Physique

Le grand gaillard mesure 2 m 45 pour plus de 200 kg. Taillé pour la guerre, son corps est puissant et musclé à la perfection, juste assez afin de permettre force et agilité au combat. Trésors de ses précédentes batailles, plusieurs cicatrices garnissent encore aujourd'hui ses bras, son torse et ses jambes, lui offrant ainsi un charme et une prestance irréfutable. On le décrit souvent comme étant d'une prestance sauvage absolument captivante, mais aussi extrêmement intimidante. Rares sont ceux et celles suffisamment courageux pour oser croiser son regard d'une froideur impénétrable. Des cornes sombres se dressent sur sa tête dotée d'une chevelure argentée, signe le plus visible de son héritage draconique. Sa dentition est également semblable à celle d'un dragon et il possède une paire d'ailes écailleuses noires qu'il peut complètement camoufler dans ses omoplates. L'empereur du Reike porte presque toujours une armure sombre et ne quitte jamais sa résidence sans ses armes....

Psychologie


En ce Sekai, personne n'a envie de provoquer la colère de ce chef de guerre invaincu... Tensai est un personnage d'une immense cruauté envers ses ennemis et il est parfaitement capable de réaliser le pire des scénarios. Par le passé, alors qu'il n'était qu'un simple barbare, il a mis à feu et à sang des populations entières, tué froidement des femmes et des enfants, vendus des hommes en esclavage et bien d'autres ! Jamais personne n'a réussi à le stopper, pas même les plus puissants. Fermement convaincu de sa force, il pense que nul en ce monde n'est plus fort que lui... Et il a plutôt raison. Il prend tout ce qu'il veut, souvent sans rien donner en retour. N'étant pas spécialement bavard, communiquer avec lui peut être une chose complexe.

Le souverain du Reike possède tout de même quelques qualités d'un bon roi ! Il s'agit d'un homme honnête et courageux. Il ne ment jamais et rien ne semble l'effrayer réellement. Tensai ne voit pas l'intérêt de cacher les choses, tentant de jouer la carte de la transparence autant que possible auprès de ses loyaux sujets. Il a un certain sens de l'honneur et du respect, surtout face aux guerriers qu'il juge dignes de son intérêt. Son mariage avec Ayshara est une chose très sacrée pour lui et jamais il n'oserait trahir ses vœux d'amour et de fidélité envers elle.

Techniquement, l'ancien barbare est de religion shierak, mais il n'y croit pas spécialement. Il a accepté d'y adhérer afin qu'il puisse épouser sa promise dans les règles de l'art ainsi que dans le respect des croyances ancestrales des reikois. Cela l'a également aidé à « acheter la soumission » des quelques familles nobles de la nation toujours récalcitrantes à sa récente arrivée au pouvoir. En règle générale, le grand drakyn n'apprécie pas les histoires religieuses. Conquérant, il adore les combats et les adversaires puissants. On pourrait même dire qu'il a pris un certain plaisir à terrasser les titans.

Bâtard et barbare

Loin de baigner dans le luxe et le confort des villes, Tensai n'était rien d'un plus qu'un sauvage sanguinaire en marge de la société. Né d'une esclave violée par son père drakyn, celle-ci mourut d'une violente hémorragie en donnant naissance. Lorsque le paternel eut connaissance de sa progéniture bâtarde et non désirée, il voulut l'éliminer, mais quelque chose de crucial lui en empêcha : le sexe masculin de l'enfant. Ayant toujours souhaité la compagnie d'un fils à ses côtés, il accepta de s'occuper du bambin.

Barbare et nomade, le père de l'enfant n'avait pas une vie de tout repos. Un soir, après une sanglante bataille contre des paysans, ce dernier y laissa la vie suite à un empoisonnement. Le reste du groupe ne se soucia guère du bébé Tensai et l'abandonnèrent sans lui adresser un seul regard. Orphelin et complètement vulnérable face à la nature, le futur grand guerrier apprit les rudiments de la vie à la dure. Il savait se battre avant même d'être capable de marcher sur ses deux jambes. Pour survivre, il chassait et volait. Chaque jour était une épreuve à surmonter, mais cela le rendait toujours plus fort.

