnons le luxe de protéger sa nation de cœur tandis qu’elle se retrouvait inapte. Elle se rendit compte qu’elle finirait par disparaître dans un silence absolu. Inconnue de tous. Elle pensa avoir trouvé l’amour, fût un temps. Ce qui l’aida à se dire qu’elle était comme les autres, capable de vivre pleinement. Mais ce n’était qu’une chimère de plus. Elle dût alors se résigner. Vivre pour sa nation tout en restant dans la fange propre aux gens de sa valeur.

    Rachelle ne bougeait plus d’un pouce. Abattue mais ne pouvant non plus s'arrêter de parler. Combien d’années avait-elle gardé tout ceci pour elle ? Un sourire désabusé naquit sur ses lèvres.

    —Il faut croire que je n’ai pas une très bonne vision de moi-même. Fût un temps, je goûtais l’espoir de devenir Griffe de notre nation. Je pensais en toute naïveté que ce rêve serait à ma portée. Ainsi, je serais rentrée dans l’histoire. Une façon pour moi de laisser la marque de mon existence éphémère sur nos terres. Je n’ai aucune famille sur laquelle m’appuyer, mes rêves se sont envolés après avoir été piétinés bien trop souvent. Je crois que je me suis résignée à l’idée de n’être personne. Une simple vermine tenace qui s’accroche à la vie dans le but de remercier le Reike pour tout ce qu’il m’a offert. C’est pour ça que j’ai commencé à vendre les potentiels traîtres au sein de la nation, à tendre l’oreille dans les lieux pour ivrognes afin de récolter la moindre bribe d’information. C’est une goutte d’eau dans l’océan qu’est le Reike, mais c’est la seule chose que je puisse faire. Mon seul but. La seule volonté qui me tient en vie. Servir ma nation. Sans ça, je me serais déjà laissé mourir depuis des mois. Regardez, si les choses en avaient été autrement, ce serait peut-être moi qui aurait été représentée sur scène aujourd’hui, menant les troupes à la victoire. Enfin, ça n’a plus grande importance aujourd’hui. J’ai déjà accepté ma condition. Vous savez tout. (Elle allait s’arrêter mais se reprit rapidement.) Une dernière chose. N’allez pas penser que j’en veux au Reike pour mes échecs où mon handicap. Le Reike a toujours été juste. Il offre les mêmes chances à chacun, mes échecs n’incombent qu’à moi et moi seule.

    Elle tourna la tête vers l’Oreille. Une question subsistait.

    —Puis-je vous retourner la question messire ? demanda-t-elle alors. Je suis curieuse à l’idée de savoir comment se voit un homme qui a réussi à se hisser si haut au sein de notre nation. Eprouvez-vous de la fierté à l’idée de savoir que nul homme sur terre n’égale votre champ d’expertise ? N’êtes vous pas heureux en voyant tous ces gens de confiance vous suivre ? Selon vos dires, leur loyauté vous est déjà acquise depuis bien longtemps. J’aimerai connaître le sentiment de quelqu’un ayant réussi là ou j’ai échoué à chaque étapes.

    Sans doute que peu de gens de la plèbe auraient osé poser une question si intimiste à un membre de la main. Mais la souris, qui avait laissé tomber la moindre de ses défenses, révélant son véritable mal-être à cet homme, souhaitait au moins savoir ce que cela faisait, de vivre une véritable vie jonchée de gloire et de réussites.

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    Noble du Reike
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    Zéphyr Zoldyck
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  • Dim 24 Mar - 22:41

    Ecoutant la réponse de Rachelle, Zéphyr la regarde d’un air appréciateur. L’image qu’elle se fait de la posture reikoise est jolie, et il ne peut forcément qu’approuver ses dires. Qu’il s’agisse d’une fierté au grand jour – celle d’un soldat qui s’en va au front pour défendre les siens –, ou bien de la fierté plus discrète, mais bien réelle, d’un citoyen qui aime sa patrie, l’Empire n’a effectivement à s’incliner devant personne. D’ailleurs, elle ne le fera jamais. Pas avec Ayshara et Tensai sur le trône.

    Lorsque l’hybride la remercie, le maître-espion ne doute pas de la sincérité de la souris et il se contente de sourire sobrement à la déclaration de sa potentielle alliée. Il apprécie l’honneur de la soldate, tout comme il apprécie sa franchise.

    - Vous avez eu de bons instructeurs, Rachelle. Et vous avez aussi, semble-t-il, un bon fond que tout Reikois se devrait d’avoir. Vouloir se tenir aux côtés de ce qui vous ont aidé n’est pas de la présomption, puisque vous n’avez pas pour but d’être glorifiée, mais de servir davantage votre patrie et d’aider autrui comme on vous a aidée par le passé. Un silence. La voie que je pourrais vous offrir ne sera cependant pas celle que vous vous êtes sans doute imaginée. Mon monde et celui de mes hommes consiste à toujours vivre dans l’ombre. A ne jamais recevoir de récompenses ou de reconnaissance de la part du peuple. A agir même à l’insu de vos mentors et de vos anciens professeurs. Si vous pourrez peut-être leur rendre ce qu’ils vous ont offert, cela se fera toujours de manière discrète, voire même de manière indirecte. Et pourtant, ce que je perçois dans votre regard – fût-il éteint à cause de votre cécité – me porte à croire que vous avez assez d’abnégation pour entrer dans ce chemin que j’ai emprunté avant vous, précisément car vous avez les atouts pour y trouver vos marques et pour y survivre.

    Une souris qui avait vécu dans l’obscurité la plus complète – au sens propre comme au sens figuré – ne serait pas effrayée par le monde sombre des espions. Car ceux-ci faisaient des ténèbres une alliée, une amie avec qui ils travaillaient pour toujours mieux pour atteindre leurs objectifs. De plus, ils cherchaient autant à travailler leurs défauts que leurs qualités, tout comme le soldat devait lui aussi se ménager pour maintenir sa condition physique l’armée.

    - Le risque qu’on dévoile mon identité n’est jamais nul, répond franchement Zéphyr. Même venant de proches qui ne  voudraient jamais me trahir. Mais si la confiance est une denrée rare, comme vous dites, elle est néanmoins nécessaire afin que nous avancions vers un même objectif. Que diriez-vous du Conseil de la Main si nous nous regardions tous en chien de faïence, par exemple ? Ou même si je me cachais d’eux sous prétexte que je suis l’Oreille ? D’aucuns pourraient le voir comme légitime : moi, je le considérerais comme une décision extrême. Parfois, il faut prendre des risques pour acquérir la loyauté de ses hommes ou de ses amis. Et si nous commettons une erreur en faisant cela, rien ne nous empêche ensuite de rebondir et d’avancer, en apprenant de nos erreurs et en choisissant mieux nos confidents. Si, du moins, ils sont toujours vivant.

    Quant à Rachelle, prend-il vraiment un risque en sa présence ? Sa cécité les diminue énormément, et pourtant, là encore, le risque n’est pas nul. Il serait néanmoins fort compliquée pour la Reikoise de retrouver son timbre de voix au sein de la capitale. Du reste, celle-ci sait déjà que son handicap est un poids pour elle, inutile donc de revenir ou d’appuyer dessus, ce serait particulièrement mal venu. Dans l’immédiat, Zéphyr est davantage intéressé par ce la souris a à dire sur elle. Et il n’est pas déçu par sa réponse. Celle-ci sera longue, détaillée, minutieuse. Et pas une fois il ne l’interrompra. Ni quand la jeune femme parlera de son corps détestable, ni quand elle évoquera ses faiblesses alors qu’elle s’entrainait trois plus que ses camarades. Ses yeux s’abaisseront bien sur le sang qui perlera de ses mains à cause de ses griffes, mais Zéphyr fera comme s’il n’avait rien remarqué en la laissant continuer. Il l’écoutera ainsi raconter ses espoirs, ses désillusions, son courage à l’arrivée de la guerre, l’amertume de son impuissance ensuite, lorsqu’elle sera blessée. La guerrière se livre à lui totalement, sans aucune retenue. Seul le silence répond d’ailleurs aux propos de Rachelle, qui perçoit néanmoins la présence de l’Oreille grâce à sa respiration régulière. Et de ses yeux dorés, il regarde cette femme brisée, cette créature amère, qui a pourtant de doux rêves et une reconnaissance sincère envers son pays. Il aurait fallu qu’elle ne soit pas blessée pour qu’elle ait une autre destinée. Il aurait fallu qu’elle naisse avec un autre corps pour peut-être un jour devenir la Griffe…

