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  • Sam 25 Mar - 21:07

    Sous l'œil rassurant d'une lune entière, un enfant rieur s'amusait à courir après un insecte qui semblait fait de lumière. Malgré l'heure tardive et la fraîcheur de la nuit, aucun adulte ne venait pour réfréner les ardeurs du petit homme isolé qui paraissait avoir perdu toute notion du temps. Son village était paisible et le silence nocturne était rompu par les chants apaisants de cigales. Si ni le climat ni la saison ne se prêtait à la présence de ces bêtes, c'était pourtant avec entrain qu'elles effectuaient leur sérénade, conférant ainsi à ces lieux une ambiance tranquille. L'astre lunaire dominait les cieux mais pourtant les villageois s'affairaient tous comme en plein jour au sein de leurs foyers respectifs. A la lueur de bougies, chacun prenait le temps de réaliser avec soin la tâche qu'il s'était attribué.

    Les sourires aimables qu'ils s'offraient les uns aux autres semblaient traduire une joie qu'on eut trouvé étrange car les terres inhospitalières du grand Nord reikois n'avaient pour ainsi dire rien d'un paradis sur Terre. Par l'une des fenêtres, on voyait une fillette montrer fièrement à sa mère le présent qu'elle avait monté elle-même. C'était une lanterne simpliste mais fonctionnelle et la femme qui la reçut sembla impressionnée par la richesse avec laquelle son unique enfant avait décoré l'objet. Elle posa un baiser sur le front de la petite et l'invita ensuite à enfiler une peau de bête car la célébration allait bientôt débuter et tous souhaitaient obtenir une place aux premières loges.

    Un couple quitta sa maisonnette, puis un autre et encore beaucoup après eux. Bientôt tout le village fut dehors et chaque habitant se dirigea là où débuterait bientôt la fête. Chaque famille s'était munie de l'une de ces mystérieuses lanternes qui avaient été dressées pour cette occasion bien particulière, pour ne pas dire unique. Il y avait dans le vent nocturne un parfum de bonheur et de franche amitié et les habitants, loin des fléaux de la rancœur ou de la jalousie, paraissaient tous enivrés par l'heureuse perspective de cette si belle soirée. C'était donc joyeusement que les connaissances se retrouvaient, se contaient leurs histoires et laissaient leurs bambins jouer ensemble sans pour autant perdre de vue leur destination située aux abords du village.

    A quelque pas de là seulement, un rassemblement s'était déjà formé autour de ce qui ressemblait à s'y méprendre à un autel. Les plus pressés avaient déjà pris soin de poser les sources lumineuses conçues au préalable pour ensuite s'installer, mains jointes et le cœur plein d'espoir, face à l'étrange totem que d'autres avaient érigé avant eux. Il y avait, au beau milieu des lueurs dansantes de ces timides flammèches, une statue païenne de bois, de roche et d'acier qui paraissait inspirée de la silhouette d'un ange. Le visage de l'entité, peinturluré de blanc et de noir, avait les traits d'une chouette et scrutait l'assistance de ses yeux inertes. Sur le cou de la bête ainsi représentée avaient été posés de précieuses possessions : colliers, bijoux et autres pierres brillantes qui n'étaient pourtant pas monnaie courante dans ces zones délaissées par l'Empire.

    "Il est là ! Il est venu !"

    L'homme qui avait crié pointa du doigt le ciel sans contenir son émotion puis vint ensuite applaudir la forme à peine visible qui se dessinait tout juste dans les cieux obscurcis. D'autres suivirent le mouvement, qu'ils aient ou non aperçu l'objet de leurs attentes. Il y eut alors une symphonie de sifflements, de pleurs et de rires lorsque se révéla enfin la silhouette incorporelle du prophète fantasmagorique. Ce fut d'abord une pluie étincelante d'or et de pétales qui annonça l'arrivée de l'être élu et lorsque la monnaie tintait sur le sol, personne n'accourait pour s'en emparer. Tous focalisés sur la descente de l'être chéri du peuple isolé, les villageois attendaient patiemment qu'il daigne fouler le sol de ses pattes griffues.