Les années passèrent et le drakyn réussissait toujours à survivre. Il finit par rencontrer des gens semblables à lui et, ensemble, ils formèrent une dangereuse horde dont il devint très vite le chef. Le destructeur clan Ryssen était né. Ces barbares prenaient plaisir à piller les villages et à prouver leur supériorité aux différents peuples du nord et du désert reikois. Le jeune homme n'avait aucune considération pour la vie et il ne pensait qu'à se battre. Le sang et les actes de violence étaient son quotidien, et cela lui convenait parfaitement.

L’éveil d’un roi

Les années passèrent et le chef du clan Ryssen se complaisait bien d
ans son rôle. Au fil du temps, il acquit une solide réputation au sein des terres nordiques et reikoises. Nombreuses villes et villages apprirent à craindre son nom. De jour en jour, sa horde de guerriers sanguinaires grandissait et les gens souhaitant se rebeller face à la société le rejoignaient. Le cruel leader était craint et respecté par presque tout le monde. Les gens lui offraient des montagnes d'or afin qu'il n'envahisse par leurs paisibles cités. Il pouvait littéralement s'offrir tous les biens matériels qu'il désirait. Sauf que... Quelque chose d'encore plus précieux manquait à son épanouissement : le Royaume du Reike... et une autre chose dont il ne pouvait nommer.

Chaque fois que Tensai foulait ces chaudes terres désertiques, il se sentait chez lui, dans son élément. Par ailleurs, il connaissait le désert comme sa poche, même sans trop s'y être aventuré par le passé. Et lorsque le barbare visitait une ville reikoise, il avait des impressions de déjà vu. Éventuellement, il finit par s'auto-convaincre fermement que sa destinée se trouvait au sein de ce royaume. Le Reike devait lui appartenir et il savait d'instinct que son bonheur se cachait ici.

Une grande étape de sa vie était sur le point de commencer.

L’invasion du clan Ryssen

Ne connaissant pas autre chose que la violence, le bâtard décida de s'approprier le royaume par la force et le sang. Il ordonna à son immense horde de 50 000 barbares d'envahir les cités du désert et de tuer ceux et celles refusant de le reconnaître comme étant le nouveau souverain de la nation. Évidemment, une féroce résistance reikoise s'organisa rapidement et cela causa des affrontements plus que sanglants chez les deux camps ennemis. Malheureusement (ou heureusement), personne n'était réellement de taille face à Tensai, le chef de guerre invaincu, et ses redoutables guerriers...

Étrangement, cette guerre dura environ deux années complètes. Les reikois, étant aussi d'excellents combattants, faisaient preuve d'une énorme résilience et d'une volonté à toute épreuve, même devant la puissance quasiment divine du prétendant au trône. Ils réussissaient souvent à contenir les assauts adverses. Hélas, les ressources finirent par manquer et les forces du chef de guerre assiégèrent Ikusa avec succès.

Tensai trancha personnellement la gorge des membres de la famille royale et planta fièrement leurs têtes au bout d'une pique aux portes de la capitale.
Totalement désespéré, le dernier survivant mâle de la lignée, le Prince Vaenys, décida de jouer sa dernière carte en allant vendre sa jeune soeur, la Princesse Ayshara, au chef des barbares. Et curieusement, cela fonctionna. Un mariage avec une héritière Draknys aiderait l'envahisseur à légitimer sa position de souverain auprès des citoyens de la nation. De plus, cette demoiselle possédait un charme indéniable. En la voyant pour la première fois, Tensai fut séduit par ce si joli minois et ne put se résoudre de la tuer.

Une fois l'accord passé, le guerrier invaincu laissa la vie sauve aux deux Draknys, à condition que le prince déchu ne se mêle plus des affaires du pays.

Le calme après la tempête

Le Ryssen prit officiellement le trône après son mariage avec Ayshara, mettant automatiquement fin à la guerre entre les deux camps. Le nouveau roi et ses conseillers organisèrent la reconstruction des infrastructures du royaume et le monarque accepta même de faire des concessions afin d'honorer les traditions et valeurs reikoises. Les actes de barbaries cessèrent. En quelques semaines seulement, la situation redevint plus ou moins stable au sein des villes, et ceux manifestant l'intention de se rebeller se faisaient froidement exécuter par les autorités. S'il souhaitait continuer de vivre, le peuple n'avait pas le choix de se soumettre à ce souverain étranger.

Contrairement à certaines croyances populaires, Tensai est un roi plutôt compétent malgré ses origines de sauvage et son cruel manque d'éducation académique. Il semble être né pour régner sur une grande nation, dirigeant avec force et assurance. Le temps saura sans doute comment le rendre plus sage et calme. Pour le moment, il apprend les ficelles du métier aux côtés de sa délicate épouse et reine...