    Conscient que la jeune femme ne lui a rien caché, Zéphyr ne voit pas de mal à accéder à sa demande. Son audace est certes un peu surprenante, d’autant qu’il est le maître-espion et que sa vie doit rester cachée. Mais il lui suffit de laisser planer le mystère sur certaines choses et pas sur d’autres…

    - J’ai toujours considéré qu’il y a meilleur que nous en ce monde, commence le bretteur. Meilleur dans le combat. Deydreus. Meilleur dans la filature. Orion. Aylan.  Meilleur dans la gestion d’un royaume. Ayshara. De la même manière, je considère que, bien que je sois à la pointe de mon domaine, quelqu’un peut toujours me surpasser à l’avenir. Par son expérience. Par sa longue vie… Après tout, je suis un humain, dans la trentaine qui plus est. Vous reconnaîtrez sans mal que cela reste jeune pour mon espèce. Le guerrier pose son regard sur la scène en contrebas, et continue. Je ne puis donc dire que je ne possède aucun rival, bien que je sois très rigoureux. Un jour, quelqu’un trouvera peut-être des failles dans mon réseau et peut-être qu’un jour, je ferais personnellement des erreurs, en faisant passer mes sentiments avant mon devoir. Bref, en un mot, je ne me considère pas comme infaillible, car agir comme tel est le premier pas pour aller droit dans le mur. Un léger silence, alors qu’une scène met en place des combattants dans la demeure du Régent. Quand le « combat » se calme, le maître-espion reprend. Toutefois, je reconnais que j’ai une bonne estime de moi-même. J’analyse certainement trop. J’ai trop pris l’habitude de me cacher derrière un masque poli, courtois, et en même temps impassible, pour que nul ne discerne ce que je pense, hormis mes amis les plus proches. Mais je sais que je peux faire confiance à la plupart de mes troupes – à la plupart, pas à toutes – et que quand bien même je devrais passer le flambeau demain, le réseau d’espionnage serait laissé en bon état à mon successeur. Cela donne un sentiment de satisfaction, bien qu’on doive toujours chercher à s’améliorer, à discerner les menaces qui se cachent dans l’ombre. C’est le fardeau qui est le mien, mais qui vaut la peine d’être porté pour tenter de créer un pays sûr et fort. Zéphyr pose son coude contre son accoudoir, et lève le bras avant de pauser son visage contre sa main fermée. Je suppose que nous sommes donc opposés, Rachelle. J’ai confiance en moi, je sais que je peux encore peaufiner mes techniques, que j’ai des camarades de combat avec qui partager mes idéaux pour la nation. Je n’ai pas perdu tous mes amis durant la guerre non plus. On peut donc en conclure sans mal que j’ai été favorisé par les Astres…[/b]

    L’Oreille pense d’ailleurs à ses jeunes années, et d’un air plus songeur, il reprend la parole. Conscient que parler encore un peu sortira Rachelle de son humeur maussade et lui fera oublier un temps sa condition.

    - J’ai été repéré dans le cadre de mes études à Drakstrang, et à partir de là, la voie des espions s’est facilement offerte à moi. J’ai rapidement été vu comme un élément prometteur de ma division, et comme nos professeurs ont l’œil pour repérer nos talents, ils m’ont vite encouragé à développer certaines compétences en particulier. Certaines, comme le clonage, avaient été acquise au cours de son enfance ; d’autres, comme la métamorphose, avait nécessité l’intervention de quelque mentor qui l’avait aidé à maîtriser ce nouvel atout. Il est apparu que j’avais certes un don pour attirer la confiance d’autrui, et donc recevoir des confidences, mais que je savais aussi fédérer des hommes. C’est certainement à cause de cela que mon prédécesseur m’a eu à l’œil, alors que j’étais sous la direction du Feu et que je travaillais au palais. Mais tout n’a pas été un tapis rouge pour autant.

    Lorsque Vaenys l’avait convoqué, à une époque où la famille royale l’indifférait quelque peu, Zéphyr avait fait preuve d’une audace folle en refusant d’espionner la princesse-héritière. Le « non » qui était naturellement sorti de sa bouche avait suscité l’ire légitime du Vosdraak qui, du reste, n’avait pas l’habitude qu’on refuse ses demandes. Heureusement, le guerrier avait su trouver une astuce pour justifier sa réponse, l’assistance du maître-espion restant quand même plus important que de surveiller une adolescente.

    - J’ai eu l’affront de refuser une certaine mission, ricane-t-il, et puisque la demande venait de quelqu’un de haut-placé, je n’ai pas tardé à avoir des représailles. C’est pourquoi quelques années plus tôt, j’ai été envoyé espionner les troupes de Tensai. C’était tout un autre monde… Un univers de barbares, où régnait la loi du plus fort. Plus, son armée s’est davantage… « civilisée », en incorporant des tribus lors de la Conquête. Mais cela restait un monde de violence. Où il a fallu mettre ma vie en jeu pour survivre, pour attirer l’attention du roi actuel, mais aussi me faire respecter par ses pairs.

    Vaenys avait cru que Zéphyr laisserait sa peau dans cette mission-suicide. Mais contre toute-attente, cela l’avait poussé à développer ses capacités d’analyse, d’infiltration, ainsi que ses compétences guerrières.

    - A dire vrai, cela m’a donné quelques cas de conscience. Fallait-il continuer à servir la royauté et la noblesse qui était pourrie jusqu’à la moëlle ? Ou bien servir un homme sauvage, qui voulait conquérir le trône dans le sang, mais qui avait d’autre part de réelles aptitudes à commander le pays ? Etre espion peut parfois être amer, car ça nous confronte à quelques vérités cruelles, que la populace ignore. Et il nous faut alors agir en âme et conscience. Le roi et la reine d’alorso nt trop longtemps négligé la menace qu’était Tensai. Si les Titans étaient apparus à cette époque, peut-être même auraient-iils eu la volonté de se replier sur eux-mêmes, pour se protéger, plutôt que protéger la nation elle-même. Un léger soupir s’échappe de sa bouche. Je ne peux pas dire que j’ai apprécié voir le pays à feu et à sang. Comme je n’ai pas apprécié voir l’Impératrice souffrir à cause de la trahison de son frère et de la mort de ses parents. Mais il n’en reste pas moins que le Reike marche vers un avenir prometteur grâce au couple impérial et grâce aux citoyens qui la composent. Car vous avez beau vous déprécier, vous n’en restez pas moins quelqu’un qui garder toujours l’espoir de servir une cause plus grande. Autrement, vous vous seriez ôté la vie depuis longtemps.

    Est-il direct ? Oui, assurément. Mais il faut dire que ce n’est pas une discussion où ils vont marcher sur des œufs. Si chacun s’est livré plus ou moins sur sa vie, c’est aussi le signe qu’ils parlent à bâton rompu, et le Reikois continue.

    - Savez-vous ce qu’il y a de bien avec les histoires, Rachelle ? C’est que celles-ci ne sont jamais totalement finies. Même quand on prétend qu’elles sont terminées, nous sommes toujours libres de rajouter une nouvelle section, un nouveau chapitre. Il faut juste avoir le courage de les écrire. Une pause, alors que le premier acte va bientôt se terminer. La vie ne vous a pas épargnée, et je ne peux que vous faire part de ma sollicitude face aux épreuves que vous avez traversées. Pourtant, je ne vais pas vous mentir non plus, je ne suis pas là pour vous tapoter dans le dos, en vous regardant simplement repartir à la fin de ce spectacle. Zéphyr tourne la tête vers l’hybride, qui ne peut le voir, mais qui entendra le son de sa voix tourné vers elle. Si donc je vous proposais de prendre la plume, de reprendre le combat, malgré que vous croyiez être arrivée aux dernières pages de votre vie, est-ce que vous auriez la force de ne plus regarder le passé mais l’avenir ? Vous vous jugez comme une honte. Mais si moi, je mets ma confiance en vous, est-ce que vous auriez le courage de vous considérer autrement que comme une misérable souris ?