    Brisant le voile noir qu'il arborait alors, le personnage mystique se dévoila enfin. Plumes d'ébène serties d'or faisaient son manteau et par ses ailes immenses et majestueuses paraissaient naître des reflets impossibles et pourtant bien visibles. C'était une bête façonnée par les rêves et puis nourrie par eux. Mais pourquoi diantre vénérer avec tant de ferveur une bête cauchemardesque, sans doute vomie lors d'un jour maudit par un Titan corrompu et abject ? Pourquoi s'éprendre ainsi d'une engeance à l'origine de tant de peine et qui, des décennies durant, avait tenté d'anéantir l'humanité ? La réponse était simple : la chimère n'était pas un ange; mais sa présence s'avérait tout de même annonciatrice de quelque chose de grand.

    Il y avait, sur le Sekaï en ruine, comme un vent de changement.
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  • Dim 26 Mar - 14:05
    Dans un chuintement mélodieux accompagné d'un doux son de carillon, la créature légendaire se révéla enfin dans toute sa splendeur et vint atterrir avec noblesse et élégance devant l'autel dressé en son honneur, ce sous un tonnerre d'applaudissements qu'il accueillit à bras ouverts. Les ailes immenses du volatile surréaliste se replièrent d'un coup comme un curieux manteau et de ce geste naquit des feux-follets et des lucioles qui n'étaient qu'illusions mais qui, aux yeux des villageois, semblaient tout à fait réels. Il y avait, dans ces regards pétillants et ces sourires sincères, une béatitude procurée par un honnête espoir. La terre des Hommes perdus était devenue celle du rêve. La chimère s'avança en laissant dans son sillage des fleurs intangibles et vint enfin s'offrir tout entier à cette foule qui ne voulait qu'elle.

    Lorsqu'il vint se baigner dans cet océan de ferveur, le plumage du rêve incarné fut touchée de toutes parts. Il y eut des caresses timides d'enfants admiratifs mais aussi de franches accolades et le prophète onirique recevait ces manifestations d'amour avec joie et respect. A chacun de ces contacts affectueux, Rêve s'imprégnait un peu des aspirations et des désirs les plus profonds de ses nouveaux fidèles. Le corps de la créature, loin de l'immaculée perfection néanmoins, était recouvert ci et là de blessures peinant à cicatriser. Elles étaient des symboles, traces de ses erreurs et de ses imprudences mais c'était avec fierté qu'il les dévoilait sans crainte à ses cultistes adorés.

    Le flanc du songe vivant était orné d'une plaie sèche ou son plumage splendide se faisait plutôt rare. C'était la marque de sa funeste rencontre avec une Elémentaire de Lave qui avait refusé de prendre sa main lorsqu'il lui avait offert d'exaucer son rêve. Entre deux côtes résidait également le creux indélébile d'une flèche qui y avait été logée. C'était un Ange et un Démon qui lui étaient venus en aide. Ses paumes étaient percées de stigmates volumineux, vestiges d'un sang offert aux bêtes lors d'un voyage heureux. Pour finir, c'était l'œil de son masque pale qui était recouvert d'une fissure causée par ses propres serres dans un jour sanglant et plus violent qu'aucun autre. La bête avait été blessée, elle qui ne voulait que donner à son nouveau monde, mais c'était sans rancœur qu'elle voyageait toujours le cœur léger.

    Certains fidèles prévoyants étaient munis d'accessoires et ce fut d'abord une brosse puis un linge qui vint laver les plumes tâchées de poussière et de cendres. Le Rêve se laissait faire avec reconnaissance et profitait de l'instant pour donner à ses adorateurs un second cadeau issu de sa magie. Le ciel s'illumina malgré l'absence du soleil et tous levèrent les yeux pour être témoins de la manifestation extraordinaire du pouvoir de leur idole. La lune semblait se recouvrir d'une fine pellicule d'or et sa lumière enchanteresse fut ainsi altérée. Haut dans les nuages, ils vécurent l'illusion collective d'un dragon colossal traversant l'obscurité avant de disparaître dans les tréfonds du vide. Son rugissement éthéré résonna dans l'esprit de chaque témoin et certains laissèrent même des larmes d'enthousiasme leur échapper. Le bec du magicien s'ouvrit grand et de ses deux voix, il leur dit :

    "Rêve et réalité ne font plus qu'un. Avançons ensemble sur les sentiers de la vie."