Réincarnation:

Règne

Les quelques années de règne ne furent pas de tout repos pour le nouveau souverain, entre les difficultés économiques du royaume, la tentative d'assassinat envers sa Reine et la gestion d'un important mouvement d'opposition au sein du Reike, il dut gérer une population aux mœurs rebelles et remettant en cause sa légitimité au trône.
Heureusement, son union avec Ayshara donna lieu à la naissance d'un enfant bien particulier : un bébé dragon de sang pur. Le peuple du Reike considéra ce phénomène comme un présage divin et les mouvements de rébellion devinrent de moins en moins importants.

Lorsque les titans se pointèrent, Tensai fut la première personne à agir contre eux, guidé par un instinct particulier. Avec le soutien de sa bien-aimée, il mena son pays vers la victoire.

Clan Ryssen

Même après la guerre, le clan est toujours aussi fort en nombre. On compte plus de 30 000 guerriers dans leurs rangs. Avant la prise du trône par Tensai, les Ryssens ont longtemps été des barbares nomades suivant presque aveuglément leur chef qu'ils considèrent limite comme un dieu. Depuis, ils se sont officiellement installés aux quatre coins du Reike et demeurent encore au service de leur souverain de toujours (il existe cependant quelques divergences d'opinion, voir les enjeux). Malgré leur grande fidélité envers lui, Tensai n'est pas un tendre avec eux, même s'il leur voue un respect et une reconnaissance de base. Il les traite avec sévérité et les personnes jugées faibles sont automatiquement chassées du clan ou tuées. Il n'y a pas vraiment de lien de sang ou biologique chez les Ryssens. Les membres portent ce nom de famille comme signe d'appartenance au groupe. La plupart d'entre eux sont tatoués d'un dragon tribal noir sur l'épaule.

Peuple du Reike

À cause de sa sanglante prise de pouvoir, la population du Reike a un avis mitigé concernant Tensai. Toutefois, cela s'est grandement amélioré grâce à la naissance de l'héritier royal et à ses prouesses guerrières face aux titans. Désormais, beaucoup de croyants pensent que le couple royal serait d'origine divine.

En revanche, les familles détruites par l'ancien chef barbare conservent souvent une importante méfiance vis-à-vis de lui.

Spoiler:

Shoumei et République

Tensai est indifférent face à la cause des shoumeiens. Pour lui, ils ont été balayés parce qu'ils étaient faibles et aveuglés par de fausses divinités.

Son avis concernant les républicains n'est guère mieux : un peuple de couards gouverné par une administration corrompue et avare qui s'est caché durant l'invasion des titans plutôt que d'aider à l'effort de guerre. La République ne doit sa survie que grâce au sacrifice des vaillants soldats reikois.
À l'avenir, Tensai sera extrêmement réticent à conclure des affaires économiques avec ces lâches de républicains.

Ayshara Ryssen

Ayshara et Tensai se sont mariés sans vraiment se connaître. Officiellement, il a voulu épouser la demoiselle afin de légitimer son règne, mais les raisons officieuses sont bien différentes... En effet, le chef de guerre ressent des sentiments très profonds pour la belle, et ce, depuis leur toute première rencontre. Depuis qu'il partage sa vie avec elle, ses pulsions meurtrières ont drastiquement diminuées. La présence d'Ayshara rend Tensai heureux ! Contrastant avec son attitude habituelle, le roi se montre doux et attentionné envers sa reine, faisant tout pour qu'elle se sente confortable en sa compagnie. Selon la situation, le colosse peut devenir excessivement jaloux et possessif. Ceux osant poser les yeux trop longtemps sur sa dulcinée verront assurément son visage le plus sombre...

Ayshara et Tensai ont eu un fils qu'ils ont nommé Draknys Ryssen, en hommage aux deux lignées.

Son amour pour elle le pousse à impliquer davantage sa femme au sein de la sphère politique de pays. Le couple possède une vision parfois différente et des désaccords éclatent souvent, mais leurs sentiments semblent être plus forts que les petites embrouilles du quotidien.

Durant la guerre face aux titans, Tensai était presque toujours accompagné d'Ayshara, cette dernière vaillant sur lui.

Draknys Ryssen

Nommé en hommage à la lignée de sa femme et de la sienne, Draknys est le premier né du couple royal. Il s'agit d'un dragon de sang pur. Il est aujourd'hui âgé de 3 ans et possède toujours l'apparence d'un dragonnet.