    Un dernier silence, puis, dit sur un ton tranquille.

    - Vous savez, je considère mes subordonnés sur un même pied d’égalité, et qu’on soit une souris ou un élémentaire millénaire m’indiffère totalement, tant que je vois que mes hommes sont efficaces et s’acceptent tels qu’ils sont.
    Citoyen du Reike
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    Rachelle Virsce
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  • Mar 7 Mai - 2:13
    Le chant du renouveau


    La souris s’était muée dans un silence de tombe. La gorge sèche, elle sentait tout un tas d'émotions contradictoires en elle.  Prise entre l’envie de pleurer et de sourire, elle ne savait pas réellement comment réagir. Décidément, l’Oreille était une personne bien singulière. La leçon d’humilité qu’il venait de lui inculquer, tout en finesse, en lui faisant réaliser l’erreur de ses dernières pensées dépressives. Il n’avait pourtant pas été mesquin ni n’avait cherché spécifiquement les mots durs. La vérité pure et sincère avec juste ce qu’il fallait de mots encourageant pour forcer l’hybride à effectuer une remise en question. Il était évident que son interlocuteur maniait les mots avec une prestance qu’elle était loin de savoir égaler sans même parler de la psychologie dont il savait faire preuve. Dans ce monde, il y avait des personnes réellement hors du commun. Selon Rachelle, seul le couple impérial entrait dans cette catégorie. Du moins, jusqu'à aujourd'hui. Ainsi, elle réalisa enfin que l’écart qui la séparait de ses rêves était encore plus colossal qu’elle ne l’avait imaginé jusque-là. L’homme qui lui avait insufflé cette poussée faisait vraisemblablement partie des grands de ce monde. Ayant l’audace de faire jeu égal avec l’empereur bien que ses domaines de prédilections étaient autres.

    Lentement, le rongeur drapé de rouge passa une main sous son museau, vraisemblablement perdue dans ses pensées le temps d’organiser et de prendre une décision quant à sa réaction. Elle s’était égarée du chemin reikois et l’Oreille, tel un berger attentif, venait de lui offrir une lueur afin de rejoindre le troupeau à nouveau.
    L’être venu d’une liaison interdite s’autorisa finalement à afficher un léger sourire de sincérité sur la commissure de ses lèvres.

    —Je suis indigne de me présenter ainsi devant vous, déclara-t-elle alors, le cœur plus léger. Devant chaque coup reçu, chaque nouvelles adversités, chaque mise au tapis. Je m’étais promis de toujours m’en relever. Car telles sont les valeurs de notre nation. Nous ne sommes pas des Républicains qui nous complaisons dans notre malheur, notre honneur, notre fierté nous pousse à attraper les problèmes à bras le corps afin de les dompter. Ma plainte ne vaut finalement pas plus que celle d’un enfant capricieux. Merci de m’avoir ouvert les yeux (Un léger rire), à ce sujet. J’avais besoin d’être remis sur le droit chemin. Celui du Reike. Bien que mon histoire soit courte en comparaison à des êtres éternels, elle n’a pas encore atteint son terme et tant que ce cœur battra à l’unisson des trompettes de notre hymne, je me jetterai corps et âmes contre les ennemis de la nations. Quels qu’ils soient. Abandonner et se dire que rien ne peut changer, c’est mourir une première fois avant l’heure.

    Elle bomba le torse fièrement. Relevant la tête dans une posture qu’elle pensait avoir perdue depuis longtemps.

    Le Reike n’a pas de place pour des larmes de jalousie. Et si vous me tendez cette main, alors même que je vous ai dévoilé une partie dont je ne suis guère fière de moi-même, alors sachez que je vous ferai honneur. Je n’oublierai pas vos mots. Je dois comprendre et accepter le fait que disparaitre dans l’oubli n’est pas un mal en soit. Même si ma vie n’est qu’une note de bas de page dans l’histoire de notre nation, ce sera déjà suffisant. Notre peuple, les générations à venir, notre souveraineté revendiquée face à ces faux dieux sur le Sekai, voilà ce qui importe réellement. Vous avez choisi un rôle qui fait que votre image, votre nom ne sera jamais rendu publique. Personne ne saura jamais à part quelques personnes triées sur le volets, que vous êtes celui qui, dans l’ombre, protège le Reike des ennemis invisibles à la plupart des gens. C’est un signe d'abnégation remarquable auquel je ne peux qu’être en admiration devant. Il est aujourd’hui grand temps que je fasse taire mon égo une bonne fois pour toute. J’ai encore beaucoup à apprendre et je doute atteindre un niveau de compétence absolu, le chemin de l’apprentissage étant sans fin, mais je souhaite me mettre à votre service. J’accepte volontiers votre proposition. Je pense que j’aimerai à terme devenir comme vous. Capable d’être sereine quant à mes actions passées. Humble devant la réalité. Et prête à continuer d’avancer quelles que soient les embûches, non pas pour ma gloire personnelle, mais pour le bienfait du royaume. J’ai toujours eu à cœur notre nation, mais mes sentiments personnels entravaient mon avancée. Je voulais me venger sur la vie, prouver que je pouvais m’élever. Et maintenant ? (Elle secoua la tête. Amusée devant cette réalisation.) J’ai compris que ce qui importait, ce n’était pas la reconnaissance des autres. Nous oeuvrons à un but bien plus grand que celui de remplir nos petites idylles personnelles. Le Reike, voilà tout ce qui importe. S’il vous plaît, messire. Montrez moi la voie. Donnez-moi la force de reprendre le combat. Puissé-je me retrouver dans les ombres, je continuerais de lever ma lance face aux ennemis de la nation. Ceux dont un soldat ne peut déceler l’existence.

    Elle se leva, montrant la scène en contrebas d’un revers de la main. Sur cette dernière, se jouaient les éloges des combattants tandis que la Griffe entamait un long discours.

    —Je leur laisse la scène, dit-elle avec résolution. Je serais avec vous, dans les coulisses. Car si la scène permet de mettre en lumière nos héros, ce sont les gens de l’ombre qui s’assurent que l’histoire se déroule sans mauvaise surprise. Qu’ils brillent de mille feux, nos ombres sous leurs pieds n’en seront que plus grandes ! Et aucun danger ne saurait les prendre au dépourvu tant que nous veillerons dans l’obscurité. Ma loyauté vous est acquise. Et cela, jusqu’à ce que je rejoigne les astres.

    Elle inclina de la tête sans se courber entièrement. Conformément aux mots de cet homme qui venait de raviver le feu dans son cœur.

    —Prenez tout de même garde, plaisanta-t-elle. Je ne fais guère les choses à moitié, je pourrais très bien finir par prendre votre poste.

    Evidemment, il s’agissait d’un trait d’humour. Rachelle se rendit bien compte que son sauveur avait toutes les qualités requises pour être une Oreille exemplaire. Et désormais, elle ne chercherait plus à progresser pour sa propre image. Elle devait apprendre, s’élever. Non pas pour elle même. Mais pour le Reike. Et pour prouver à son nouveau héros, qu’il eut raison de lui accorder une telle confiance. Un jour peut-être pourrait-elle se tenir face à lui, en tant qu’égale, ayant prouvé ses capacités. Bien que ce dernier, ait décidé de la traiter en tant qu’égale selon ses dires, Rachelle ne pouvait s’empêcher de vouloir lui prouver qu’elle avait réellement les qualités requises afin d’être traitée ainsi. C’était la moindre des choses pour le remercier de ce traitement. Mais pour l’heure, le chemin était encore long. Et tout un nouveau monde venait de s’ouvrir à elle. Un monde avec des codes et des objectifs bien différents de ceux qu’elle suivait jusqu’à présent.

    Et c’est ainsi que Rachelle Virsce quitta la scène, afin de renaître dans les coulisses sous un nouvel astre. Suivant un autre rêve. Sous les ordres de l’Oreille.