    Dans un nouvel élan empli de sérénité, les adorateurs du Voyageur scandèrent en cœur ses paroles prophétiques. Certains joignaient leurs mains en signe de prière et d'autres, plus aventureux, offraient à la bête une accolade innocente. Il n'y avait, dans cette église à ciel ouvert, ni codes ni dogmes. Chacun manifestait son amour pour son prochain comme il l'entendait et la foule se divisa en prévision du buffet. Ce n'était pas pour faire une simple apparition que l'engeance onirique était venue à eux en cette nuit merveilleuse mais bel et bien pour une fête qui durerait jusqu'à l'aube. On vint enfin ramasser l'or jeté à la hâte par le bienfaiteur de ce petit peuple oublié de tous et puis les adultes se séparèrent pour préparer la grande table du banquet religieux.

    Rêve poussa un cri puissant et indescriptible. Dans l'obscurité de la forêt voisine, des silhouettes se dessinèrent en perçant le feuillage.
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  • Mar 28 Mar - 14:39
    Le royaume des rêves était loin de n'appartenir qu'aux Hommes. A la lisière des bois apparurent de nouveaux convives et ce fut à quatre pattes ou à tire-d'aile qu'ils se rendirent aux festivités. Les organisateurs ne furent nullement surpris par l'arrivée des bêtes à cette célébration car leur prophète l'avait annoncé et ce fut donc dans l'amour et le respect des êtres qu'ils vinrent dresser des plats pour ces nouveaux-venus. Un cerf s'approcha doucement de l'être légendaire et le salua d'un bref hochement de tête. Rêve sourit intérieurement puis, face à cette délicate attention, il changea prestement de visage pour adopter celui de son vis-à-vis. Le bec devint museau et les plumes se métamorphosèrent en bois et, une fois la tâche accomplie, Rêve offrit à l'habitant de la forêt une révérence respectueuse.

    Le cerf en fut bien satisfait et laissa un enfant jouer avec son pelage tout en s'approchant pas à pas de la grande table où le banquet se préparait. Des étendards de guerre vestiges d'atroces batailles faisaient office de nappes et des armes brisées avaient été recyclées en décorations. Cela symbolisait la renaissance par la mort. La vie retrouvait toujours sa route malgré les obstacles et c'était par les rêves qu'elle ne s'y perdait pas. La bête chimérique déploya ses ailes colossales pour attirer l'attention de ses fidèles et reprit le visage qu'avait dessiné pour lui Halewyn. Ses deux voix s'élevèrent à nouveau avec douceur :

    "Mon créateur et mes sœurs siègeront à nos côtés, mes amis."

    Les mots de la chimère furent traités comme des ordres. Aucun des démons n'avait été personnellement convié à cette occasion secrète mais Rêve, cependant, ne s'était pas privé d'enseigner à ces gens ce que représentaient ses confrères. Avec fierté, certains des villageois amenèrent à la table des statuettes réalisées avec soin par des artistes locaux. L'une d'elle représentait une multitude de mains empoignant une épée. La seconde, une figure angélique aux ailes de chauve-souris que des hommes sans visage semblaient vouloir s'arracher. La dernière était une silhouette à la chevelure enflammée et surmontée par une sphère. Les objets furent posés sur la table et certains leur adressèrent de furtives prières. Satisfaite, l'engeance onirique qui était désormais accompagnée d'écureuils, de lièvres et d'oiseaux chantant ses louanges, choisit de s'approcher. Elle vint joindre ses mains en prévision d'une annonce et, aussitôt, les quelques villageois encore debout s'empressèrent de finaliser la mise en place des éléments manquants avant de prendre place. Un silence d'église s'installa dans l'assemblée et la créature enfin prononça quelques mots :

    "De vos songes je suis né et vos rêves j'exaucerai pour vous en remercier. Ne rejetez ni vos fantaisies, ni vos désirs. Savourez et reconnaissez votre propre violence car elle fait partie de vous. Festoyez, enfants de l'espoir."