Tensai et Ayshara ne comprennent pas comment ni pourquoi ils ont mis au monde une pareille entité. Nombreux reikois pensent c'est l'oeuvre des divins... Histoire à suivre.

Vaenys Draknys

Le souverain du Reike n'éprouve que du mépris pour ce prince déchu. Il pense que Vaenys lui a lâchement vendu sa fragile petite soeur pour sauver son cul. Il le considère également comme un guerrier pitoyable et absolument indigne de porter un titre de noblesse quelconque. Si jamais ce personnage lui fait ombrage, Tensai n'hésitera pas une seule seconde à le tuer.
Malgré la contribution de Vaenys durant la guerre face aux titans, le Conquérant conserve toujours un certain dégoût vis-à-vis de ce prince déchu qui a un peu trop l'œil sur son épouse.

- Les renforts menés par la Griffe sont partis en direction de Sable d’Or, votre Majesté.

Le Dunark s’incline en disant ses mots, sans oser regarder le colosse qui observe la capitale. Les mains jointes derrière le dos, le regard du Drakyn est sombre et froid. Il semble juger la cité d’Ikusa, qu’il domine de toute sa hauteur, depuis une des terrasses du palais royal. Ce soir, la cité paraît plus agitée que d’habitude. Pour cause, un messager est venu trouver le commandant des troupes impériales. Malgré son effroi et sa fatigue, le coursier a aussitôt accompli sa mission. Des secours, voilà ce qu’il demande. Car une horde de zombies s’apprête à envahir une cité reikoise, et Sable d’Or ne saura pas résister sans aucune aide de l’armée. Deydreus Fictilem n’est pas du genre à rester les bras croisés quand une menace se dresse contre l’Empire. Les Reikois non plus, si bien que les renforts se sont rapidement mis en place. Un bataillon de soldats s’est levé, et avec lui, des volontaires se sont proposés pour aller au front. Ces guerriers souffriront et devront lutter pour échapper à la mort et à un destin tragique. Mais le Reike est résilient de nature : pour avoir mené sa conquête pendant deux ans, Tensai sait que les fiers habitants de son pays combattent avec férocité et détermination. Quel que soit leur adversaire, l’Empire saura apprendre, observer, et rebondir. Pour mieux frapper. Pour mieux briser. Pour mieux détruire cette foi vaine en ces pseudo-divinités. Et des cendres jailliront un nouvel élan de vie, contrôlé d’une main de fer par la nation du désert.

- Comme vous l’avez ordonné, des troupes vérifient actuellement les alentours de la capitale pour vérifier qu’aucune horde de morts-vivants ne se dirige vers la capitale, mais il semble que seule la ville portuaire soit visée. La vigilance sur les remparts d’Ikusa a par ailleurs été renforcée. Aucune attaque ne devrait donc atteindre notre cité.

Tensai écoute en silence, sans préciser que, en plus des soldats, des espions aux sens surdéveloppés ont été également dépêchés par le Feu afin de repérer toute menace éventuelle. Mais qu’une menace soit présente ou non ne change rien en l’occurrence.

- Je ne tolérerai aucun relâchement de la part de nos soldats. Que ceux qui sont à leur poste restent à l’affût et soient prêts à réagir à n’importe quelle menace. Si on surprend l’un d’eux à dormir ou à faire preuve de négligence, ces hommes seront punis après la bataille. Quant à ceux qui esquisseront la moindre fuite face à l’ennemi, faisant honte à leurs frères et à leur sang, leur tête viendra orner le bout d’une pique à l’entrée de la ville.

Le soldat se contente d’acquiescer pour confirmer qu’il a bien entendu, puis il se permet d’avaler sa salive avant de reprendre.

- Des nobles citoyens sont inquiets et cherchent à en savoir plus.

Un silence, alors qu’un geste d’agacement balaie d’un revers de la main les propos de l’officier.

-  Ces « nobles citoyens », déclare le Tueur de Titans en pinçant les lèvres, ont tous reçus le même service militaire et si la bataille fait rage, il prendront tous part au combat. Le Reike n’engendre ni des moutons shoumeïens, ni des couards républicains.

- Evidemment. Que pourrait dire le pauvre bougre ? Nous tâcherons bien sûr de rester à l’affût du moindre message de Sable d’Or. Mais la bataille risque d’être rude et nous n’aurons sans doute pas de nouvelles avant quelques heures, voire pas avant l’aube.