    Elle s’arrêta un instant. Car une question assez importante lui restait en tête quant au discours de son nouveau supérieur. La question, tout comme la réponse, tenait en elle une certaine complexité. Complexité qui ne reposait pas sur la difficulté intrinsèque à cette dernière, mais plutôt sur ce qu’une telle question impliquait en étant posée. Néanmoins, l’Oreille l’avait déjà dans le creux de sa main. Elle lui avait déjà révélé ses craintes personnelles et se sentait en confiance devant lui.

    —Messire, commença-t-elle non sans une teinte d’hésitation dans la voix. J’aimerai revenir quant à ce qu’il s’est passé lorsque… lorsque vous avez finalement rejoint Tensai. Vous avez fait ce qui était juste. Du moins, je le pense. Le Reike en tant qu’entité n’est pas seulement représenté par deux personnes sur le trône. C’est son unité qui fait sa force. Et je comprends que vous ayez décidé de couper les fruits pourris qui pouvaient le ronger de l’intérieur. Même si ces fruits étaient au sommet. Ne vous méprenez pas. J’ai une loyauté débordante envers nos dirigeants. J’ai pu voir à l’oeuvre notre empereur une fois et il m’a même donné un ordre direct ! (Une certaine excitation se faisait entendre dans sa dernière phrase. Comme chez un enfant attendant le père Sekai.) Quant à la reine, je n’ai jamais pu la rencontrer mais les retours sur ses actes sont indéniables. Elle élève notre peuple vers le haut. Nous avons de la chance de les avoir tous deux pour nous gouverner. J’ai la ferme conviction qu’ils nous mèneront vers des des chemins pavés de gloire et aideront le Reike à prospérer. Néanmoins… (Sa voix se fit plus basse. Plus sérieuse.) Si jamais nos seigneurs se détournaient du chemin ? Ce que je dis est certainement blasphématoire, mais ce n’est qu’une supposition. D’autant plus que j’ai un espoir infini en eux, je doute que ça arrive un jour. Et pourtant, si le jour de la trahison venait à arriver. S’ils devenaient un danger pour le Reike, comme les seigneurs d’autrefois. Vous, qui êtes au plus proche d’eux. Directement au sein de la Main. Vous rangeriez vous de leur côté ? Ou prendriez vous les armes ? J’ai besoin de savoir. Notre dévotion est éternelle envers le Reike. Mais le Reike est-il seulement défini par ceux qui le gouvernent ? J’ai besoin de connaître votre point de vue sur le sujet. Qu’est-ce qui serait juste ?

    Sur cette question lourde de sens, l’hybride se reposa enfin sur son siège. Attendant la réponse de son interlocuteur avec une certaine tension.
    La réalité, c’est qu’elle ne savait pas vraiment comment répondre elle-même à la question. Devait-elle dénoncer les choix qu’elle jugeait déshonorables et à l’encontre du peuple ? Elle qui avait toujours vu June comme sa plus grande honte. Le moment où elle était allée à l’encontre des ordres pour sauver une vie innocente. Le discours de l’Oreille avait fait naître certaines interrogations chez la souris. Son acte était-il réellement injuste ? Il avait bien rejoint Tensai contre le pouvoir en place. Pour le bien du Reike. Peut-être que l’obéissance aveugle n’était pas réellement la marche à suivre. Surtout dans le corps de métier qu’elle s'apprêtait à rejoindre. Était-ce là la différence fondamentale entre elle et l’Oreille ? Elle s’était toujours comportée comme un bon chien docile, suivant les ordres sans les discuter. A l’exception d’une seule fois qui continuait de lui peser sur l’esprit. Etait-il juste de braver les ordres de personnes qu’elle admire ? Si oui, était-ce acceptable de le faire et dans quelles conditions ? La nation restait ce qu’il y avait de plus important pour elle et avait besoin de l’éclaircissement de son supérieur à ce sujet.

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    Noble du Reike
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    Zéphyr Zoldyck
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  • Sam 18 Mai - 17:17
    "Abandonner, c’est mourir une première fois avant l’heure. Sur ce point, Rachelle avait raison. Renoncer à avoir des rêves, renoncer à atteindre ses objectifs, refuser même à chercher une solution à ses problèmes, c’était se laisser dépérir trop vite, trop rapidement. Cela revenait à entrer dans un cercle vicieux qui n’avait pas fin, car une pensée négative ne faisait voir le monde qu’avec les couleurs ternes et sombres. Zéphyr avait donné son point de vue de manière honnête, il avait même dévoilé un pan de son histoire, chose qu’il ne faisait que rarement. Seuls ses amis les plus proches – Ayshara, Deydreus, Eris, Orion – en savait plus sur l’homme qu’il était. Cela pouvait paraître contrintuitif de se livrer ainsi à une inconnue, mais l’honnêteté et l’ouverture dont elle avait fait preuve l’avait étrangement poussé à lui rendre la pareille. Il ne savait pas bien s’il avait laissé transparaître dans son discours une détermination sans faille, mais par contre, il avait insisté sur le fait que rien n’était écrit d’avance, si on avait la ferme volonté d’avancer, avec ses forces et ses faiblesses, ses victoires et ses échecs.

    Apparemment, ses propos avaient trouvé un écho à son interlocutrice, puisqu’elle le remercia de lui avoir ouvert les yeux et de l’avoir remise dans le droit chemin. D’avachie et résignée, l’hybride devint droite et fière, on aurait même dit qu’une flamme s’était allumée dans son regard. Silencieux, l’Oreille observait cette transformation : il l’écouta aussi sans l’interrompre, cherchant le moindre signe d’hésitation chez son homologue. Il en avait vu, des Reikois déterminés, qui s’étaient éteints après le premier coup d’enthousiasme : parce qu’ils n’avaient pas mesuré suffisamment leurs forces, parce qu’ils pensaient que tout serait facile, qu’ils vaincraient les épreuves facilement. Mais le maître-espion ne trouvait pas, chez Rachelle, cet entrain factice, qui serait noyé à la première désillusion. Peut-être parce qu’elle avait déjà été ensevelie par la souffrance, qu’elle connaissait donc tous les ravages de la dépression. La douleur l’avait travaillée comme l'or au milieu du creuset, et cela l’avait rendue paradoxalement plus forte.

    Il ne lui avait fallu, en définitive, que quelqu’un qui l’aidât à sortir du trou dans lequel elle était tombée. Le reste, c’était bien la guerrière qui l’avait accompli, en réveillant sa volonté bien longtemps endormie. Si le ministre l’avait aidée à faire le premier pas, ceux qui avaient suivi, c’était elle qui les avait accomplis.

    Et il se demandait bien si sa marche, pour le moment hésitante, ne deviendrait pas de plus en plus assurée au fil du temps.

    - Alors si vous êtes résolue, qu’il soit fait comme vous le désirez. Je vous prendrai sous ma protection et vous ferai entrer dans le monde des espions.

    Il n’y a pas de cérémonial ici : pas de demande de génuflexion, pas de serment d’allégeance, car Zéphyr estime que ce n’est pas nécessaire. La discussion qu’il vienne d’avoir, du reste, est suffisamment franche et sincère pour se passer de telles procédures. Silencieux, le bretteur écoute encore Rachelle lorsqu’elle désigne les troupes de l’armée régulière en contrebas, affirmant qu’elle leur laisse la place pendant qu’eux continueront à agir en toute discrétion. Il est naturel que le chef des assassins ne peut qu’adhérer à son point de vue, et plus il l’entend, plus il perçoit sa ferme résolution dans sa voix et dans ses yeux éteints. Oui, l’hybride semble réellement avoir retrouvé une part d’elle-même. Seul l’avenir leur dira si elle saura persévérer sur son nouveau chemin.

    Un sourire répond enfin à sa dernière plaisanterie, et bien que la Reikoise ne puisse le voir, elle percevra toutefois un brin d’espièglerie dans la répartie de Zéphyr.

    - Dois-je considérer que j’ai devant moi mon successeur ? Je n’en serais que plus exigeant, alors.