    Sifflements, rires et cris conclurent le discours de l'entité majestueuse. A la lueur des lanternes rassurantes et chaleureuses, les villageois et les animaux entreprirent alors de partager ce repas fameux dont ils avaient rêvé depuis de longues semaines. Le Voyageur adressa de longs regards aux sculptures représentant ses semblables et fut tout bonnement envouté par la beauté de ces dernières. Jetant un dernier coup d'oeil à l'assemblée, la créature quitta ensuite le sol sans un bruit, flotta à plusieurs mètres au dessus du sol et s'éclipsa un moment car, au sommet d'une colline, quelqu'un  qui ne s'était pas joint aux festivités avait attiré son attention.
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  • Sam 22 Juil - 4:53
    Comme perchée au bord du Monde, une figure mystérieuse faisait face au vide. A deux doigts de chuter dans l'immense ravin qui dessinait la fin du plateau sur lequel avait été installé le village isolé se trouvait la silhouette encapuchonnée qui ne s'était pas laissée prendre par la chaude accolade d'une fête amplement méritée par son peuple à l'histoire si macabre. La longue cape de l'Ancien, puisque tel était son grade, s'agitait doucement au gré de vents impétueux. Ce dernier semblait parfois manquer de chuter, porté par un courant trop puissant pour son corps amoindri par des années trop courtes pour être pleinement vécues mais il tenait bon malgré la menace de cette descente mortelle. Il savourait ce danger car c'était aujourd'hui tout ce qui le raccrochait à la réalité de son univers.

    Vint alors le grand perturbateur, auteur sinon symptôme de tous les maux. Faisant à l'univers l'affront de ne se laisser dicter aucune loi, le monstre flamboyant qui s'était enraciné si profondément dans le cœur de ses pairs flotta doucement pour venir se poser, une patte griffue après l'autre, aux côtés du pauvre homme qui ne souhaitait que vivre. Le vieillard soupira silencieusement face à cette intrusion malvenue mais ne pipa mot malgré l'inconfort. Le Rêve, posté à ses côtés, le scrutait quant à lui de ses iris lumineux. Il n'obtint pour réponse face à cette subtile injure qu'un vague sourire ironique qui ne fut suivie d'aucune courtoisie. Etrangement, ce fut le Prince lui-même qui prit la parole le premier :

    "Ne souhaitez-vous pas profiter de la fête, cher rêveur ?"

    "Ne m'appelez pas comme ça, je ne suis pas des vôtres."

    L'immense volatile le jaugea un court instant puis tendit lentement vers les rires et les chants un index pointu. De ses deux voix que tout opposait, il reprit alors d'un ton qui se voulait bienveillant mais qui, aux oreilles de l'Ancien, sonnait comme la plus vile des injures :

    "Mais n'êtes-vous pas des leurs ?"

    Le vieil homme épuisé ne répondit pas immédiatement à la question détournée que posait la créature fantasmée. Il était trop âgé et bien trop habile pour se laisser troubler par les dires de cette fourbe entité mais choisissait tout de même avec soin les mots qu'il employait lorsqu'il était en présence de cet invité indésirable. Après une longue inspiration, il exprima enfin sa colère tout en s'assurant de conserver sur elle une maîtrise de circonstances :

    "Ils sont mon peuple. Vous n'êtes en revanche qu'un mirage qui se prétend oasis. Je ne me prêterai pas à votre jeu pervers. S'ils veulent tomber sous votre joug, qu'ils le fassent sans ma bénédiction. En ont-ils seulement besoin ?"

    Si l'Ancien luttait contre lui-même pour ne pas faire à la créature l'honneur du moindre regard, Rêve quant à lui observait toujours son interlocuteur avec une insistance toute particulière. Peut-être nourrissait-il une simple superstition, mais le vieil homme avait la ferme conviction qu'accorder à l'immonde une simple goutte d'eau revenait à lui céder l'océan tout entier. Avoir accepté de répondre à ses questions piégeuses constituait déjà un pas avant qu'il eut souhaité ne jamais avoir à faire. Malgré son indiscutable sagesse, il n'était après tout qu'un homme et cédait donc parfois à des instincts des plus primaires.

