— BRISÉE : La femme n'a plus de parents. Elle a perdu l'être qui comptait le plus à ses yeux, il lui a été arraché par la folie des hommes. Plus jamais, elle ne sera la Wilhelmina joyeuse et rieuse et qui profitait de la vie avec ses proches. Aujourd'hui, c'est une femme brisée qui survit dans ce monde qui ne mériterait pas d'exister. Elle pourrait mettre un terme à cette existence et ainsi en finir définitivement avec sa peine, mais elle en est incapable, car elle a une mission : que son drame ne se reproduise plus.

— FROIDE : Wilhelmina est une personne peu sociable, qui ne montre plus ses sentiments devant autrui. Cette froideur est le résultat de douze années de douleurs incessantes. Cette nature froide est un atout pour son métier de Contrôleuse Royale qui demande de ne pas faire appel à ses sentiments devant certaines situations et d’appliquer froidement et avec rigueur les lois.

— MÉTICULEUSE : Depuis sa plus tendre enfance, la trentenaire a toujours su faire preuve de minutie dans les tâches qu'elle effectuait. Wilhelmina est une véritable adepte de la perfection, elle ne se contentera jamais du minimum, cherchant toujours à obtenir l'accomplissement parfait.

— ORGUEILLEUSE : La Mage est une personne fière, elle n'aime pas demander de l'aide et apprécie de régler ses problèmes soi-même. De plus, elle peine souvent à reconnaître ses erreurs, d'une certaine manière elle a du mal à accepter de faire les choses de travers quand cela arrive, car nul n'est parfait.

— SOLITAIRE : Brisée et froide, il ne pouvait en résulter autrement, la femme aux prunelles incandescentes est une personne solitaire. Elle n'est pas le genre de femme à aimer la compagnie des autres, ayant été trahie par le passé par ses proches, il lui est donc difficile d'accorder sa confiance à de parfaits inconnus.

Parmi les êtres humains, Wilhelmina est une très grande femme, svelte et élancée. Néanmoins, ce n'est pas la carrure de la belle que l'on remarque en premier, mais bien son teint des plus pâles semblable à celui d'un mort ou d'un vampire. Elle n'est qu'une femme approchant de la quarantaine et ayant abusé d'une magie qui la dépassait. En plus de cette peau inhabituelle, la Mage possède également une importante masse de cheveux blancs lui tombant jusqu'aux creux des reins. Son visage est fait de très fins et sévères, orné de prunelles flamboyantes et peu communes. Le temps étant souvent chaud dans l'Empire du Reike, la femme porte des robes longues et légères qui sont toujours de couleurs noires. Wilhelmina ne s'habille qu'avec des couleurs sombres, néanmoins elle s'octroie une touche de couleur, un collier fait d'or et de bronze.

Vingt-trois années plus tôt, dans un village des Terres du Nord.

— « Bienvenue, mon enfant. Ici tu trouveras un foyer chaleureux au sein de notre communauté. Tant que les véritables Dieux veilleront sur nous, rien ne pourra nous arriver. » Disait l’homme d’un ton chaleureux en accueillant la jeune Wilhelmina.

Wilhelmina était une jeune mage d’à peine quinze ans qui avait fui sa terre natale. Elle avait marché pendant des mois dans l’espoir de trouver un foyer qui voudrait d’elle et de ses pouvoirs, car si la jeune adolescente était en pleine errance, c’était à cause de ces derniers. La blonde faisait peur à tous avec ses talents de télékinésiste, qu’elle ne maîtrisait pas si bien que cela.
Cette terre dans les lointaines contrées du Nord, lui faisait dire qu'elle venait de toucher au but. Et elle avait raison. Les printemps passèrent et la belle devint femme, elle tomba même amoureuse d'un jeune homme du village et se marièrent le printemps suivant. Treize lunes plus tard, une petite fille naissait, tout allait pour le mieux dans l'existence de Wilhelmina pour la première fois. Mais, elle était loin de se douter de toutes les us et coutumes de son nouveau foyer.



Toute magie possède un coût. Cette maxime était bien vraie et Wilhelmina venait de le comprendre amèrement. Elle se regardait dans un miroir le visage horrifié par son reflet. Ses magnifiques boucles blondes avaient disparu laissant place à une masse importante de cheveux blancs, son teint de pêche était devenu aussi livide que celui d'un mort-vivant et ses magnifiques yeux bleus étaient devenus orange et sombre. Elle avait perdu sa beauté et son humanité pour avoir pratiqué une magie qui l'a dépassée, des larmes coulaient de ses prunelles flamboyantes et en plus elle avait échoué dans son entreprise.
La Mage se retournait et observait le corps toujours inanimé au centre du cercle qu'elle avait tracé avec du sang et de la cire. Le cadavre de l'enfant ne bougeait pas, lui aussi était livide comme celui de sa mère. La magie de la résurrection était une magie que peu de sorciers pouvaient manipuler aisément, mais la femme pensait en être capable. Elle était brisée, tombant lourdement sur ses genoux, les larmes coulaient le long de ses joues. Elle avançait péniblement vers sa progéniture, une petite fille aux cheveux dorés. La main livide de la magicienne caressait cette chevelure dans l'espoir que ce geste d'affection lui ramènerait son enfant, mais rien ne se produisit. La belle avait tout perdu. Dans un cri de rage et de désespoir, sa magie emportait tout sur son passage. La maison faite de bois et de paille se brisait et s'envolait dans un tourbillon, seule la mère et la fille restèrent au centre de la tempête.