    Evidemment, tous deux n’en sont pas là. Au contraire, il y a encore quelques derniers détails à régler, avant que l’Oreille ne dévoile à sa nouvelle subalterne le fonctionnement de son réseau. Mais contre toute-attente, il n’a pas le temps de les aborder. Cette fois, c’est Rachelle qui reprend la parole, après qu’un silence ténu se soit installé entre eux. L’homme aux yeux ambrés est un peu surpris, mais sentant de l’hésitation dans sa voix, il la laisse faire. Si la jeune espionne a le moindre doute, il faut qu’elle s’exprime. D’ailleurs, c’est une bonne chose qu’elle ait ouvert la bouche de sa propre initiative. Cela veut dire qu’elle a assez de courage pour dévoiler ses idées, ses analyses, ses stratégies, et cela est nécessaire dans leur univers. Sa curiosité et son attention éveillées, Zéphyr regarde l’hybride et l’entend revenir sur son changement de camp. Son allégeance à Tensai plutôt qu’à celle des Draknys. Il l’écoute parler de leurs dirigeants actuels, sourit légèrement quand elle paraît rajeunir en évoquant l’ordre qu’elle a reçu de l’Empereur, acquiesce de manière imperceptible quand elle parle de son amie, Ayshara. Puis, il l’écoute baisser la voix et là, son sourire disparaît. Ses yeux se froncent légèrement face à la complexité de sa question, et un silence s’installe temporairement dans la conversation, pendant lequel on entend que la voix des acteurs en contrebas. Ce n’est pas que son interrogation le fâche, c’est qu’elle mérite une réflexion approfondie, avant de dire quoi que ce soit.

    Puis, finalement, alors qu’une certaine tension s’est installée, l’homme déclare :

    - Cela peut toujours arriver.

    Ce n’est pas que cette perspective l’enthousiasme, bien au contraire, mais l’Oreille est quelqu’un de pragmatique et de lucide : il peut donc concevoir que, comme les Draknys avant eux, les Ryssen s’écartent du droit chemin, au mépris de leurs devoirs et de leur peuple.

    - Il n’est jamais impossible que des dirigeants deviennent mauvais. Tensai, particulièrement, est déjà un personnage controversé. C’est un roi juste, mais impitoyable et brutal, surtout envers les ennemis de notre nation. C’est un homme qui a de l’honneur, mais c’est aussi quelqu’un qui sait commander la mise à mort d’un sujet, d’un village, d’une ville entière sans sourciller. Ayshara… n’a pas toutes ses tares. Mais elle est la plus empathique et la plus naïve à cause de sa jeunesse. Cela pourrait toujours lui jouer des tours, lui donner un goût amer, lui ôter l’envie d’être droite et sincère envers son pays. Elle a déjà été trahie par son propre frère et a été enfermée dans une cage dorée pendant toute sa vie. Alors oui, l’envie de rejeter le poids de la Couronne lui arrivera, encore et encore. Et puis, il y a leur enfant… Le regard de Zéphyr s’assombrit. C’est la joie et l’angoisse de chaque parent. Il suffirait qu’on ôte la vie du prince pour que l’Empereur entre dans une rage destructrice. Non, il suffirait même qu’on essaie d’attenter à leur vie pour que cela arrive. Et Ayshara elle-même serait dévastée par la perte de son premier-né.

    Le tableau dressé par le maître-espion est sombre, c’est vrai, mais la question de Rachelle l’est tout autant.

    - Alors que faire s’ils deviennent ténèbres plutôt que lumière ? Sachant que tout n’est jamais entièrement noir ou blanc dans ce monde. Le ministre se tait, réfléchissant lui-même à la question. Couper le fruit de l’arbre serait beaucoup trop radical. Avant d’en venir à de telles extrémités, il faut sonder, analyser, parler, essayer de faire entendre raison à ses souverains. Savez-vous ce qui était le plus agaçant venant de nos anciens rois ? C’est qu’ils n’écoutaient pas les rapports alarmants de l’ancienne Griffe et de l’ancien maître-espion. Un barbare se trouvait à leurs portes, et remportaient victoire après victoire. Mais ils préféraient croire que tout serait résolu rapidement, et que si ce n’était pas le cas maintenant, leur armée se dissoudrait quand même face à Taisen et Kyouji. L’histoire leur a malheureusement donné tort… Pourtant, je pense que les ministres ont eu raison de vouloir leur parler, de les encourager à agir autrement avant que l’inévitable n’arrive. Un léger silence. Je pense que moi aussi, je ferais de même. Et si je voyais que, durant une audience impériale, je n’arriverais à rien tout seul, je mettrais alors le sujet au Conseil de la Main, aux côtés de mes autres confrères. Quand on ne peut être assez convaincant tout seul, on peut l’être lorsqu’on est en groupe, avec des témoins qui servent les intérêts de l’Empire. Si, du reste, ce serait moi qui ferait une erreur de jugement, j’estime que la Griffe, l’Esprit, la Voix, et le Cœur sauraient me ramener à la raison.

    C’était une première chose.

    - Mais imaginons que ce soit Tensai et Ayshara qui deviennent des tyrans et qu’ils n’écoutent pas nos conseils. Imaginons encore que les faits soient avérés et incontestables. Avant d’en arriver au choix cornélien de les trahir, je suis quasiment certain que Deydreus et moi-même, au moins, chercherions à limiter la casse, à faire passer des mesures pour défendre les intérêts de l’Empire, et nous chercherions d’autant plus à nommer des agents de confiance, qui puissent nous aider en ce but. Cyradil nous épaulerait certainement. Genryusai n’hésiterait certainement pas à donner son point de vue à la royauté, dû-t-il être cassant à souhait. Et de ce que je connais du Grand Argentier, je pense qu’il serait fidèle à sa fonction en donnant l’état exact de nos finances. A dire s’il se liguerait contre nos souverains, je n’en suis pas sûr. Zéphyr soupire. Ce qui est certain, c’est que les choses bougeraient en haut lieu si le roi et la reine devaient filer du mauvais coton. En tant que ministres, nous n’aurions aucun scrupule à prendre les décisions nécessaires, dans la mesure de nos possibilités. Cependant… Si malgré ça ils devaient persévérer dans la mauvaise voie… Cette fois, il ricane. Votre question est sordide, Rachelle. C’est peut-être la première fois que je me demande si je serais prêt à prendre les armes contre eux, depuis qu’ils sont montés sur le trône. Sans aucun doute à cause du respect qu’il leur voue. En tous les cas, son sourire s’efface rapidement alors qu’il continue. Je pense que ce serait le cas. J’ai su le faire une fois, à cause de l’inertie, de l’aveuglement des Draknys ainsi qu’à cause de l’embourgeoisement de la noblesse. Je saurais le faire une deuxième fois… Mais cela m’arracherait alors bien plus le cœur qu’il y a cinq ans. J’ai beau être le maître-assassin, je reste un homme, et tuer des innocents, comme des amis que je respecte, est quelque chose qui m’insupporte. Je n’en tirerais aucune joie, juste une profonde tristesse. Et pourtant, ce rôle m’incomberait certainement à moi et à sieur Fictilem. Zéphyr croise les genoux et apporte ensuite une nuance à son discours. Naturellement, il y a d’autres voies que l’assassinat pur et simple. Mais l’un et l’autre sont le meilleur guerrier et la meilleure magicienne de leur époque. En tant qu’ami, je préférais qu’ils soient jugés, détrônés, et mis hors d’état de nuire. Toutefois, s’ils devaient émettre des résistances, et causer une purge dans leur propre peuple – l’exemple est extrême mais c’est voulu – je ne resterai pas les bras croisés à acquiescer. S’ils devenaient un danger véritable, il me faudrait envisager de les éliminer. Bien que Rachelle ne puisse pas le voir, Zéphyr tourne son regard vers elle. Pour vous répondre, je vous dirai donc que nous ne devons pas avoir une obéissance aveugle envers nos dirigeants. Cela, un espion plus que quiconque doit le garder à l’esprit. Imaginez que je vous dise d’abattre un seigneur local, parce que, selon mes informations, il est allié avec des fanatiques divinistes. Imaginez ensuite qu’une fois sur place, vous découvriez que tout cela est faux, qu’il joue un double-jeu pour découvrir leurs plans et leurs intentions. Mon ordre serait-il toujours d’application ? Qu’en pensez-vous Rachelle ? Comment agiriez-vous ?
    Il vient de parler longtemps, c’est maintenant à son tour de lui livrer sa réflexion. Mais, sur un autre registre, Zéphyr a lui aussi quelques points à lui présenter.