-  La bataille sera rude, rectifie Tensai en se retournant d’un mouvement fluide vers son subordonné. Une horde de morts-vivants n’apparaît pas comme par magie, encore moins par hasard, fait-t-il en grinçant des dents et ses yeux flamboient un instant d’une lueur menaçante.

- Si je suis me permettre de poser une question, mon roi. L’intéressé fronce des sourcils face à l’impudent qui ose prendre la parole, mais il acquiesce d’un subtil hochement de tête, et l’officier continue. Pourquoi ne pas avoir accompagné vos soldats ? Cela aurait pu montrer à vos hommes que le couple royal considère les appels à l’aide de son peuple et de ses sujets… Et vous voir combattre à leurs côtés aurait remonté le moral des troupes.

Tensai hausse un sourcil en réponse, comme si la réponse était évidente. En temps normal, il ne se sentirait même pas obligé d’éclaircir une telle question, surtout qu’il préférerait se centrer sur la défense de la capitale plutôt que prolonger une conversation avec le Dunark. Mais ce dernier fait sans doute écho aux interrogations de ses propres soldats et cela peut donc être utile de dissiper ses doutes et ses questionnements.

- Pourquoi l’Impératrice et moi-même n’avons pas été à Sable d’Or ? La première parce qu’il peut s’agir d’une attaque simultanée. D’une diversion. Mobiliser trop de soldats pourrait affaiblir Ikusa, qui reste le symbole de notre nation. Et il n’est pas question de la laisser sans commandant. Si les tovyrs sauraient certainement établir une stratégie en urgence, il n’en reste pas moins que c’est Deydreus et moi-même qui avons une autorité absolue sur l’armée. Un commandant de part et d’autre, à Sable d’Or et à la capitale. Cela me semble équitable.

Outre Ikusa, c’est Kyouji ou Taisen qui pourrait être également attaquées, et des renforts pourraient difficilement être envoyés si la majorité des troupes vont à l’ouest du territoire.

Quoi qu’il en soit, Tensai replace ses mains derrière son dos, puis continue.

- La deuxième raison. Il s’agit simplement du fait que j’ai confiance en la Griffe.  Il est mon bras armé et mon général. Il doit donc pouvoir mener des offensives sans ma présence.  Plus il s’imposera sur le front, avec ses frères d’arme, plus il saura gagner le respect de ses pairs. Et en l’occurrence, c’est sa première vraie bataille avec son nouveau titre. Cela permettra d’asseoir son autorité, quelle que soit les pertes qui seront de tout façon inévitables. Si j’avais été sur place, je lui aurais fait de l’ombre. Et son rapport me permettra de voir la manière dont il a géré la bataille.

Deydreus l’avait évidemment convaincu dans l’arène, mais c’était une chose que de mener un duel, c’en était une autre que de devoir affronter un ennemi de manière soudaine. Mais il est plus que temps de couper court à la conversation, et l’Empereur enchaine sans laisser l’occasion au Dunark de rebondir. Son ton devient autoritaire et ne souffre d’aucune contestation.

- Que nos troupes se tiennent prêtes. Faites également une annonce auprès des Formes Médicales Reikoises. Qu’elles se préparent à se déplacer à Sable d’Or endéans les trois jours, pour soigner les blessés. Pour enterrer nos morts. Pour nettoyer les dégâts. Quel que soit le résultat, ni la reine ni moi n’ignorerons ces combattants qui auront tout fait pour repousser l’envahisseur. La bataille sera rude, certes. Mais l’Empire en mènera bien d’autres, et nous ne plierons jamais quel que soit notre adversaire.

Les paroles du Conquérant résonnent dans la pièce alors que le Dunark s’incline une dernière fois en faisant le signe reikois. Puis, il se permet de prendre congé, et il laisse Tensai à ses sombres pensées. Si le Drakyn a, comme à l’accoutumée, un regard impassible, son esprit, lui, envisage déjà plusieurs possibilités. On ne peut pas dire qu’il s’inquiète du résultat de la bataille, tant celui-ci lui paraît évident. Ses soldats, son armée ne sont pas des mauviettes, et quand bien même leurs ennemis seraient plus puissants que prévus, la Main et lui-même prendraient aussitôt des mesures pour répliquer de manière violente et efficace. La défaite ne fait pas partie du vocabulaire reikois. Même quand il s’agit d’éradiquer un mal comme celui de la peste obscure, l’Empire sait avoir recours à ses meilleurs éléments pour l’étudier et planifier un plan d’action pour trouver un remède. Evidemment, tout ne s’est pas construit en jour. Mais pas après pas, étape par étape, le Reike a trouvé son hégémonie et prouvé sa suprématie au reste du Sekai.