Plus aucunes larmes ne coulaient sur les joues pâles de la jeune femme. Elle se tenait droite, sa fille reposait auprès de la terre maintenant. Le soleil avait laissé place à la lune. Dans une marche lente, mais décidée, Wilhelmina prenait le sentier qui rejoignait le village en contrebas de la colline où elle se trouvait.

— « Nous aurions dû sacrifier la Mère avec sa fille et non l'enfant seule ! Les Titans ont été sourds à notre sacrifice, voilà trois nuits de cela. » Lançait un homme avec une barbe imposante.
— « OUI !!! » Plusieurs voix de villageois s'étaient mélangées entre elles pour former un puissant brouhaha.
— « Du calme, mes amis. Tout n'est pas perdu. Pas encore. Demain sera jour de pleine lune, nous pourrons sacrifier ma femme en guise de cadeau supplémentaire pour les Titans. Dès lors, ces derniers nous entendrons, j'en suis persuadé. » L'homme parlait avec un fanatisme prononcé, ses yeux ne mentaient pas.

L'assemblée semblait en accord avec les propos du père de la jeune sacrifiée. Pourquoi avait-il accepté une telle folie ? Wilhelmina allait bientôt le découvrir. Les hommes et les femmes qui s'étaient regroupés dans la grande Hall du village étaient stupéfaits quand ils virent la Mère. Beaucoup portèrent des mains sur leurs bouches en voyant le teint livide et les cheveux aussi blancs que de l'os, mais les yeux flamboyants de Wilhelmina les terrorisaient, car ils savaient ce qu'elle avait essayé de faire.

— « POURQUOI ! » Rugissait-elle à l’adresse de la populace qui lui faisait face.

Personne dans l'assistance souhaitait prendre la parole et donner une réponse à cette femme qui souffrait. Néanmoins, en guise de mots, certains des hommes se munissaient des armes à proximité. La Mage le voyait. Sa peine s'était transformée en colère et cette colère allait mener à la mort. Dans une rage, la femme usait de sa magie qui semblait bien plus forte depuis le rituel. Il semblerait qu'elle ait obtenu quelque chose en fin de compte.

La bataille ne dura que quelques minutes, la femme aux prunelles flamboyantes marchaient dans la grande Hall à travers les cadavres de ceux et celles qui furent ses voisins et amis. Wilhelmina se dirigeait vers son époux et le père de son enfant, il était le seul survivant, elle ne lui avait pas offert une mort rapide, ce dernier était cloué aux murs, des morceaux de bois avaient pénétré ses chairs et de le mettre au supplice.

— « Pourquoi ? » Lui demandait-elle avec mélancolie.
— « Tous les quinze ans … Nous … faisons une offrande pour les Titans pour que le jour où ils reviendront, ils nous épargnent, faisant de nous de loyaux serviteurs. Les enfants … nous pouvons toujours en refai… » L'homme n'avait pas eu le temps de terminer sa phrase qu'un pieu venait de lui transpercer la gorge.

Wilhelmina regardait son époux avec horreur. Ce qu'elle venait d'entendre l'avait révolté et elle ne lui avait pas laissé le temps de poursuivre, ne voulant pas entendre ses excuses pour légitimer son crime.
Elle était arrivée au sein de ce village douze printemps auparavant, pensant avoir trouvé son foyer, aujourd'hui il lui avait tout prix et même plus.



Douze années venaient de s'écouler depuis le drame des Terres du Nord. Wilhelmina avait rejoint l'empire Reike il y a de cela cinq printemps, elle avait été là quand les Titans étaient revenus, participant à sa maigre échelle à la bataille. Les hommes et les femmes qui vénéraient ces monstres lui avaient tout pris, elle était maintenant une fervente défenseuse de la cause des mortels se refusant de tomber sous le joug de ces anciennes divinités. La femme aux prunelles flamboyantes avaient gravi les échelons grâce à la vivacité de son esprit, lui permettant d'atteindre les rangs des Contrôleurs Royaux. Bien qu'elle semble ce plaire dans sa nouvelle vie, la femme à la chevelure blanche n'en était pas moins malheureuse, elle était détruite, brisée, mais vivante. Grâce aux innombrables mages dans la cité, elle avait appris qu'elle n'avait pas perdu que sa beauté éclatante, mais également sa fertilité, plus jamais elle ne serait mère. La magie demande toujours un sacrifice.

PROPHÉTIE DE LA LUNE ET DU SOLEIL : Ayant un passif avec les illuminés qui vénèrent les Titans, Wilhelmina a adopté à son arrivée le mythe de la Prophétie de la Lune et du Soleil. Néanmoins, elle n'en demeure pas pour autant une fanatique, ne sachant que trop bien où la religion et ses différents courants peuvent amener les Hommes.