    - En toute logique, je devrais vous faire entrer par la petite porte, et vous devriez suivre quelques mois, voire quelques années d’apprentissage, en fonction de vos compétences. Mais les retours que j’ai reçus sur votre compte sont plutôt positifs. Aussi, bien que ce soit inhabituel, que diriez-vous d’apprendre le métier parmi mes hommes de main ? J’ai rassemblé autour de moi les meilleurs, ceux qu’on appelle les Sentinelles des Ombres. Ils vous apprendront les ficelles du métier. Ce sera plus rude, plus dangereux, plus épuisant qu’un parcours lambda. Mais vous n’en serez que plus efficace et plus opérationnelle à l’avenir. Ils sauront aussi bien voir quelle est votre spécialité en particulier… A moins que vous n’ayez déjà eu une idée de ce que vous voulez accomplir, en fonction de vos talents ? Il y a de nombreuses missions que peut avoir un espion, entre l’assassinat, le sauvetage, l’infiltration, et j’en passe des autres. Je peux vous les décrire pendant que la pièce se finit. Pièce qu’ils n’avaient pas vraiment écoutée, au demeurant, mais ça n’avait jamais été leurs objectifs. Quant à vos yeux… Que pouvez-vous me dire sur votre cécité, Rachelle ?

    L’homme avait bien une idée derrière la tête, mais autant laisser parler la souris avant d’aller plus loin.
    Citoyen du Reike
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    Rachelle Virsce
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  • Jeu 6 Juin - 9:56
    Le chant du renouveau


    Écoutant le long discours de l’Oreille quant à ses convictions, son dilemme et enfin sa résolution, fît comprendre à la souris que tout était bien plus compliquée qu’elle ne le pensait. Buvant les paroles de l’orateur sans y perdre un mot, elle commençait à comprendre ce qu’essayait de dire le maître espion. De toute évidence, bien qui feignait la réflexion, la réponse était déjà inscrite dans son cœur depuis bien longtemps. Il était un homme qui savait faire la part des choses. Un homme juste mais surtout, un véritable reikois. Ainsi, il était possible de porter le blason de l’honneur même pour quelqu’un agissant depuis les coulisses, attaquant et protégeant depuis les ombres. La souris ne put s’empêcher d’afficher un léger sourire qu’elle tenta de cacher en baissant la tête. Maintenant, elle en était plus que certaine. Cette réponse était celle qu’elle attendait. Celle qui finissait de dissiper ses doutes sur ce qui était juste ou non. Celle qui encrait en elle une définition absolue sur ce que signifiait être un véritable reikois.
    Et pour cet homme, Rachelle était à présent certaine d’être prête à vivre et mourir sous ses ordres.

    —Merci, dit-elle finalement après une pause. Je pense que je comprends votre pensée. La force du Reike réside dans son unicité. Ainsi, si les scénarios les plus catastrophiques se produisent, il y aura toujours un filet de sécurité pour nous éviter la condamnation. Je veux placer ma confiance dans le fait que le couple impérial continuera de nous guider à travers la brumes causée par nos ennemis afin de rejoindre des sommets toujours plus hauts et maintenant que je comprends mieux ce qui fait la force de notre nation, je peux dire apaisée, et sans la moindre once de doute, que je tirerai ma lance pour les valeurs du Reike sans la moindre hésitation. Puisse l’ennemi survenir de l’intérieur, vous pourrez compter sur moi pour vous épauler afin de rappeler à nos alliés de jadis ce que signifie être un reikois. Puissions nous échouer à leur faire entendre raison, je me rangerai dans votre ombre afin de vous soutenir dans la lourde tâche qui est de faire ce qui est honorable pour la nation. (Elle laissa sa voix en suspens quelques instants avant de se dresser de nouveau droite, signe d’une confiance aveugle.) Et si jamais vous veniez à faillir à votre travail, alors je partirai à la recherche de ceux capables de vous faire entendre raison. J’irai supplier le couple impérial en personne s’il le faut ! Car c’est un ainsi que fonctionne notre nation. Dans l’unicité. Nous donnons notre confiance autant que nous recevons celle de nos alliés. Je continue néanmoins de penser que ces scénarios n’ont pratiquement aucune chance de se produire mais vous voir prêt à agir au cas où la tragédie viendrait à nos portes ne fait que me conforter dans l’idée de travailler sous vos directives. Car c’est justement de cette confiance solide et mutuelle que notre nation s’est élevée dans les braises tels un Phoenix. Notre empereur est certes un guerrier qui a pris le pouvoir par la force, il reste plus honnête que ses prédécesseurs. Le Reike est plus complexe que ce que peuvent en penser ces idiots de républicains. (La pique était gratuite.) Nous marchons ensemble vers une destination commune. Tendant la main aux nôtres qui se détournent du chemin. Mais dire que nous le faisons par bonté de cœur serait une erreur. Nous sommes fiers et justes, certes, mais si le Reike est capable d’une telle unicité, c’est avant tout pour se protéger lui-même. Nous sommes tous à bord d’un immense navire ou chacun porte une partie des responsabilités d’arriver à bon port. Nous ne pouvons pas nous permettre de vivre dans le doute. Le Reike sortira victorieux de ce voyage, avec à son bord le couple royal et la main. Enlever une de ces valeurs équivaudrait à mettre en danger l’entièreté de l’expédition. Du moins, c’est comme ça que je le sens. En réalité, aucun reikois n’est réellement seul. (Elle croisa les bras, pensive.) Je place ma confiance en vous dans le cadre d’un souci avec la main ou nos suzerains. En échange, je vous promets de vous ramener vers l’honneur si vous vous détournez du chemin.

    Elle afficha alors un sourire ferme. Le sujet ne s’arrêtait pas ici. Et bien qu’auparavant, l’idée de désobéir à un ordre lui était impossible et continuait de la hanter, les mots de son supérieur avaient éveillé en l’hybride un certain sens critique. Que ferait-elle si son supérieur direct lui demandait d’assassiner un homme qui s'avérerait finalement innocent ? La petite souris d’avant sa rencontre se serait murée dans une inaction. Incapable d’agir sans confirmation. Incapable de prendre la moindre initiative. Mais aujourd’hui, ce n’était clairement plus le cas.

    —Monsieur, reprit-elle en posant une main sous son museau. J’ai toujours pensé que ma place était celle d’un instrument pointée vers les ennemis de la nation. Je pensais qu’il s’agissait pour moi de la seule manière de grimper et de devenir quelqu’un. L’obéissance aveugle d’une arme se battant pour les valeurs de son pays. Et ô combien j’avais tort. Cette question m’aurait été posée il y a plusieurs années, vous m’auriez vu bien incapable de vous produire une réponse claire. Aujourd’hui, ma réponse ne sera certainement pas exempte de défaut, pourtant, elle sera mienne et mienne seule. Je peux donc vous la délivrer sans la moindre hésitation. S’il s’avère que la personne dont je dois prendre la vie s’avère être innocente et en plus de ça un allié. Je refuserai d’agir. Au contraire, je tenterai de l’aider dans sa tâche. Peut-être qu’en échappant de justesse à un assassinat, les divinistes penseront qu’il est une menace pour le Reike et seront plus à même de lui faire confiance. Je reviendrai ensuite vers vous pour vous faire part des nouvelles informations afin que nous puissions établir un nouveau plan d’action.