    "Penses-tu qu'ils sont idiots de m'offrir ainsi leur amour ?"

    Cette fois-ci, l'homme ricana. Secouant la tête en signe de désapprobation, il rétorqua alors :

    "Est-ce de la bêtise que de vouloir croire en l'espoir d'un lendemain meilleur ? Non, ils ne sont pas idiots."

    "Pourquoi me haïr, alors ?"

    L'oeil bleuté et vif du vieil homme se tourna enfin vers le faciès fantasmagorique de la bête immense. Malgré tous ses efforts, il n'avait pas su se montrer inflexibles face aux attaques portées par l'infect rejeton du Néant. Pestant intérieurement contre lui-même, il tourna les talons et s'écarta du vide tout en s'aidant d'une canne qu'il avait jusqu'à présent dissimulé sous son épais vêtement.

    "Parmi tous vos déguisements, celui-ci est bel et bien le plus grossier. Vous prétendez incarner l'espoir, désormais ? Souhaitez-vous travestir chacune des choses que vous ne pouvez comprendre ?"

    Il tourna la tête et fut surpris de découvrir que l'oiseau gigantesque se trouvait désormais face à lui. Avec un dégout qu'il ne prenait pas la peine de dissimuler le moins du monde, il plongea finalement son regard empli de rancœur dans celui du monstre qui lui faisait face. S'infliger le spectacle de la laideur de ce maudit oiseau était pour lui une véritable torture. Malgré le manteau de plumes étincelantes, l'Ancien avait l'impression de pouvoir humer les remugles d'une pourriture qui croquait jusqu'aux os cette affreuse entité.

    "Vous n'êtes pas l'espoir, pas plus d'ailleurs que le rêve. Je sais pertinemment ce que vous êtes et vous le savez tout aussi bien que moi. Corrompre le cœur de nos enfants ne suffit donc pas à satisfaire votre gloutonnerie ? Vous faut-il également l'âme d'un pauvre vieillard ?"

    Il bifurqua, longeant le ravin pour s'éloigner de l'atrocité qui se dressait devant lui afin de s'accorder un infime répit. Comme à chaque fois, il avait la ferme sensation que ces conversations avec le Démon le tuaient à petit feu.
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  • Dim 23 Juil - 20:09
    "Et que suis-je alors ?"

    L'Ancien continua de marcher, boitant légèrement mais tâchant toutefois de se tenir avec une certaine droiture, par fierté principalement. Il ne l'admettait pas lui-même, mais il craignait toujours de faire preuve d'une quelconque faiblesse lorsqu'il se trouvait en présence de l'ignoble. Etait-ce par superstition ou par véritable sagesse ? Peut-être un peu des deux. Les deux êtres que tout opposait parcoururent quelques mètres ensemble et bien vite, le son des festivités fut étouffé par celui du vent puissant qui engloutissait par vagues le plateau isolé. Enfin, le vieillard répondit avec une cruelle fermeté :

    "Un démon, voilà ce que vous êtes. S'il y a une seule chose que vous savez faire, c'est amadouer pour mieux détruire. Avec moi, sachez que vous perdez votre temps, car je n'ai aucunement l'intention de vous en laisser l'opportunité."

    La bête flottante, indifférente aux puissantes bourrasques, se balança d'un majestueux coup d'ailes jusqu'à l'autre flanc de son interlocuteur. Le simple fait de la voir ainsi léviter à ses côtés était suffisant pour déclencher chez le pauvre homme une nausée grimpante. Tout autour d'elle, la bête immonde distordait jusqu'au fil de la réalité selon ses désirs blasphématoires. Le simple fait de savoir qu'elle foulait la même Terre qu'eux était en soi insupportable. Comment son peuple avait-il pu tant offrir à une atrocité telle que lui ? Comment pouvaient-ils se montrer si aveugles face à l'évidence ? Il ne se l'expliquait que difficilement. A nouveau, les deux voix se firent entendre dans un murmure éthéré :

    "Sœur Violence est destruction. J'incarne quant à moi les créations de l'esprit, l'imaginaire et par extension : la volonté de dépassement propre à votre espèce. Qu'ai-je détruit, selon toi ? Qu'ai-je apporté à ton peuple, si ce n'est la joie d'être aimé et de pouvoir aimer en retour ?"