Peu auraient pourtant juré que leur pays en arriverait là six ans plus tôt. Comment l’aurait-on pu ? A cette époque, le guerrier est juste un simple barbare dont l’autorité a grandi avec le temps. Les villages du nord et du désert reikois connaissent son nom, sa horde est connue et redoutée, et on le rejoint pour le symbole qu’il représente. Mais il s’agit simplement d’un chef de guerre que les aristocrates méprisent et que la royauté entend vaguement parler. Qu’il vogue donc dans le territoire du Reike comme il le souhaite : le pays est suffisamment large pour qu’il mène sa troupe sans que les élites reikoises n’en soient inquiétées. Seulement… Le géant ne peut se satisfaire de son mode de vie actuel. Ca a été le cas pendant des années. Ca ne l’est plus maintenant. Désormais, Tensai veut prendre ce qui est sien. Le territoire du Reike est à lui et, en l’occurrence, le guerrier veut saisir ce qui lui appartient. Qui le lui a dit ? Qui le lui a soufflé ? Personne. Juste son instinct et sa grande familiarité avec les différentes villes de l’Empire. Comme s’il y a déjà vécu par le passé…

C’est un projet fou. Un projet impensable. Mais rien ne semble résister au Conquérant et, avide de bataille, sa horde le suit. Confiante en son chef, les Ryssen ne semblent pas douter un seul instant de leur réussite. Ainsi commencent leur expansion, qui est marquée par des victoires certaines, mais aussi par des massacres cruels. Car Tensai n’est pas un roi doux qui vient gentiment conquérir son trône. Non. Bien au contraire, il ne voit pas d’inconvénient à passer au fil de l’épée les clans qui s’opposent à lui. Hommes, femmes, enfants : à quoi bon être miséricordieux s’ils ont décidé de lutter contre lui ? Ils ont fait leur choix et ne veulent pas le reconnaître comme roi. Alors le colosse détruit. Et le barbare rassemble, aussi. En effet, plus le temps passe, plus son armée prend de l'envergure. Qu’il s’agisse de vétérans de guerre, de simples soldats, ou d’autres Reikois aux fonctions diverses, sa cause grandit au point que bientôt, elle devient une menace réelle pour le gouvernement de ce pays. Bientôt, Kyouji et Taisen se profilent. Les prendre ne sera pas facile, car il ne faudra rien de moins qu’un siège de plusieurs mois pour envahir les grandes cités du Reike. Mais sa horde réussit l’impossible. C’est Tensai lui-même qui tue les seigneurs reikois, sans écouter leurs menaces et leurs malédictions. Plus que quiconque, le chef de guerre est arrogant et obtus. Ce n’est pas lui qui hésitera à tuer les représentants du pouvoir royal, pouvoir qu’il méprise, car il s’est rendu compte depuis longtemps que le Royaume est corrompu de l’intérieur. Où sont les soldats qui respectent leur honneur ? Qui s’imposent une discipline ? Qui n’ont pas peur de mourir ?  Où sont les officiers qui sont réellement prêts à prendre soin de leurs troupes plutôt qu’à protéger leurs biens, leur influence et leur pouvoir ? Ces supérieurs qui préfèrent la bonne chair, la puissance, et le confort ne provoquent que son dégoût, là où, à l’inverse, des guerriers qui ont foi en leur conviction, qui préfèrent mourir pour leur valeurs, et atteindre leur objectif par la pointe de l’épée suscite davantage son respect.