    Ainsi, désobéir aux ordres n’était pas forcément gage de trahison si ces derniers étaient injustes. Instantanément, un poids s’envola des épaules de la souris. Sauver June, aller à l’encontre des ordres ne reflétait pas d’une incapacité à suivre le code d’honneur reikois. Bien au contraire. L’ordre d’abattre une gamine qui n’avait rien fait si ce n’était naître dans la mauvaise famille était des plus glauques. Et sans ces chaînes du passé qui revenaient sans cesse la hanter, Rachelle pouvait enfin embrasser pleinement la reikoise qu’elle désirait être. Son sourire se fit des plus éclatants et elle semblait avoir du mal à cacher sa joie. Le poids de plusieurs années, hantée à l’idée d’avoir trahi sa nation, venait de s’envoler avec une facilité déconcertante. Encore une fois grâce à son interlocuteur qui balayait à chaque réplique un nuage gris de l’horizon de la souris. Il lui avait reconnu des compétences, lui avait offert un but, un métier, des réponses quant à ce qui était juste ou non, l’avait aidé à définir ce qu’était un reikois et enfin, venait de dissoudre en une simple question, cette hantise qui la poursuivait depuis si longtemps. Plus que jamais, Rachelle était prête à repartir arme en mains pour les intérêts du Reike. Autrefois véritable groupie de Tensai, le maître espion venait de voler la place de son roi dans les yeux de la souris. Et voilà que pour enfoncer le clou, ce dernier lui proposait d’arpenter un parcours inhabituel, plus rapide, plus efficace.

    —Je ne saurai vous remercier pour tout ce que vous avez fait et continuez de faire pour moi. Sachez que je ris devant le danger ! Puissé-je m’écrouler cent fois ! Je m’en relèverai tout autant de fois ! Et si je dois travailler trois fois plus que chacun de vos hommes pour parvenir à un résultat acceptable, non… je ne vise pas un simple résultat acceptable. Je ferais honneur à la confiance que vous avez placé en moi. Je ne peux pas m’effondrer alors que je suis moi même un engrenage de notre nation. Aucun de nous n’a le droit d’abandonner ou de s’écrouler sans se relever. Ce serait mettre en péril le reste du Reike. Donc, si je dois travailler plus que quiconque afin de dépasser vos attentes, alors je me jetterai corps et âme dans l'apprentissage. Vos hommes pourront user de toute la malice et la sévérité qu’ils désirent, je garderai la tête haute, accomplissant mes tâches sans faillir les unes après les autres. Quant à mes capacités… (Elle se retint de lui dire que n’importe quelle tâche lui allait tant qu’elle pourrait le rendre fier et finit par répondre honnêtement.) Je peux toucher à tout. Je n’ai pas peur d’ôter des vies, je n’ai pas pour autant le goût du sang prononcé de l’escouade d’élite des dévoreurs et peut très bien apprendre certains stratagèmes afin de récupérer certaines informations. La guerre m’a cependant appris une chose. Je peux certes me débrouiller lors de duel, profitant de mon agilité. Je suis un fardeau pour mes alliés lors des batailles rangées. Mais heureusement, ce n’est pas la tâche d’un espion, n’est-ce pas ? Quoi qu’il en soit, je veux travailler pour vous. C’est peut-être prétentieux de ma part, mais j’aimerai être votre joker. Utilisez moi comme bon vous semble, quelle que soit la mission, je m’en acquitterai. Sachez toutefois que je compte accompagner cette proposition pompeuse par des actes. Après tout, les mots ne valent rien sans actes. Laissez moi un mois, et vos hommes vous diront que vous pouvez compter sur moi. Je ne reviens jamais sur ce genre de promesses. Puissent les astres m’en être témoins.

    Il n’y avait plus l’ombre d’un doute dans sa voix. L’Oreille les avait tous chassés un à un. Il ne restait plus qu’une confiance aveugle en son nouveau supérieur ainsi qu’une envie irrépressible de lui prouver ses compétences. Elle était prête à se mettre dès aujourd’hui à l'entraînement. Néanmoins, ce dernier souhaitait élucider une dernière question quant à sa cécité. L’hybride grimaça de mécontentement. Elle avait oublié ce détail dans sa motivation sans fin. Sa cécité pourrait la brider grandement dans son travail et de nombreuses informations pouvaient lui passer sous le nez par cette absence de vue. Elle se devait d’être complètement honnête. La confiance allait dans les deux sens et elle ne se voyait pas capable de mentir à son sauveur.

    —Je me déplace avec mes autres sens, avoua-t-elle finalement. Etant une hybride, ces derniers ont toujours été particulièrement aiguisés chez moi. J’ai déjà pu me battre en me reposant sur mon ouïe et mon odorat mais je suis incapable d’user de magie pour émuler complètement mes globes occulaires. Je ne vais pas vous mentir monsieur, je suis bien moins compétente sans ma vue. Si je m’étais battu au front sans cette dernière lors de la précédente guerre, je suis certaine que j’aurai sombré au côté de mes frères et sœurs soldats. Ca, couplé à mon manque d'entraînement, font que la souris que j’étais il y a cinq ans ne ferait qu’une bouchée de celle que je suis aujourd’hui. Pourtant, j’ai les idées plus claires que jamais. Je ne suis pas de ceux qui se fourvoient sur leur handicap. Oui, je serais plus compétente si j’étais en capacité de voir. Malheureusement, ce n’est pas le cas et je ne connais aucun remède qui ferait repousser mes globes oculaires. (Elle leva un doigt griffu. Attestant que sa réflexion n’était pas terminée.) Cependant ! Vous ne m’avez pas sorti des abîmes pour que j’y replonge à cause de ma cécité. Sachez que je m’adapterai. Je n’aurai pas le niveau que je pourrais avoir, mais je cracherai sueur et sang pour combler au maximum cet écart. C’est ainsi que je vois ma cécité, ni plus ni moins. (Elle se targua d’un sourire.) Bien sûr, si vous connaissez un remède, je suis preneuse. Mais si ce n’est pas le cas, je ferais tout pour que ça ne vienne pas entacher mon travail, je vous en fais la promesse sincère.

    Elle hocha finalement de la tête. Il semblerait que la pièce arrivait à son terme en contrebas. Preuve de sa résolution, elle ajouta.

    —Je suis prête à commencer l’entrainement dès maintenant.

    Ainsi, la souris embrassa totalement cette renaissance. De nouveau droite et intègre, gonflée d’honneur et de justice. Elle était prête à lever de nouveau sa lance pour les valeurs de la nation. Fusse-t-elle dans l’ombre, elle n’avait pas besoin de reconnaissance. L’intégrité du Reike était tout ce dont elle avait besoin.

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    Noble du Reike
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    Zéphyr Zoldyck
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  • Lun 17 Juin - 18:51
    Attentif, Zéphyr écoute. Rachelle ne le voit pas, mais il la dévisage de son regard ambré, comme s’il voulait lire au plus profond de son âme. Il faut dire que ce n’est pas lui, habituellement, qui recrute ses espions : ceux-ci sont plutôt sélectionnés à Drakstrang, après quoi ils commencent à s’illustrer grâce à leurs compétences et leurs missions. Il est donc inhabituel que le maître-assassin fasse le déplacement, et ceci explique peut-être pourquoi il est si vigilant face aux propos qu’il entend. Mais, plus leur entretien continue, plus il est satisfait. Peut-être à cause de l’honnêteté, de la franchise de la souris. Peut-être aussi à cause de la foi inébranlable qu’elle démontre. Il est cocasse de voir le changement de l’hybride : autant cette dernière n’était pas forcément assurée au début de la pièce de théâtre, autant la Reikoise semble désormais oublier ses doutes les uns après les autres. C’est une bonne chose, car Zéphyr n’a que faire d’un agent en proie aux remords et aux scrupules. Il peut les comprendre, il peut les adoucir, il peut les tempérer, même, mais si son protégé tressaille au moindre murmure de sa conscience tous les deux jours, alors assurément, cette âme-là n’est pas faite pour le métier d’espion.

    Rachelle, à ce niveau, est différente. Par son vécu d’abord, par son caractère ensuite. Oui, elle avait eu des réflexions sur ce qui était juste et ce qui ne l’était pas. Oui, elle s’était bien interrogée sur la valeur de l’obéissance, et elle avait même eu l’audace d’imaginer ses souverains sortir du droit chemin. Mais tout cela, en définitive, n’avait jamais été fait dans un esprit de rébellion. Quand à son attitude, Zéphyr n’avait fait qu’embraser des braises endormies, que la jeune femme croyait définitivement enterrée sous la cendre. L’homme avait soufflé le premier sur ces flammes mourantes pour redonner de la vigueur à son feu intérieur ; le reste, c’était Rachelle qui l’avait accompli, et maintenant, l’Oreille avait le sentiment d’avoir sous les yeux une fille de l’Empire, qui ne trahirait jamais sa nation.