    L'Ancien rétorqua par un ricanement sifflant qui se mua rapidement en une toux aussi rauque qu'inquiétante. Légèrement penché en avant, il tapota de son poing son torse endolori. La bête flottante, en silence, le fixait toujours de ses grands yeux dans lesquels semblaient désormais couler de l'encre dorée. Indécise jusque dans sa forme, elle venait revêtir un nouveau manteau de plumage rappelant les reflets contrastés d'un diamant taillé. Ce tour de passe-passe inconscient n'impressionna pas le vieux sage, qui rétorqua enfin :

    "De vos plumes jusqu'à votre bec, tout en vous n'est que mensonge. Qu'avez-vous apporté, me demandez-vous ? Rien, justement. Rien d'autre que des promesses en l'air, des hallucinations et des fantaisies dénuées de vraie saveur. Mon peuple ne se nourrit ni de rêves ni d'aspirations, il est fait de chair et de sang. Si vous tenez tant que cela à nous venir en aide, alors partez d'ici et ne revenez plus jamais. Vous n'êtes qu'un poison."

    De nouveau dangereusement proche du ravin, l'homme fit cette fois face au monstre. Ancrant solidement sa canne dans le sol, il se posta face à lui. Dans ses yeux bleu nuit, il n'y avait que de la haine. Un courant puissant se manifesta et lorsque ce dernier menaça de pousser dans le vide le défiant individu, ce fut son vis-à-vis qui le protégea en déployant subitement son énorme paire d'ailes, parant ainsi la bourrasque avec aisance. Trop obnubilé par sa rage aveugle pour se montrer reconnaissant, l'Ancien s'attaqua à nouveau la créature mystérieuse :

    "Et ne me parlez pas de cette victuaille dont vous arrosez les miens avec tant d'abondance. Vous ne voyez mes enfants que comme les loups qui vous accompagnent. Vos cadeaux ne sont que la pitance qu'apporte le berger à ses chiens. Cette nourriture, d'où vient t-elle ? Ce vin dont s'abreuvent mes fils, à qui appartient-il ? Ces bijoux merveilleux, qui donc les portaient, avant que vous ne les offriez à nos femmes ?"

    Le Rêve resta muet, mains jointes et ailes tendues. Ainsi présenté comme une angélique figure malgré sa nature si obscure, il paraissait pourtant avoir été piqué dans son égo et sembla peiner à trouver ses mots.

    "Qu'est-ce que la propriété ? Rien en ce monde n'appartient à qui que ce soit. Ces rêveurs ne sont pas tes enfants."

    "Vous ne me répondez pas, parce qu'il vous est impossible d'admettre l'évidence. Vous n'êtes pas un Dieu, vous n'êtes pas un Titan. Vous n'avez rien créé. Tous vos cadeaux ont été volés à d'autres honnêtes gens et vous les avez porté jusqu'ici pour obtenir un amour que vous ne méritez guère. Vous êtes lâche, fourbe, menteur. Savez-vous ce qui vous différencie de cette Soeur Violence dont vous nous contez les abjects agissements avec ferveur, de cette catin sauvage dont s'est amouraché un ange imbécile, ou encore de cette ignoble succube que vous appelez parent, là où elle n'a fait que vous extraire par mégarde des limbes dans lesquels vous auriez dû rester éternellement emprisonné ?"