Au sein de son armée, il y a évidemment des guerriers totalement hétéroclites. La plupart sont des Ryssen. Des barbares sans foi ni loi, qui s’amusent à la violence et au combat. Ils ne se soumettent qu’à plus fort que soi, en l’occurrence à Tensai, et considèrent que c’est la loi du plus fort qui prévaut. Mais il y a également des combattants qui sont plus disciplinés, faute d’avoir suivi un service militaire et des études poussées à Drakstrang. N’oublions pas non plus l’expérience militaire et les vétérans de guerre. Ceux-là ne se reconnaissent pas forcément dans cette bande de brutes, mais tous reconnaissent sans aucun doute le charisme du futur roi. Et si le colosse porte toujours une oreille attentive à son clan d’origine, il n’est pas assez idiot pour négliger les soldats qui lui jurent allégeance. Si l’un d’eux lui soumet une bonne stratégie, ou si un autre se distingue par des faits d’arme particuliers, le Drakyn prendra en conséquence le temps d’écouter ou d’au moins en prendre note. Pour discerner lesquels sont les meilleurs guerriers, et lesquels lui sont les plus loyaux. Il n’en reste cependant pas moins que la vie sous son égide n’est pas facile. Car le prochain souverain du Reike est exigeant et n’a qu’une parole. Il déteste la couardise et les personnes qui dansent sur deux chaises, pour satisfaire tout un chacun. En l’état, l’homme-dragon préfère supporter un soldat qui est en bas de l’échelle, mais qui a des plans militaires pertinents, plutôt que de supporter un officier incapable et incompétent. Les faibles n’ont pas de place dans ses rangs.

Si sa Conquête le font marcher sur l’ensemble du pays, jusqu’à parvenir à la capitale, les choses changent lorsqu’enfin, il met la main sur Ikusa. A-t-il des remords pour avoir tranché la gorge des membres de la famille royale ? Absolument pas. La violence reste son domaine, et il a mis la main sur le pays par la force et par le sang. Tensai est un bon chef de guerre et il a certes un grand génie militaire, mais il n’est pas parfait. La sauvagerie fait partie de lui depuis sa naissance. Et il a déjà tué tellement de gens… que décapiter les membres de la famille régnante ne lui font ni chaud ni froid. Oh, bien sûr, il y a ce Vaenys. Un homme fourbe et calculateur, qui n’a pas un instant hésité à vendre sa sœur. Le mariage est le meilleur moyen – et pour ainsi dire la seule méthode – afin de régner sur la nation du Reike. Faire cela, c’est satisfaire le peuple. C’est être davantage accepté par les citoyens. C’est asseoir sa légitimité, enfin. Alors, bien que le colosse ne soit pas ravi par la proposition du prince déchu, il accepte son offre et lui épargne sa vie. Il laisse s’échapper le serpent, pour mieux récupérer la colombe. Car si Tensai n’a que du mépris pour cet être vil et froid, il en va différemment pour Ayshara. Il est difficile de décrire ce que le sombre guerrier a ressenti en la voyant la première fois. Comme les autres, il aurait pu la tuer. Et pourtant… Impossible pour le Drakyn de s’y résoudre. Peut-être parce qu’à sa vue, une tendresse insoupçonnée s’est éveillée dans son cœur ? Pourquoi donc, alors qu’il n’a jusqu’alors jamais vu cette princesse aux jolies yeux améthystes ? La jeune femme semble en tout cas frêle et fragile, et rapidement, il est vrai que le nouveau roi souhaite la protéger. Pourtant, d’un autre côté, le Conquérant semble percevoir une flamme ardente dans le cœur de son épouse. Celle d’une lionne et d’une dragonne, qui tient plus que tout à protéger son peuple. La Vosdraak a beau être très jeune quand il la marie, plus le temps passe, plus le chef de guerre se rend compte que la nouvelle reine a des qualités qu’il ne possède pas. La belle est patiente, calme, sage, là où son mari s’agace et s’irrite facilement. Qui a dit qu’il est facile de s’asseoir sur un trône pour écouter les réclamations du gouvernement ou des conseillers royaux ? Tensai est un homme d’action. Un guerrier. Un combattant. Pas un fin politologue. Ca lui paraît très bien, d’utiliser ses armes pour clôturer un débat. Son âme-sœur, a contrario, déborde de charisme et sait facilement subjuguer son assistance. Tensai aussi en est capable… Mais son autorité rayonne bien plus sur son armée et ses généraux que sur les nobles et les aristocrates. Oh, ces derniers se font bien petits en sa présence. Ils savent que les mièvreries et les douces paroles ne marchent pas sur leur roi. Mais leur respect est parfois bien factice. Alors le géant comprend qu’il peut et qu’il doit s’appuyer sur sa reine, pour que chacun se complète et leur permette de mieux élever leur pays. Cela n’empêche pas les souverains d’avoir parfois de longues conversations pour trancher un sujet en particulier, chacun ayant un point de vue différent sur la question. Tensai est très franc, là où Ayshara peut le convaincre par sa délicatesse et la puissance de ses arguments. Mais le couple finit toujours par s’accorder, et leur complémentarité fait leur force, à n’en point douter.