    - Je rejoins votre analyse, et j’approuve vos paroles, finit par acquiescer le conseiller royal. Vous avez raison. La force de l’Empire se trouve dans notre capacités à s’épauler et à se rappeler à l’ordre les uns les autres. L’un d’entre nous ferait une erreur que nous n’hésiterions pas à le reprendre, dut-il être haut-placé. Nous le ferions pas forcément par gaïeté de cœur ou par bonté d’âme, comme vous l’avez dit, mais parce que chacun a ses responsabilités et ses devoirs, et parce que nous partageons les mêmes objectifs, sinon les mêmes valeurs. Puis, leur monde était si hostile que, si l’un faillait à son devoir, le navire risquait d’aller s’échouer sur des récifs, avec des dégâts considérables. Quoi qu’il en soit, un sourire un peu plus doux apparaît sur ces traits. Je prends note de vos promesses et je compte sur vous pour les tenir, Rachelle.

    Le Zéphyr d’aujourd’hui n’envisageait pas du tout de trahir le Reike ou de tourner le dos à son devoir, mais on ne savait pas de quoi demain était fait et quelle sombre magie pouvait être utilisée par leurs ennemis. Savoir qu’il y aurait toujours des personnes pour le conseiller ou le retrouver et lui faire changer de voie avait quelque chose de réconfortant, qui permettait aussi de mieux supporter le fardeau du pouvoir.

    Le bretteur écoute ensuite son homologue s’exprimer sur le dilemme qu’il lui a proposé. Le maître-espion l’écoute raconter qu’elle aurait été auparavant un simple instrument, que Rachelle aurait obéi de manière aveugle, sans se dire qu’il existait une troisième voie. Mais la souffrance a forgé son caractère. Son handicap et sa volonté de s’en sortir l’ont changée si bien que désormais, elle l’aurait laissé en vie, jusqu’à ce qu’elle revienne vers Zéphyr pour qu’ils établissent un nouveau plan d’action.

    - C’est une bonne réponse. C’est cela que j’attends d’un espion. L’Oreille détourne légèrement son regard pour regarder la pièce en contrebas et il continue. Contrairement aux soldats de la Griffe, qui se doivent d’obéir, même si les ordres leur déplait, il nous est laissé une plus grande marge d’action. J’attends obéissance, bien sûr, mais je ne demande jamais une obéissance servile et idiote. L’intelligence doit aller de pair avec notre mission. Tant que vous me justifiez vos actes, je peux comprendre bien des choses. C’est si vous agissez sans raison que je sanctionne une telle attitude, parce que cela peut mettre en péril aussi bien la vie de votre collègue que la sécurité de la nation.

    Du coin de l’œil, le guerrier voit de plus en plus la souris devenir droite et trépigner d’une joie qu’elle refoule à grande peine. Le ministre fait mine de ne pas s’en rendre compte, mais il se dit pour lui-même que son évolution est de plus en plus flagrante : l’hybride qui est entrée, et la rongeuse qu’il a maintenant sous les yeux sont totalement différentes.

    - Vous me remercierez, Rachelle, en gardant toujours dans le cœur cette foi inébranlable que vous ressentez maintenant, peu importe les difficultés qui se présenteront devant vous. Et vous me remercierez, bien sûr, en me prouvant que je peux compter sur vous et en étant un modèle pour vos camarades. Les Astres seuls savaient à quel point un modèle pouvait encourager des soldats plus fragiles ou plus instables. La Reikoise ne peut le voir sourire, pourtant, elle sentira dans son ton une intonation ouverte et aimable, alors qu’il semble étudier ses compétences. Nous agissons dans l’ombre. Les batailles rangées ne sont pas pour nous. Au maximum pouvons-nous servir d’éclaireurs et aider les troupes régulières de cette façon… En éliminant des points stratégiques en passant. Quant aux Dévoreurs, eussé-je du respect pour leur chef et une amitié pour celui-ci, jamais je n’aurais non plus leur faim des massacres et des combats. Ôter une vie ne me fait jamais plaisir, surtout quand celle-ci est une âme d’un simple civil. Et pourtant, ce qui devait être fait devait être fait, il le prouverait lors de l’annihilation du Nouvel Ordre. Toujours est-il que Zéphyr est concentré et il continue : Je note que vous pourriez avoir une facilité pour l’assassinat, mais je demanderai quand même à mes subordonnés de vous tester le plus possible. Vous me communiquerez plus tard vos conclusions et la spécialisation qui vous semble le mieux vous correspondre. Une légère pause, pendant laquelle Rachelle lui signale sa ferme volonté de travailler pour lui, et de lui prouver sa détermination par des actes. Silencieusement, le maître-espion opine du chef, et il déclare : En ce cas, considérez que je me renseignerai personnellement sur vos progrès et que j’attends avoir des résultats exemplaires. Voilà qui lui mettrait la pression, mais voilà ce qui serait aussi une belle source de motivation. Quant à sa cécité… La guerrière grimace, mais ne se dédouane pas, ne cherche pas à minimiser le poids de ses yeux aveugles. Elle avoue même ne pas être au même niveau que l’assassin qu’elle était il y a cinq ans. Pour autant, la fille du désert insiste directement après sur ses capacités d’adaptation et tout, dans ses paroles, montre sa grande résilience. Cela crée une certaine réflexion chez Zéphyr, et quand son interlocutrice parle d’un remède, il ne lui cache pas qu’il a une idée derrière la tête. J’ai peut-être bien une idée, mais je dois me renseigner. Après tout, il ne pouvait pas lui faire des promesses sans s’être préalablement entretenu avec la belle aux yeux améthystes. Même s’il croit déjà entendre sa réponse, ainsi que ses doux reproches de ne pas lui avoir emmené Rachelle plus rapidement auprès d’elle. Je vous dirai ce qu’il en est dans un mois. Gardez à l’esprit que tout espoir n’est pas perdu, mais entrainez-vous comme si vous deviez encore supporter votre cécité pendant longtemps. Dussiez-vous retrouver la vue, ces ténèbres qui vous ont habitées constitueront une force, car vous auriez appris à vous priver d’un de vos sens pour survivre et appréhender votre environnement.

    Des applaudissements en contrebas viennent lui indiquer que la pièce est finie, et pour la forme, l’Oreille en vient lui aussi à faire de même. Pour autant, son esprit est loin, très loin du Chant de Sable d’Or.

    - Je suis satisfait de notre rencontre, Rachelle, déclare-t-il honnêtement, quand les acclamations se sont atténuées. J’ai vu en vous, non pas une pitoyable souris qui pleure sur elle-même, mais l’âme d’une véritable Reikoise, qui n’attend que l’occasion de faire ses preuves. Alors levez-vous, et bientôt, vous pourrez même prouver à nos souverains que je n’ai pas eu  tort de croire en vous.

    L’hybride ne se doute pas qu’elle doit le prendre au mot, et que dans peu de temps, elle s’inclinera certainement devant le couple de cette nation.

    D’un geste, Zéphyr se lève, et il se tourne vers la demoiselle.

    - Je vais prendre congé en premier. Je dirai à votre ami de venir vous chercher, et à la sortie, une de mes Sentinelles vous prendra sous son aile. Votre entrainement commence dès maintenant, ma chère. Un temps de silence, pour lui laisser le temps d’assimiler cette nouvelle. Puis, vient une promesse, aussi claire et limpide que l’eau pure du désert. Nous nous reverrons bientôt. D’ici là, portez-vous bien et donnez le meilleur de vous-mêmes.

    Sur ces mots, l’Oreille se retire, avec un sourire satisfait sur les lèvres.

    Son instinct lui souffle qu’il s’est trouvé une solide alliée, et l’avenir ne risque pas de le détromper.
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