    La mâchoire serrée et les yeux plissés, l'Ancien conclut en crachant sa méchanceté tandis que ses iris bleutés adoptaient lentement des nuances pourpres et violettes. Sa voix, curieusement, se transforma également en s'assombrissant légèrement :

    "L'honnêteté. Ces monstres qui constituent votre effroyable fratrie savent ce qu'ils sont et l'admettent. Sachez-le, vous ne valez pas mieux qu'eux."
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  • Dim 23 Juil - 22:56
    Le monstre ancestral atterrit enfin et lorsque son corps énorme toucha le sol, on eut dit que le monde venait tout juste de retrouver une emprise sur son enveloppe fantasmagorique. Ses ailes tombèrent lentement sur le côté à la façon d'un immense drapée qu'il vint ensuite replier sur lui-même, s'habillant ainsi d'une cape de plumes cristallines qui, peu à peu, se teintèrent à nouveau de cette infinie noirceur dont il avait l'habitude de s'envelopper dans ses instants de colère. Du manteau de nuit s'écoulait une fine brume, rendant imprécise les contours du Marchand de Sable dont l'épaisse carapace avait été brisée par la dureté des mots.

    "Lorsqu'un Homme rêve d'une âme-sœur qu'il a perdu au combat, son amour et sa tristesse sont-ils illusoires ? Lorsqu'on conquérant rêve de son futur empire et qu'il se nourrit de cet espoir pour partir en guerre en faisant fi de la peur qui l'envahit, son courage est-il factice ? Ce Monde a créé le mien car il en avait besoin. Je suis la clé du salut de l'Humanité, m'entends-tu ? Je suis ce qui complète votre univers. Je suis le début et la fin. Je suis absolu, éternel et divin. M'entends-tu ?"

    Les voix de la créature se multipliaient à chacun de ses mots, transformant son discours en un cri cacophonique venu du fond de son cœur meurtri par l'arrogance et la colère. Tout en vociférant, il s'avançait d'un pas menaçant vers le vieillard que la peur poussait lentement jusqu'au vide et à la mort inexorable qui s'y trouvait. Ailes tendues et griffes en avant, le Rêve devenu Cauchemar se montrait plus menaçant qu'il ne l'avait jamais été depuis son apparition sur les terres désolées de ce monde en ruines. Son bec se tordit et se déforma, dévoilant doucement une gueule ignoble dans laquelle s'agitait furieusement une foule de tentacules luminescents. L'Ancien était devenu si extraordinairement pale qu'il parut à son tour aussi irréel que le Démon dont il s'était attiré les foudres. Derrière le vacarme électrique des pouvoirs impies de la bête, il parvint tout de même à crier d'une voix devenue dissonante et surréaliste :

    "Alors pourquoi vouloir me convaincre de ta force, moi qui ne suis rien face à ta toute-puissance ?"

    Rêve se figea de façon surnaturelle. Tout en lui cessa de se mouvoir, comme s'il avait été changé en une atroce sculpture plus vraie que nature en un battement de cils. Puis, d'un seul coup, il se recroquevilla sur lui-même et retrouva sa noble stature en une poignée de secondes. Il jeta un regard absent à l'immensité qui s'offrait à ses yeux, enroulé dans sa cape de plumes qui ressemblait à s'y méprendre au long vêtement que portait son vis-à-vis. Ce n'était pas un hasard.

    "Je ne sais pas."

    Rêve claqua des doigts.

    A cet instant, l'Ancien baissa doucement la tête, ferma les yeux puis disparut sans le moindre mot, se fragmentant en une volée de papillons violacés qui s'éteignirent bien vite dans les ténèbres. Plus d'injure ni de rage. Le silence retomba subitement et l'entité onirique, désormais bien seule face au vide, contempla l'horizon avec mélancolie. Il entendit, quelques minutes plus tard, le bruit régulier et rythmé des sabots d'un ami. Le prince pivota et découvrit sans surprise les grands yeux luisants d'un cerf qui l'avait accompagné pour l'occasion. Par l'esprit, l'animal lui demanda :

    "A qui parlais-tu ?"

    Rêve hésita un moment puis prit son envol pour se diriger doucement vers la fête qui battait encore son plein. Lorsqu'il dépassa le flanc du curieux, il gratifia ce dernier d'une affectueuse caresse avant de lui répondre enfin après un long silence :

    "A moi-même. Je... réfléchissais."

    A leur retour au village, ils furent accueillis en véritables rois dans un torrent d'applaudissements. On accorda à Rêve une énième couronne de perce-neige et on vint décorer les bois de son ami d'œillets rouges. Les joyeuses célébrations ne trouvèrent leur terme qu'au petit matin.
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