La princesse a eu une influence majeure sur la vie du guerrier. D’abord, les pulsions meurtrières du Conquérant se sont bien adoucies depuis qu’il vit en sa présence. Avant, il aurait pu tuer pour n’importe quel prétexte bien trouvé. Lors de la Conquête, par exemple. Maintenant, sa cruauté n’a pas disparu, et sa fermeté non plus, mais le roi a su trouver un juste milieu. S’il est toujours incapable d’être tendre avec les manipulateurs et les serpents qui veulent s’en prendre au couple royal et à leur pays, il a davantage appris à réfléchir en Empereur qu’en simple barbare. Cela a certainement déplu à son clan, qui le voit moins piller des terres et tout mettre à flot et à sang. Pour autant, cela a contribué à asseoir son autorité sur ses hommes et à passer à une autre étape de son existence.

Etonnamment, Ayshara a aussi fait apparaître des sentiments nouveaux chez le Drakyn. S’il peut faire preuve d’une tendresse et d’une grande attention à son égard, il sait être aussi jaloux et bien trop possessif. Malheur, trois fois malheur, à ceux qui s’en prennent à son épouse. Il pourrait causer un massacre à cause d’elle, si on voit qu’on lui fait du mal ou qu’on s’intéresse de trop près à elle. Que chacun connaisse sa place. Ayshara est à lui, comme il est à Ayshara, et il ne peut en être autrement, quoi qu’en dise les mauvaises langues.

Leur règne n’est pas facile. Entre les difficultés économiques du Reike, les rébellions internes, et les tentatives d’assassinat, le couple royal n’en mène pas large. Lorsque la Vosdraak donne ensuite naissance à un dragon… C’est tout simplement l’incompréhension. Pas que les nouveaux parents ne lui accorderont pas d’amour, non. Et Tensai est bien décidé à lui offrir l’éducation d’un prince-héritier. Mais il s’agit néanmoins d’une race mythique… Et il ne sait pas pourquoi il est venu au monde. Qu’à cela ne tienne, il lui donnera le Sekai, et veillera à ce qu’il puisse marcher sur leurs pas.

Restent enfin les Titans. Ces soi-disant Divins. Ces pseudo-divinités qui se plaisent à torturer les êtres de ce monde. Tensai n’a que du mépris leur égard, comme il ne ressent que du dégoût face aux fidèles qui mettent leur foi en ces créatures. L’homme n’a jamais été très religieux, et cela vaut aussi pour le shierak. Alors le Drakyn n’a aucun scrupule à prendre les armes contre Kazgoth. Le combat est long et terrible, mais les Reikois en sortent victorieux. Sans guère de surprise, cela permet au couple impérial d’asseoir leur légitimité. Et cela confirme, s’il en est, la supériorité de l’Empire sur le reste du continent. Les Shoumeiens ? N’ont-ils pas été écrasés parce qu’ils sont faibles et incapables de penser par eux-mêmes ? Quant aux Répubblicains… Ils ne sont cachés derrière le Reike et n’ont aucun mérite. S’il en est, ce sont des avares, qui ont essayé de les étrangler par une dette financière. Non. Ni les uns ni les autres ne méritent de dominer le Sekai. Les Titans seront écrasés. La République finira par plier sous la poigne de la nation du désert. Et ni Ayshara, ni Tensai, ni ses fiers concitoyens, ne cèderont un pouce de terrain à des peuples étrangers ou à ces abominations.

L’aube est arrivée, maintenant. Aucune attaque ne s’est déclarée, et il semble bien que seul Sable d’Or était visé. Il s’agit certainement d’un soulagement pour les soldats de la capitale, mais il n’en reste pas moins que les officiers sont prudents jusqu’au bout et, sous le commandement de leur roi, ils s’assurent qu’aucune menace ne rôde dans les parages. Bien sûr, l’allégresse se répand dans les troupes quand un messager prévient que les Reikois ont vaincu. Pourtant, le Conquérant comprend vite que c’est surtout une victoire en demi-teinte. Ce qu’il s’est passé exactement, il ne le sait pas encore. Mais qu’importe. Il est temps qu’Ayshara et lui-même aillent sur place.

Quel que soit leur ennemi, ils l’abattront, comme ils l’ont toujours fait depuis que le Reike est venu au monde.